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Par : Paul Messad | EURACTIV France
Les employés du secteur énergétique français sont en grève, ce qui perturbe l’approvisionnement en carburants du pays. Le mouvement social pourrait s’intensifier.
Organisations politiques et syndicales ont appelé samedi dernier (29 septembre) à la mobilisation générale pour lutter contre la baisse du pouvoir d’achat et demander une revalorisation des salaires. Comme d’autres secteurs, celui de l’énergie s’est mis en grève, à commencer par les employés des raffineries de pétrole.
Par conséquent, les stations services françaises des grandes agglomérations commencent à manquer de carburant. 15% d’approvisionnement en moins à travers le pays annonce l’un des porte-paroles du gouvernement français vendredi matin (7 octobre), et jusqu’à 30% d’approvisionnement en moins dans les Hauts-de-France.
Les raffineurs en grèves
« Pas d’accords = pas de carburant » titrait ainsi sur Twitter le syndicat CGT de la raffinerie d’Exxon en Normandie.
En tout, un peu moins d’une dizaine de raffineries, bioraffineries, dépôts pétroliers, ont du ralentir ou arrêter leur production.
Selon les deniers chiffres (7 octobre), il ne resterait donc plus que deux raffineries sur six en fonctionnement en France.
En Normandie, les raffineries de Exxonmobil et de TotalEneriges, qui représentent plus de 30% de la capacité de raffinage du pays, sont à l’arrêt depuis plus d’une semaine. Avec la mobilisation à la raffinerie d’Exxon située à Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône, c’est 50% des capacités de raffinage françaises qui sont à l’arrêt.
À Dunkerque, le dépôt pétrolier de TotalEnergies, qui compte pour la moitié des stocks de la région Haut-de-France, est également arrêté.
Depuis la mobilisation générale, le mouvement s’est amplifié et étendu à la raffinerie TotalEnergies de Feyzin, faisant craindre des tensions importantes sur le réseau de distribution et de fourniture de carburant de l’ensemble de l’agglomération lyonnaise.
Pas de pénurie, mais des tensions d’approvisionnement
Le gouvernement se veut toutefois rassurant, il ne s’agirait pas d’un problème de pénurie de carburant. Les produits sont disponibles et stockés. La grève empêche simplement leur sortie des raffineries.
Tout en confirmant ces propos, le directeur général de la Fédération Française des Combustibles, Carburants & Chauffage, Frédéric Plan, ajoute dans les colonnes de 20 minutes que « nous n’avons strictement aucune information sur l’état d’avancement des négociations qui permettrait de faire cesser les grèves ».
Pour Thierry Defresne, secrétaire général CGT de TotalEnergies interrogé sur RMC vendredi matin (7 octobre), la grève devrait justement « s’ancrer dans le temps », faisant craindre que les approvisionnements des stations-services ne soient encore retardés. D’autant qu’elles ne sont pas approvisionnées le week-end.
Cette fois-ci, la situation pourrait l’exiger.
Mobilisation générale du secteur énergétique
La bioraffinerie de la Mède de TotalEneriges est également touchée par la mobilisation des employés.
Jeudi (6 octobre), les salariés d’un certain nombre de centrales nucléaires étaient également en grève, alors que la situation du réseau nucléaire français est déjà très tendue. Un peu moins de la moitié des réacteurs sont à l’arrêt et la remise en fonctionnement prendrai plus de temps que prévu.
En parallèle, un mouvement de grève s’est déclenché au sein des équipes du gestionnaire de réseau électrique RTE. Quatre grévistes sont d’ailleurs en garde à vue à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour « sabotage informatique ».
« Les services antiterroristes sont utilisés pour faire taire les revendications salariales des agents » argue la CGT.
En outre, l’arrêt des raffineries pourrait avoir des conséquences sur d’autres secteurs d’activité, jusque hors des frontières françaises. La raffinerie de TotalEnergies en Normandie par exemple, produit 11% du plastique français et expédie ses produits dans plus de 60 pays.
Les médias rapportent également que des syndicats belges et polonais auraient apporté leur soutien aux mobilisations françaises.
Outre les grèves, les « tensions » dans les stations essences de TotalEnergies s’expliquent également par le prix moindre par rapport aux autres fournisseurs. Le pétrolier français a en effet ajouté une ristourne au litre, s’ajoutant à celle du gouvernement, ce qui a entraîné une surfréquentation des stations de 30 à 40%.