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Guerre en Ukraine, ligne rouge, pétrole russe, Union Européenne, Ursula von der Leyen, Viktor Orban
Le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban a jugé vendredi que Bruxelles avait franchi « une ligne rouge » en voulant interdire les importations de pétrole russe et « porté atteinte » à l’unité européenne affichée depuis le début de la guerre en Ukraine.
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« La présidente de la Commission », Ursula von der Leyen, « a volontairement ou non attaqué l’unité européenne », a-t-il déclaré dans une interview à la radio.
« J’ai dit oui aux cinq premiers paquets de sanctions, mais nous avons clairement signifié dès le début qu’il y avait une ligne rouge: l’embargo sur l’énergie. Ils ont franchi cette ligne (…), il y a un moment où il faut dire stop », a-t-il ajouté.
La Hongrie avait déjà dit mercredi son opposition au projet d’embargo « dans sa forme actuelle », et M. Orban, proche avant l’invasion du président russe Vladimir Poutine, enfonce le clou.
« Il faut une décision unanime, tant que la question hongroise ne sera pas résolue, il n’y aura pas de oui de la Hongrie », a-t-il insisté, sans vouloir utiliser le mot de « veto ».
« La proposition a été renvoyée à l’expéditeur, à Madame la Présidente pour qu’elle la retravaille, nous attendons une nouvelle proposition », a ajouté le dirigeant.
L’unanimité des 27 est impérative pour l’adoption de sanctions par l’UE. Elle a été obtenue pour les cinq précédentes séries de sanctions.
La Commission préconise dans son 6e paquet de sanctions « une interdiction de tout le pétrole russe, brut et raffiné, transporté par mer et par oléoduc » pour fin 2022.
Selon Viktor Orban, les Européens avaient acté « le droit souverain de chaque pays sur son mix énergétique », la Hongrie étant dépendante à 65% du pétrole russe.
Un embargo « équivaudrait à une bombe nucléaire larguée sur l’économie hongroise », a lancé vendredi le Premier ministre, habitué aux bras de fer avec ses partenaires européens depuis douze ans.
La dérogation prévue pour son pays jusqu’à fin 2023 par la Commission n’est à ses yeux nullement satisfaisante, « la transformation totale du système hongrois de transport et d’approvisionnement en énergie » nécessitant « cinq ans » et s’avérant très coûteuse à mettre en oeuvre.
« Nous n’irons nulle part avec une exemption d’un an et demi », a-t-il tranché, précisant que Budapest accepeterait la proposition si le pétrole brut livré par pipelines était exclu du train de mesures.
M. Orban a également protesté contre l’inclusion dans le train de sanctions du chef de l’Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill, soutien affiché à l’offensive. « Nous ne permettrons pas aux dirigeants d’églises d’être mis sur une liste de sanctions », a-t-il dit.