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En Île-de-France, les départs sont chaque année plus nombreux que les arrivées (déficit migratoire en 2018 de plus de 100 000 habitants). Ils concernent surtout des personnes seules et des couples. Ces déménagements ont pour principale destination les territoires urbains. Ils sont souvent l’occasion d’habiter un logement plus grand, voire une maison, notamment pour les couples. Entre l’ancien et le nouveau logement, le gain de surface est en moyenne de 18 m².
Lorsqu’ils s’installent dans une commune de province ou des DOM, les Franciliens disposent de revenus globalement supérieurs à ceux des résidents du même âge déjà présents (15 % de plus en moyenne). Les écarts de niveau de vie avec les résidents déjà installés sont particulièrement importants pour les ménages de 40 à 59 ans arrivant dans des communes comme Lille, voire Lyon, ainsi que pour les ménages les plus âgés.
Près d’un ménage partant sur deux a moins de 40 ans
Globalement, les ménages qui quittent la région sont plutôt jeunes : pour 45 % d’entre eux, le référent fiscal est âgé de moins de 40 ans (contre 27 % pour l’ensemble des ménages franciliens). Les ménages âgés de 60 ans ou plus et ceux âgés de 40 à 59 ans comptent respectivement pour 28 % et 27 % des déménagements.
Dans une région où l’accès au logement est difficile, le fait de n’être ni propriétaire, ni bénéficiaire d’un logement social constitue un facteur pouvant expliquer des mobilités plus fréquentes. Ainsi, les ménages locataires au sein du parc privé sont les plus mobiles : 39 % des ménages franciliens résidaient dans un logement de ce parc avant leur départ, alors que ce type de logement ne représente que 29 % des résidences principales franciliennes. Dans le parc locatif social, la mobilité est moindre (respectivement 17 % contre 23 %). Pour leur nouveau logement hors de la région, 58 % des ménages sont locataires dans le parc privé. Cette part relativement élevée tient au comportement des propriétaires : en s’installant en province, une partie d’entre eux deviennent locataires, notamment parce qu’ils conservent leur ancien logement ou qu’ils voient dans la location une solution transitoire en attendant de trouver un nouveau logement en propriété.
18 m² de plus en moyenne pour les logements des ex-Franciliens installés en province
Les habitants qui s’installent en dehors de la région privilégient les territoires urbains. En effet, 70 % des migrations s’effectuent vers une commune urbaine, alors que seulement 61 % de la population de province y vit. Quel que soit le type d’espace de destination, le déménagement s’accompagne d’une augmentation de la surface du logement. Pour les ménages qui quittent l’Île-de-France sans connaître d’évolution de leur composition, le gain de superficie est en moyenne de 31 % (cette dernière passant de 62 m² à 80 m²) . Ce résultat suggère que le souhait d’habiter un logement plus grand est probablement une motivation pour quitter l’Île-de-France, le coût du logement étant plus faible en province. La volonté de vivre dans une maison, plutôt que dans un appartement, pourrait aussi expliquer le départ de certains habitants. Alors que, en Île-de-France, 30 % des ménages partants habitaient dans un logement individuel, ils sont 46 % à y vivre après leur déménagement et 85 % lorsque celui-ci s’effectue à destination d’une commune rurale.
Un niveau de vie globalement supérieur à celui des résidents déjà installés
En moyenne, les Franciliens partants conservent leur niveau de revenu à leur arrivée en province (+ 0,2 %). Mais cette stabilité masque d’importantes disparités : quand une partie marginale perçoit des revenus en forte hausse, la majorité voit ses revenus baisser. Ainsi, en 2018, avant leur départ, les ménages ayant quitté l’Île-de-France ont un niveau de vie mensuel médian de 2 230 euros (soit 180 euros de plus que l’ensemble des ménages franciliens), mais une fois qu’ils se sont installés en province, ce niveau de vie médian diminue légèrement pour atteindre 2 025 euros. Malgré cette baisse, le niveau de vie des ménages quittant l’Île-de-France reste supérieur de 270 euros à celui des résidents de province. Les ex-Franciliens qui s’installent dans une grande aire d’attraction des villes (population supérieure à 700 000 habitants) ont un niveau de vie médian plus important (2 185 euros) que ceux qui s’installent dans une aire plus petite (1 968 euros). Du reste, les ex-Franciliens sont souvent plus aisés que les résidents des villes dans lesquelles ils s’installent : ainsi, à Nantes et à Bordeaux, les arrivants d’Île-de-France ont en moyenne un niveau de vie supérieur de 30 % à celui de leurs nouveaux voisins (résidents de la même commune)
Pour les ex-Franciliens de 40 à 59 ans, des revenus parfois nettement supérieurs à ceux de leurs nouveaux voisins
Les migrations résidentielles des ménages âgés de 40 à 59 ans sont moins souvent associées à un changement de composition familiale (39 %) que celles des moins de 40 ans. Elles concernent moins fréquemment des personnes seules et plus souvent des couples (49 %), plus particulièrement avec enfant(s).
Les ménages de 40 à 59 ans disposent d’un niveau de vie médian nettement supérieur à celui de leurs homologues de province (2 050 euros par mois contre 1 780 euros). La situation des Franciliens qui s’installent à Lille illustre les disparités qui peuvent exister entre les nouveaux arrivants et les habitants déjà en place : les Franciliens qui s’installent dans la commune de Lille disposent en effet d’un niveau de vie médian près de deux fois supérieur à celui des Lillois du même âge déjà installés (+ 90 %). À Lyon, l’écart est moins important mais reste très net en faveur des Franciliens nouvellement installés (+ 51 %). Ces disparités s’expliquent notamment par les possibilités qu’offrent les communes de Lille et de Lyon : situées respectivement à une heure et deux heures de Paris par le train, elles permettent à une partie des actifs de conserver un lien professionnel avec la capitale, où les salaires sont en moyenne plus élevés. Les écarts de salaire entre nouveaux arrivants et habitants déjà en place sont dès lors beaucoup plus modérés dans des villes plus éloignées de l’Île-de-France, comme Nice (16 %) ou Marseille (26 %).
