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Arianespace, Baikonour, Dimitri Rogozine, One web, Roscosmos, Soyouz, Starsem, Ukraine
Pierre-François Mouriaux
Chaque fin de semaine, une image qui a fait l’actualité ou retenu notre attention. Le 2 mars, alors que le lanceur dédié à l’envoi du treizième lot de satellites OneWeb était érigé sur son pas de tir au Kazakhstan, la Russie a lancé un ultimatum inattendu.
Malgré les sanctions internationales décidées depuis l’invasion de l’Ukraine et les contre-sanctions engagées par la Russie, notamment dans le domaine spatial, les préparatifs du déploiement du treizième lot de satellites de la constellation indo-britannique OneWeb pour l’Internet global se déroulaient normalement, depuis la livraison des 36 satellites, le 16 février, sur le cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan : la fin de l’assemblage du lanceur Soyouz s’était achevée le 28 février, les charges utiles se trouvant alors installées dans leur dispenseur et remplies d’ergols, et le transfert vers le pas de tir avait été effectué le 2 mars.
Un incroyable ultimatum de 48 heures
Mais, à peine terminée l’érection du Soyouz (que l’on aperçoit ici dans le brouillard, la coiffe recouverte d’une couverture isolante), Dmitri Rogozine, le directeur général de l’agence d’Etat Roscosmos lançait-il cet ultimatum surréaliste : le lancement n’aurait pas lieu si, sous 48 heures, la Russie n’obtenait pas la garantie que les satellites OneWeb n’ont aucune application militaire, et si le Royaume-Uni ne se retirait pas du capital de OneWeb, où il représente aujourd’hui 38 % : pour la première fois de l’histoire, un lancement spatial devenait un moyen de pression géopolitique.
Un chantage inacceptable
« Il n’y a pas de négociation sur OneWeb : le gouvernement britannique ne vendra pas ses parts », a aussitôt répondu Kwasi Kwarteng, le secrétaire d’Etat britannique au commerce.
Devant cette fin de non-recevoir, Roscomos a mis sa menace à exécution : le lanceur est retourné le 4 mars dans son hall d’intégration.
Arianespace qui, par l’intermédiaire de sa filiale Starsem, avait commandité le lancement, a alors confirmé ce qui ressemble à la fin prématurée de l’un de ses plus gros contrats sur Soyouz, dans un communiqué de presse intitulé « Suspension des lancements Soyouz opérés par Arianespace et Starsem », et qui précise : « Concernant le lancement ST38 opéré pour OneWeb depuis Baïkonour, il a été reporté sine die suite aux conditions posées par Roscosmos pour poursuivre les opérations ».