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AFP

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est adressé ce mercredi 23 mars au parlement français, déclarant attendre de la France qu’elle aide l’Ukraine à mettre fin à cette «guerre contre la liberté, l’égalité et la fraternité» et à adhérer à terme à l’Union européenne.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté mercredi devant le Parlement français les entreprises françaises implantées en Russie à cesser de soutenir « la machine de guerre » russe et à quitter ce pays, citant Renault, Auchan et Leroy Merlin.
« Les entreprises françaises doivent quitter le marché russe. Renault, Auchan, Leroy Merlin et autres, ils doivent cesser d’être les sponsors de la machine de guerre de la Russie » en Ukraine, a-t-il déclaré dans une allocution retransmise en visioconférence devant les députés et sénateurs français.
« Ils doivent arrêter de financer le meurtre d’enfants et de femmes, le viol », a-t-il martelé. « Tout le monde va se rappeler que les valeurs valent plus que les bénéfices », a-t-il averti.
L’enseigne de bricolage Leroy Merlin, très implantée en Russie, son deuxième marché derrière la France, revendique 36.000 salariés dans ce pays, qui opèrent dans 107 hypermarchés et 62 villes.
Des salariés de la branche ukrainienne de Leroy Merlin ont demandé lundi à l’enseigne de cesser ses activités en Russie après le bombardement d’un magasin du groupe à Kiev.
La chaîne de magasins Auchan est également emblématique de la grande distribution en Russie, où elle exploite 231 magasins pour un chiffre d’affaires de 3,2 milliards d’euros, soit plus de 10% de son activité globale.
D’autres enseignes internationales emblématiques comme le suédois Ikea et la chaîne de restauration rapide McDonald’s ont en revanche suspendu leurs opérations en Russie en réaction à l’invasion de l’Ukraine.
La Russie est aussi le deuxième marché du groupe automobile Renault dans le monde derrière l’Europe. Le fabricant français est présent via le groupe AvtoVAZ, qui a stoppé une partie de sa production à la mi-mars en raison d’une pénurie de composants liée aux sanctions occidentales infligées à la Russie.
Renault est d’autant plus exposé qu’il est associé en Russie avec le conglomérat public russe Rostec, dirigé par Sergueï Tchémézov, un allié de Vladimir Poutine.
Le groupe français TotalEnergies, également critiqué pour son maintien en Russie, a quelque peu pris ses distances mardi avec ce pays stratégique en annonçant renoncer à tout achat de pétrole ou produits pétroliers russes, au plus tard à la fin de l’année.
Introduit par un hommage du président du Sénat Gérard Larcher, le président ukrainien a commencé par inviter les parlementaires à observer une minute de silence, en hommage aux civils tués de Marioupol. La décrivant comme «une ville paisible du sud de l’Ukraine prise dans un siège brutal comme au Moyen-Âge», il a rappelé les différents bombardements de l’hôpital psychiatrique et de la maternité. Volodymyr Zelensky a ensuite fait référence à l’histoire, par une comparaison entre Marioupol et les «ruines de Verdun» : «Les Russes détruisent tout, brûlent tout. Ils ont apporté la terreur sur le sol ukrainien.»
Le chef d’État ukrainien a félicité Emmanuel Macron, et loué la devise «liberté, égalité, fraternité», dont il considère qu’elle assoit le leadership français. «Vous pouvez faire en sorte que la Russie cherche la paix face à une guerre contre la fraternité, la liberté, l’égalité, tout ce qui a rendu une Europe unie», a-t-il poursuivi. «Nous attendons de la France, de votre leadership (…), que vous aidiez à restaurer l’intégrité territoriale de l’Ukraine», a-t-il affirmé.
«L’Europe, depuis 80 ans, n’a pas vu ce qui se passe en Ukraine», a également déploré le président ukrainien, avant de rappeler la participation de la France, aux côtés de la Russie, de l’Ukraine et de l’Allemagne, au format Normandie, censé mettre en œuvre les accords de Minsk dans les enclaves séparatistes du Donbass. Ces négociations ont été «une bouffée d’air frais» et une «lueur d’espoir», a-t-il dit. «Mais le 24 février», jour de l’invasion russe, a «barré tous ces efforts» et le «concept même du mot dialogue» entre Union européenne et la Russie, a-t-il déploré.