Les déménagements des ménages de 40 à 59 ans sont moins concentrés sur le territoire national. Certes, les dix premières communes d’arrivée sont des grandes villes (Marseille, Lyon ou Bordeaux par exemple) mais elles n’accueillent que 12 % des ménages quittant la région Île-de-France. À l’inverse, ces derniers sont surreprésentés dans les départements limitrophes de la région et autour de villes comme Sens, Compiègne, Vendôme ou Le Mans. Ces communes, pour la plupart desservies par une ligne à grande vitesse, à l’instar de Lille et de Lyon, se trouvent à environ une heure de Paris. Les ménages qui s’éloignent un peu plus privilégient des agglomérations où ils ont des possibilités d’emploi peu ou prou similaires à celles de l’Île-de-France : Toulouse, Bordeaux, Rennes, Dijon…
Quelle que soit la distance d’éloignement, les ménages âgés de 40 à 59 ans quittant la région Île-de-France bénéficient, à l’arrivée en province, de meilleures conditions de logement. Plus d’un sur deux s’installe dans une maison et, à configuration du ménage inchangée, le gain de surface atteint en moyenne 22 m² (soit une hausse de 31 %). Le profil type du ménage de 40 à 59 ans quittant l’Île-de-France est un couple avec enfant(s) et sans changement important comme une séparation, une mise en couple ou le départ du dernier enfant au cours de l’année du déménagement. Avec un niveau de vie médian de 2 300 euros par mois, ces couples avec enfant(s) sont plutôt aisés. Leurs conditions de logement changent nettement après leur déménagement : ils quittent un logement francilien de 81 m² en moyenne pour s’installer en province dans un logement de 103 m² en moyenne. En outre, près des trois quarts d’entre eux s’installent dans une maison individuelle.
Pour les retraités, les territoires ruraux ont la cote
À partir de 60 ans, les migrations hors Île-de-France sont essentiellement le fait de personnes seules (46 %) et de couples sans enfant (44 %). Avec un niveau de vie mensuel médian supérieur de 300 euros, les ménages de seniors qui quittent la région sont en moyenne plus aisés que les ménages résidents franciliens. À leur arrivée en province, ces ménages, dont les revenus sont globalement inchangés, bénéficient ainsi d’un niveau de vie nettement supérieur à celui des résidents du même âge (+ 510 euros). Dans 41 % des communes qui les accueillent, l’écart de niveau de vie entre les nouveaux arrivants franciliens et les ménages déjà installés est de 30 % ou plus en faveur des premiers. À Aix-en-Provence, Cannes et La Ciotat, l’écart dépasse même 57 %. À Biarritz, Bidart et Lège-Cap-Ferret, les seniors ex-franciliens qui s’établissent dans ces communes disposent de revenus environ deux fois supérieurs à ceux des retraités déjà installés.
Ayant généralement quitté le monde du travail, sans enfant à charge par ailleurs, ces ménages subissent moins de contraintes : 45 % d’entre eux choisissent de s’installer dans une zone rurale, même si l’offre d’équipements et de services y est généralement moins dense qu’en zone urbaine. Parmi les dix premières communes d’arrivée des ménages âgés de plus de 60 ans, figurent des villes balnéaires telles que Les Sables-d’Olonne, La Rochelle, Saint-Raphaël et Cannes.
Compte tenu de leur situation financière globalement favorable, les ménages seniors se retrouvent plus fréquemment en situation d’occuper leur résidence principale en tant que propriétaires : 52 % des locataires du privé et 43 % de ceux du parc social deviennent ainsi, après avoir quitté leur logement francilien, propriétaires de leur résidence principale en province. Pour certains, cela peut s’expliquer par un marché immobilier moins tendu et donc plus accessible. Pour d’autres, notamment pour une partie de ceux qui s’installent dans une commune du littoral, cela peut s’expliquer par un changement de mode d’occupation du logement en province, lequel pouvait servir jusqu’alors de résidence secondaire.
Pour l’ensemble des ménages de 60 ans ou plus, les migrations résidentielles en province témoignent d’un engouement pour la maison : la proportion de résidents en logement individuel passe de 38 % en Île-de-France à 64 % en province. Toutefois, plus le ménage est âgé, plus ce constat est à nuancer. Les ménages de 60 à 69 ans accèdent plus souvent à la propriété et s’installent plus souvent dans une grande maison en zone rurale. Leur mobilité coïncide généralement avec le départ en retraite. Leurs choix résidentiels sont facilités par un niveau de vie élevé, supérieur à 2 330 euros pour la moitié d’entre eux. Les ménages âgés de 70 ans ou plus sont plus souvent composés d’une seule personne. Ils sont à peine moins aisés que les jeunes retraités : leur niveau de vie mensuel médian atteint 2 250 euros (2 070 euros pour une personne seule, 2 620 euros pour un couple sans enfant). Lorsqu’ils quittent l’Île-de-France, leur choix se porte alors plus fréquemment sur la copropriété en logement collectif dans des communes urbaines, mieux dotées en commerces et en services de santé.