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Agence France-Presse
Une contre-offensive a été déclenchée dans le sud de l’Ukraine par les forces de Kiev qui ont fait état de succès ponctuels, tandis que l’armée russe a affirmé leur avoir infligé de « lourdes pertes ».
Dans le même temps, une mission de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) était attendue pour sécuriser la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, occupée depuis début mars par les Russes et au centre de toutes les tensions.
La contre-attaque de Kiev vise pour l’essentiel à reprendre Kherson, une ville de 280 000 habitants — avant le conflit — tombée aux mains des Russes dès le commencement de la guerre.
« Les forces armées ukrainiennes ont lancé leur offensive dans plusieurs zones dans le Sud. Nous demandons aux habitants de Kherson de suivre les consignes de sécurité : rester près des abris et loin des positions russes », a écrit sur Telegram le chef de l’administration régionale, Yaroslav Yanuchevytch.
« Aujourd’hui, il y a eu de puissantes attaques d’artillerie sur les positions ennemies […] sur l’ensemble du territoire de la région occupée de Kherson. C’est l’annonce de ce que nous attendions depuis le printemps : c’est le début de la fin de l’occupation », a de son côté annoncé à la télévision ukrainienne Serguiï Khlan, un député local.
Il a assuré que les militaires ukrainiens avaient « l’avantage » sur le front méridional après des frappes répétées ces dernières semaines sur des ponts et un barrage sur le Dniepr, le grand fleuve qui traverse cette partie de l’Ukraine, destinées à perturber la logistique des troupes russes.
Le groupement militaire ukrainien « Kakhovka » a quant à lui dit observer la retraite d’une unité de combattants séparatistes prorusses de ses positions dans la région.
L’offensive a « échoué », selon Moscou
La Russie a pour sa part proclamé avoir repoussé des « tentatives d’offensive » ukrainiennes dans les régions de Kherson et de Mykolaïv, également dans le sud de l’Ukraine.
« Pendant la journée […], les troupes ukrainiennes ont fait une tentative d’offensive dans trois directions, dans les régions de Mykolaïv et de Kherson », a déclaré le ministère russe de la Défense, ajoutant que celle-ci « a lamentablement échoué » et que les Ukrainiens « ont subi de lourdes pertes ».
La porte-parole du commandement « Sud » de l’armée ukrainienne, Natalia Goumeniouk, avait auparavant dit que les forces de Kiev attaquaient « dans de nombreuses directions » sur ce front afin de renvoyer les Russes sur la rive gauche du Dniepr.
Dans la nuit de lundi à mardi, ce commandement a précisé sur Facebook que la situation restait « tendue » dans sa zone d’action, soulignant que « l’ennemi a attaqué nos positions à cinq reprises, mais toutes ont été un échec ».
Il a par ailleurs évoqué un « bombardement massif en journée » de Mikolaïv par les Russes avec seize missiles anti-aériens S-300 qui ont provoqué des dégâts « importants » notamment sur des bâtiments d’habitation et des infrastructures de transport. Deux civils ont été tués et 24 blessés, selon cette source.
Deux missiles sont tombés dans la soirée dans la région de Bachtansky, endommageant des maisons mais aucune victime n’a été signalée à ce stade, a-t-elle ajouté.
Toutes ces informations étaient invérifiables de sources indépendantes.
« L’Ukraine est en train de reprendre ce qui est à elle et reprendra tout au final — les régions de Kharkiv, Lougansk, Donetsk, Zaporijjia, Kherson, la Crimée, les eaux de la mer Noire et de la mer d’Azov […] », a martelé dans son message quotidien du soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Les bombardements russes n’ont par ailleurs pas cessé sur la ligne de front qui s’étend du nord au sud.
Les autorités locales ont notamment évoqué des frappes dans les régions de Kharkiv (nord-est), Dnipropetrovsk (centre), où elles ont fait un mort, et Mykolaïv.
« Ça secouait et tout le monde est sorti en courant », a raconté à l’AFP Olga, une habitante de 40 ans de Mykolaïv après la chute d’un missile et d’une roquette dans son quartier.
« Ça s’est passé en une seconde et, en une seconde, c’était le noir dans la maison », a témoigné un de ses voisins, Oleksandre Tchoula, 66 ans, dont la femme venait d’être tuée.
Une mission de l’AIEA en Ukraine
L’AIEA a annoncé envoyer une mission, conduite par son directeur général Rafael Grossi, à la centrale de Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine.
Elle doit visiter « plus tard cette semaine » ces installations.
M. Grossi réclamait depuis plusieurs mois de pouvoir aller sur place, avertissant du « risque réel de catastrophe nucléaire » après une série de bombardements dont les deux belligérants s’imputent mutuellement la responsabilité.
Dans une déclaration lundi, les pays du G7, « profondément préoccupés » par les risques d’accident nucléaire à Zaporijjia, ont demandé qu’une totale liberté de mouvement soit accordée aux experts internationaux.
« La Russie doit assurer un accès sûr et sans entrave » à l’équipe de l’AIEA, a réclamé un responsable américain, pour qui l’option « la plus sûre » serait une extinction « contrôlée » des réacteurs.
Accusée par Kiev d’avoir positionné des pièces d’artillerie sur le site de la centrale pour pilonner les positions de son armée, la Russie a le même jour jugé « nécessaire » cette inspection, par la voix du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
L’opérateur ukrainien Energoatom a néanmoins affirmé que les soldats russes « mettaient la pression sur le personnel de la centrale pour l’empêcher de révéler des preuves des crimes de l’occupant ».
« La souveraineté ukrainienne sur cette centrale ne doit pas être contestée », a quant à lui souligné le président français Emmanuel Macron.
La mairie de Zaporijjia a dit distribuer depuis le 23 août des comprimés d’iode à la population dans un rayon de 50 km autour de la centrale, à prendre en cas d’alerte aux radiations.
Lundi, les habitants de la ville se préparaient au pire.
« Vous savez, on a connu l’accident de Tchernobyl, la menace était déjà très grande, mais on a survécu, Dieu merci. Aujourd’hui, la menace est totale, à 100 % », commentait Kateryna, une retraitée.