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Le ministre Damien Abad, chargé des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées Photo : Getty Images / LUDOVIC MARIN

Agence France-Presse

Tout juste formé et déjà sous pression : le gouvernement français s’en est remis à la justice lundi pour « trancher » le cas d’un ministre accusé de viols, une affaire embarrassante pour le président Emmanuel Macron qui a promis la « tolérance zéro » en matière de violences faites aux femmes.

Le ministre Damien Abad, chargé des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, est accusé par deux femmes de viols en 2010 et 2011, des allégations qu’il récuse.

Je n’ai jamais violé une seule femme de ma vie, a-t-il déclaré lundi soir à la presse, disant contester ces accusations d’agressions sexuelles avec une grande fermeté.

Le ministre, lui-même handicapé, a encore écarté toute idée de démission. Un homme innocent doit-il démissionner? Je ne crois pas.

M. Abad est un transfuge de l’opposition de droite. Il était jusqu’à la semaine dernière le responsable des députés du parti Les Républicains à l’Assemblée nationale avant de démissionner et faire son entrée au gouvernement.

Deux plaintes pour viol ont déjà été classées, mais la justice dit analyser un nouveau signalement.

Interrogée à l’issue d’une réunion du gouvernement lundi matin, la nouvelle porte-parole, Olivia Grégoire, a fait valoir la politique de tolérance zéro pour les délinquants sexuels du président Macron, mais laissé à la justice le soin de trancher cette affaire, malgré des appels à la démission venant de l’opposition de gauche.

Le gouvernement est aux côtés de celles qui, suite à une agression ou un harcèlement, ont l’immense courage de parler, a-t-elle indiqué.

Mais la ligne du président est qu’il revient à la justice d’établir la vérité et la justice est la seule à devoir et à pouvoir trancher, a ajouté la porte-parole.

Cette affaire éclabousse un exécutif nommé vendredi et qui doit se mettre en ordre de marche en vue des élections législatives des 12 et 19 juin.

Les accusations de violences et agressions sexuelles visant des personnalités politiques en France ont gagné en médiatisation ces dernières années. Et des personnalités de premier plan ont été contraintes de se retirer de la vie publique.

La nouvelle première ministre Élisabeth Borne, qui s’est entretenue avec M. Abad dimanche soir selon la porte-parole, a déclaré n’avoir appris ces allégations que samedi dans un article du média en ligne Mediapart, qui a révélé l’affaire.

Le gouvernement entre en action près d’un mois après la réélection du chef de l’État le 24 avril et à moins de trois semaines des législatives où M. Macron espère voir son parti Renaissance et ses alliés centristes rafler la majorité absolue dans la nouvelle Assemblée.

Selon un sondage publié lundi, la majorité présidentielle et une alliance de partis de gauche sous la houlette du leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon se trouvent au coude à coude devant le parti d’extrême droite RN, obtenant respectivement 28 %, 27 % et 21 % des intentions de vote au premier tour.