
Par Louis Hausalter
our son unique meeting avant le premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron a voulu montrer un visage à rebours de ses petites phrases et de son programme qui penche à droite. Comme s’il cherchait à retrouver sa virginité politique de 2017.
Débauche de moyens pour la France qui va bien. Pour l’unique meeting d’Emmanuel Macron avant le premier tour, son équipe de campagne était fière de produire un véritable spectacle. Ce samedi 2 avril, le public présent à La Défense Arena, dans les Hauts-de-Seine, était prié de se comporter comme dans un stade. La première partie est assurée par un chauffeur de salle, à grand renfort d’animations : présence d’un DJ, séance de « clapping », jeux de lumière… Et même la ola partant du premier rang, celui des chapeaux à plume de la Macronie, pour laquelle Édouard Philippe ou Richard Ferrand se montrent moins à l’aise que Jean Castex. Au moins, ce choix épargne au public le trop traditionnel tunnel de discours des soutiens. Mais en misant sur la forme plutôt que sur le fond, il a aussi pour effet de dépolitiser l’évènement. Dans la plus pure veine d’Emmanuel Macron.
Le voilà, justement, qui monte sur scène entre les jaillissements de flammes. C’est tout juste s’il ne descend pas de la grue, à la Johnny… Passant de pupitre en pupitre, sortant souvent du texte qui défile sur des prompteurs, le président-candidat a beaucoup de choses à dire.
Du « en même temps » à toutes les sauces
Il défend son bilan, c’est logique. Il énumère ses promesses, c’est technique. Il exalte une France qui regarderait vers l’avenir et l’Europe, c’est lyrique. Mais surtout, Emmanuel Macron renoue avec l’esprit de sa campagne de 2017. C’est un discours fleuve, parfois décousu, aux accents progressistes et optimistes contre les « vies empêchées » et assaisonné plus que jamais à la sauce « en même temps ». Macron se veut à la fois girondin et jacobin. Gaulliste et social-démocrate. Anti-raciste et anti-indigéniste. Contre « le système » mais contre « le politiquement abject ». Il danse sur ses deux jambes, au risque de perdre pied.
Dans son discours, il y en a pour tous les habitants de l’archipel français. Les travailleurs, les chômeurs, les soignants, les enseignants, les agriculteurs, les musulmans, les diasporas, Édouard Philippe, Jean Castex, Brigitte Macron… C’est aussi l’occasion d’un rééquilibrage, en tout cas dans le ton. Les médias ont surtout retenu de son programme la retraite à 65 ans ou le conditionnement du RSA à une activité. Alors il concède au monde de la santé qu’il n’en a peut-être pas fait assez, rend hommage aux profs, promet que la France sera « la première grande nation à sortir des énergies fossiles », et multiplie les clins d’œil à la gauche.
Il pique à François Mitterrand « la force tranquille » et « la France unie », et va jusqu’à cambrioler un slogan d’Olivier Besancenot : « Leurs vies valent plus que tous les profits. » Dans la salle, un conseiller se marre : « On prépare le second tour ! ». Une référence à la montée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages.
Mais on ne se refait pas : Emmanuel Macron met avant tout en scène son duel avec Marine Le Pen. Il cible « le grand rabougrissement », « le danger extrémiste » et « la haine ». Il y oppose « le choix d’une nouvelle époque pour la France et pour l’Europe ». Là encore, les deux en même temps.
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