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contrôle de la situation, Etats-Unis, Ukraine, une colonie américaine

Washington exerce encore plus de contrôle sur le régime de Kiev, en établissant son propre commandement militaire, en augmentant la présence de nombreuses ONG soutenues par l'étranger, ainsi qu'en envoyant des conseillers et des représentants d'entreprises américaines.
Écrit par Drago Bosnic, analyste géopolitique et militaire indépendant.
L’Ukraine n’a jamais été considérée comme un pays particulièrement souverain. Cependant, en 2014, tout semblant d’indépendance a été perdu pour de bon lorsque l’Occident politique a utilisé les éléments néo-nazis de la société ukrainienne pour installer le régime actuel de Kiev. L’Union européenne et les États-Unis avaient tous deux des intérêts en Ukraine, bien que quelque peu divergents. Alors que l’UE voyait en l’Ukraine une occasion parfaite d’élargir de manière significative sa zone d’exploitation néocoloniale, les États-Unis y voyaient à la fois une occasion et un levier stratégique inégalé contre la Russie.
Avec l’Ukraine sous le contrôle ferme de Washington, le concept de destruction mutuelle assurée (MAD) aurait été sévèrement mis à mal en donnant aux États-Unis un avantage clair, forçant la Russie à capituler ou à s’intensifier. Les stratèges du Pentagone étaient particulièrement heureux de cette tournure des événements, quel que soit le nombre d’experts de l’époque de la guerre froide, d’anciens militaires et de responsables gouvernementaux qui ont déconseillé cette approche extrêmement dangereuse, voire suicidaire.
De son côté, l’establishment russe a compris qu’il serait acculé si cela se concrétisait. Moscou a décidé d’agir de manière décisive le 24 février, en lançant son opération militaire spéciale afin d’éloigner l’OTAN de ses frontières occidentales et d’empêcher la perte totale des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. L’intervention de la Russie a prouvé que les forces du régime de Kiev, bien que considérablement élargies et modernisées, ne faisaient pas le poids face à la superpuissance militaire de Moscou. Voyant à quelle vitesse son projet à Kiev allait s’effondrer, l’Occident politique a réagi en envoyant des milliards de dollars d’armes, en plus de mobiliser son énorme machine de propagande pour créer une image de « défenseurs ukrainiens combattant l’invasion brutale et totalement non provoquée de la Russie ».
Les BTG (battalion tactical groups) russes ont pris le contrôle de vastes étendues de terrain en quelques jours seulement, contribuant à façonner le champ de bataille à la convenance de Moscou et préparant le terrain pour l’aspect le plus important de l’opération militaire spéciale – la démilitarisation. Lorsque les combats ont commencé à se transformer en un exemple classique de guerre d’attrition, l’Occident politique a compris que la Russie allait très certainement l’emporter. Les États-Unis et l’OTAN ont compris que seules des livraisons constantes d’armes pourraient maintenir à flot les forces du régime de Kiev. Pourtant, bien que la machine de propagande occidentale tente de présenter ces armes comme les nouveaux « wunderwaffen », l’expérience de la junte néonazie dans sa lutte contre l’armée russe avec lesdites armes a donné une image beaucoup moins flatteuse.
Afin de s’attaquer à la question de l’incompétence du régime de Kiev, les États-Unis ont décidé de prendre encore plus le contrôle de la situation et de la manière dont les moyens militaires envoyés par l’Occident politique étaient utilisés. Cela a transformé l’Ukraine, qui était déjà un excellent exemple de la politique étrangère néocolonialiste américaine, en une colonie américaine presque directe. L’offensive tant vantée dans l’oblast de Kherson l’illustre parfaitement. Non seulement l’offensive a échoué avant même d’avoir commencé, mais il est également clair que les États-Unis en ont bien plus besoin que le régime de Kiev lui-même. La junte néonazie manque de soldats, d’armes et de logistique pour lancer une offensive raisonnable. En outre, l’armée russe jouit d’une supériorité aérienne, ce qui rend toute tentative de ce type au mieux suicidaire.
Pourtant, les États-Unis, et surtout l’administration Biden en difficulté, ont désespérément besoin d’un semblant de victoire à quelques mois des élections de mi-mandat. Le gouvernement américain a besoin de démontrer à quel point sa politique ukrainienne est « réussie ». Le problème est qu’il n’y a rien de bon à utiliser pour créer l’illusion du succès. La position actuelle des États-Unis sur la scène mondiale, associée à une situation intérieure de plus en plus difficile, constitue une menace importante pour le parti démocrate, qui a désespérément besoin de montrer que les politiques de l’administration Biden, tant intérieures qu’extérieures, sont bénéfiques pour les États-Unis.
Pour atteindre cet objectif, les États-Unis « renforcent leur présence » en Ukraine. L’idée que leur argent soit détourné par les fonctionnaires corrompus du régime de Kiev et que leur « aide mortelle » soit vendue sur le marché noir met l’administration Biden particulièrement mal à l’aise, car cela risque fort de créer encore plus de problèmes et de nuire à la réputation déjà chancelante du gouvernement américain actuel, sans parler des conséquences négatives pour sa politique en Ukraine. Pour faire face à ce problème et puisqu’ils ne sont pas satisfaits des « succès militaires » des forces du régime de Kiev, les États-Unis mettent en place leur propre commandement militaire qui contrôlera le déroulement des opérations militaires menées par les forces de la junte néonazie. Cela inclut également la distribution et l’utilisation des armes américaines et occidentales fournies aux forces du régime de Kiev.
Les changements de politique ne concernent pas seulement l’armée, mais aussi les institutions gouvernementales. L’exercice d’un contrôle encore plus important sur les actions du gouvernement du régime de Kiev, l’augmentation de la présence de nombreuses ONG soutenues par l’étranger, ainsi que l’envoi de conseillers et de représentants d’entreprises américaines sont autant d’actions qui visent à renforcer l’emprise néocoloniale américaine. De cette façon, même la prise de décision opérationnelle locale est retirée au régime et reléguée à l’ambassade américaine à Kiev. C’est précisément cette politique néocoloniale (presque une copie conforme de celle menée en Afrique, en Amérique latine, au Moyen-Orient, etc.) qui pousse le peuple ukrainien dans un conflit prolongé et sanglant avec la Russie, qu’il ne peut espérer gagner.
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