En ce jour d’élection présidentielle au Brésil, l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva pourrait l’emporter dès le premier tour, selon le dernier sondage, qui lui donne 14 points de plus que son adversaire direct, le président sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro. Toutefois, la réaction de ce dernier, un partisan de Donald Trump, reste difficile à prévoir.
Le dernier sondage de l’institut de référence Datafolha, rendu public samedi soir, donnait Lula encore largement en tête (48 % par rapport à 34 %) ainsi que 50 % des votes valides en regard de 36 %.
La marge d’erreur est de plus ou moins deux points de pourcentage. Ce coup de sonde a été réalisé auprès d’un échantillon plus grand que d’habitude, soit 12 800 personnes, vendredi et samedi. Un autre sondage, publié par un autre institut, l’IPEC, accorde 51 % des votes valides à Lula par rapport à 37 % à Bolsonaro au premier tour dimanche.
Ce qui se joue demain consiste à voir si Lula aura suffisamment de soutien pour gagner la course présidentielle dès le premier tour
, a précisé à RDI week-end Gustavio Ribeiro, rédacteur en chef du Brazilian Report.
Au Brésil, si un des candidats dispose de la majorité absolue (50 % + 1 voix), un deuxième tour n’est pas nécessaire.
Reste à voir si le président sortant, Jair Bolsonaro, acceptera le verdict des urnes. La semaine dernière, le chef de l’État avait affirmé qu’il serait anormal
qu’il n’obtienne pas au moins 60 % des voix au premier tour. Il a aussi évoqué des risques de fraude sans en apporter la preuve, rappelant les sorties publiques de Donald Trump il y a deux ans.
Derniers grands rassemblements
À la veille du premier tour, les deux candidats ont mobilisé leurs troupes une dernière fois lors de deux grands rassemblements organisés à Sao Paulo.
M. Bolsonaro, 67 ans, vêtu d’une veste noire et sans casque, a conduit un cortège de motards jusqu’au parc Ibirapuera, le poumon vert de Sao Paulo, où des milliers de personnes l’attendaient. Il peut compter sur le soutien des riches régions agricoles et des aînés.
Sur le chemin, ses partisans vêtus de jaune et de vert agitaient des drapeaux brésiliens, applaudissaient et scandaient Lula, voleur, ta place est en prison!
.
À environ 5 km de là, presque au même moment, des milliers de personnes, en rouge, ont défilé sur l’avenue Paulista, artère emblématique de la capitale économique du Brésil, lors d’une marche de la victoire
organisée pour Luiz Inacio Lula da Silva.

Lula a salué la foule depuis l’arrière d’un camion ouvert. Brésil, urgent, Lula président!
et Jair, c’est l’heure de partir!
, ont scandé les manifestants au rassemblement du candidat de gauche, qui espère décrocher la présidence dès le premier tour. Président du Brésil de 2003 à 2010, Lula peut compter sur le soutien des électeurs des régions plus pauvres et des femmes.
« L’économie est le thème le plus important de cette élection, et lors de la présidence de Lula, le pays a connu une grande prospérité économique, donc les électeurs gardent cela en tête. » Gustavio Ribeiro, rédacteur en chef du Brazilian Report
Le rédacteur en chef du Brazilian Report indique en être à sa quatrième couverture d’une élection présidentielle et mentionne n’avoir jamais vu une campagne aussi tendue
.
On aura forcément quelques épisodes de violence, mais il est difficile d’en prévoir l’ampleur
, ajoute-t-il.
M. Ribeiro ne croit pas à un scénario à l’américaine, où des partisans trumpistes avaient pris d’assaut le Capitole en janvier 2021. Au Brésil, on n’a pas de milices organisées comme les Oath Keepers ou les Proud Boys, mais le potentiel de violence reste très élevé
, dit-il.
Un appel à voter dans le respect
Cette campagne s’est déroulée dans des conditions très particulières pour des raisons de sécurité : les candidats portaient un gilet pare-balles et des barrières de sécurité étaient installées lors des rassemblements pour empêcher la foule de s’approcher trop près de la scène.
Malgré ces tensions, les rassemblements de samedi se sont déroulés sans incident.
Toutefois, la passation des pouvoirs pourrait s’avérer difficile en cas de victoire dès dimanche du candidat de gauche avec de longues semaines jusqu’à l’investiture, le 1er janvier 2023.
Votons tous en paix, en sécurité et en harmonie, avec respect, liberté, conscience et responsabilité. Ensemble, tous les Brésiliens dans la grande célébration de la démocratie
, a enjoint pour sa part le président du Tribunal supérieur électoral, Alexandre de Moraes, sur son compte Twitter.