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Question: Vous le savez, la Serbie n’a pas adhéré aux sanctions. Seriez-vous surpris si les pays des Balkans, qui jusqu’à récemment avaient de bonnes relations avec la Russie, rejoignaient les sanctions contre la Russie? Quel est votre pronostic concernant la normalisation des relations par la suite avec ces pays des Balkans?

Sergueï Lavrov: Nous assistons à une pression sans précédent dans le cadre de la campagne « générale » que certains politiciens occidentaux qualifient de « guerre totale » contre la Russie où tous les moyens sont bons. Cela a commencé bien avant.

Ces dix dernières années, l’UE dans le cadre de ses relations avec les pays qui désirent rejoindre cette communauté commence à exiger d’eux (les Serbes le savent bien) d’adhérer à toutes les initiatives en politiques étrangères, qui deviennent ces derniers temps de plus en plus antirusses. Cela n’a plus rien à voir avec l’espace économique commune, avec l’introduction des normes de la primauté du droit et ainsi de suite. Il existe uniquement une approche idéologique visant à maintenir la pression sur la Russie pour réprimer son autonomie sur la scène internationale et la soumettre aux « valeurs » que l’Europe impose depuis assez longtemps malgré ses racines chrétiennes.

Je rappelle que pendant la mise au point de la constitution de l’UE (qui n’a pas été adoptée, à sa place a été adopté le traité de Lisbonne), sa première version commençait par des mots sur les racines chrétiennes de l’Europe. Les puissances européennes ont refusé de soutenir ce constat soulignant leurs propres origines et traditions religieuses. Ils ne peuvent pas prétendre qu’ils respecteront les traditions d’autres religions.

Nous voyons la pression exercée sur les pays des Balkans, sur la Serbie pour rejoindre les sanctions contre la Russie qui portent sur pratiquement tous les secteurs de l’activité économique, culturelle, sociale, politique et autres. Le Président serbe Aleksandar Vucic en a parlé en détail plusieurs fois publiquement, soulignant que la Serbie serait guidée par ses propres intérêts. Il existe plusieurs de tels pays dans l’UE. À noter le récent discours du Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui a déclaré que la Hongrie défendrait les intérêts hongrois.

Cette bureaucratie multinationale qui se reproduit elle-même et se trouve à Bruxelles cherche à assujettir tous les pays sans exception, à concentrer toutes les actions pour établir les normes au siège de l’UE et priver les pays membres d’un maximum d’actions autonomes. Cette ligne est préjudiciable. Elle montre une fois de plus qu’au fond l’UE a tendance à renforcer l’autocratie en la personne de Bruxelles par rapport à tous les autres pays membres.

Le Monténégro et la Macédoine du Nord ont été impliqués dans la guerre des sanctions. Ils ont été attirés par les promesses d’un rapprochement rapide avec l’UE. Cela n’est pas arrivé, ils ont été intégrés à l’Otan, impliqués dans des actions et campagnes antirusses. Ensuite, on les a « tapé sur l’épaule » en disant: c’est bien, les gars, continuez comme ça. C’est un sérieux problème. La réputation de l’UE et les véritables objectifs de sa politique dans les Balkans sont en jeu. Selon mes observations, les États-Unis ont laissé les Balkans à la merci de l’UE. La ligne antirusse agressive menée par l’UE leur convient parfaitement.

Souvenez-vous de la déclaration de Federica Mogherini, qui a été succédée par Josep Borrell, qui avait accusé la Russie d’activité excessive dans les Balkans, déclarant que l’UE avait commencé à travailler dans les Balkans, et donc les autres n’y avaient pas leur place. Son successeur Josep Borrell promeut des idées similaires en appelant à empêcher le renforcement des relations entre la Russie et les pays où l’UE se considère comme « maître de la situation ».

Nous voyons la tentative des États-Unis, de l’UE et de l’Otan d’imposer leur hégémonie non seulement dans les Balkans, mais également dans d’autres régions du monde, pratiquement partout. Je suis convaincu que la plupart des pays comprennent que cette voie mène tout le monde dans une impasse. Il faudra en chercher une issue. Peu de pays sur le continent européen peuvent s’estimer souverains et autonomes. Ceux qui, au profit de leurs intérêts nationaux, refusent de rejoindre les sanctions dans l’intérêt d’autres États ont le droit de s’appeler États autonomes, peu importe leur taille.

Source : https://www.mid.ru/fr/foreign_policy/news/1806841/