Étiquettes

, , , , ,

L’économiste en chef du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas (G), et la cheffe de division adjointe du FMI, Petya Koeva Brooks (D), présentant les Perspectives de l’économie mondiale au Fonds monétaire international lors des réunions de printemps 2022 du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale (GBM) à Washington, le 19 avril 2022. [EPA-EFE/Cory Hancock / IMF Photo HANDOUT HANDOUT EDITORIAL USE ONLY/NO SALES]

Les mois passent et les inquiétudes quant à un ralentissement économique en zone euro en raison de la guerre à ses portes se confirment : le Fonds monétaire international en a évalué mardi (19 avril) le coût à plus d’un point de PIB cette année.

Le FMI s’attend désormais à 2,8% de croissance au sein des pays de la zone euro, un sérieux ralentissement comparé aux 3,9% anticipés lors de ses précédentes prévisions en janvier et des 4,3% encore espérés lors de celles d’octobre.

« Il s’agit d’une des révisions à la baisse les plus importantes de nos anticipations », a affirmé mardi le nouvel économiste en chef du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, à l’occasion de la publication des prévisions économiques de printemps intitulées « La guerre fait reculer la reprise mondiale ».

« C’est une croissance raisonnable même si elle a été révisée en baisse », a-t-il déclaré à l’AFP à Washington tout en soulignant l’hétérogénéité entre les pays selon le niveau de dépendance aux importations de produits d’énergie d’origine russe.

« Les principaux canaux par lesquels la guerre en Ukraine et les sanctions économiques imposées à la Russie affectent l’économie de la zone euro sont la hausse mondiale des prix de l’énergie et la sécurité énergétique », a expliqué le FMI dans son rapport.

Le mois dernier, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) avait déjà dressé un constat proche, estimant que la croissance de la zone serait amputée d’environ 1,4 point et que l’inflation y augmenterait de 2,5 points sur un an si les effets de la guerre s’avéraient durables.

Inflation record

Près de deux mois après le début du conflit, la guerre en Ukraine maintient une pression élevée sur les prix: le pétrole demeure au-dessus de 100 dollars par baril après avoir tutoyé ses plus hauts historiques en mars, un mois au cours duquel le gaz, le blé, l’aluminium, le nickel et d’autres matières premières ont flambé à des records, menant l’inflation européenne au niveau inédit de 7,5%.

Tous les États ne souffriront pas de la même manière face au choc économique de la guerre, prévient toutefois le FMI mardi. Ceux disposant d’ « un secteur manufacturier relativement important et d’une plus grande dépendance à l’énergie russe » subiront les effets les plus lourds, Italie et Allemagne en tête, à qui Moscou livre beaucoup de gaz.

Déjà fragilisée par les perturbations des chaînes de production mondiales dans le sillage de la crise sanitaire en 2021, l’Allemagne voit sa prévision de croissance pour 2022 rabaissée à 2,1% par le FMI, un plongeon de 1,7 point comparé à ses prévisions de janvier. L’Italie est attendue à 2,3% de croissance, une dégringolade de 1,5 point.

Le FMI prévoit toutefois, en 2023, un léger mieux pour l’Allemagne avec 2,7% (+0,2 point) mais du moins bon pour l’Italie à 1,7% (-0,5 point) et pour la zone euro dans son ensemble à 2,3% (-0,2 point).

La France va elle aussi subir l’effet de souffle de la guerre avec un PIB en hausse de 2,9% cette année, soit 0,6 point de moins que lors des prévisions de janvier, et 1,4% en 2023 (-0,4 point).

Les effets de la guerre sur l’économie européenne pourraient même s’aggraver, estime Pierre-Olivier Gourinchas, par exemple si les sanctions économiques occidentales devaient se durcir encore contre Moscou.

« Il y aurait alors une réduction plus forte encore de l’activité économique en zone euro, de l’ordre de 3% d’ici à la fin 2023 », affirme-t-il.

« L’autre risque vient du ralentissement de la consommation et de la confiance des ménages, et celle des entreprises en particulier en Allemagne où il y a une certaine nervosité », a-t-il souligné auprès de l’AFP.

Cela pourrait mettre « la Banque centrale européenne dans une situation assez difficile car on aurait un ralentissement de la croissance beaucoup plus fort en zone euro qu’aux États-Unis ou au Royaume-Uni avec une inflation qui n’est pas négligeable », a-t-il ajouté.

Sur une note plus positive, l’économiste a souligné que les pays de la zone euro disposaient de « réserves budgétaires pouvant être déployées si l’activité venait à ralentir, au-delà des soutiens aux ménages à revenus faibles qui sont directement affectés par l’augmentation des prix ».

EurActive avec FP