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Faute d’avoir une majorité dans les débats sur son budget 2023, l’exécutif n’a donc pas eu d’autres recours que d’en passer par le 49.3 ce mercredi. Le Rassemblement national et la Nupes vont déposer une motion de censure.

AFP

French Prime Minister Elisabeth Borne addresses the Parliament during the reading of the public finance programming bill 2023-2027, and the finance bill for 2023 at the "Assemblee Nationale" (National Assembly), in Paris on October 19, 2022. (Photo by Emmanuel DUNAND / AFP)
Elisabeth Borne, première ministre française invoque le 49.3 devant l’Assemblée nationale ©AFP or licensors

« En responsabilité, nous devons donner un budget à notre pays », a fait valoir, devant les députés et dans une ambiance houleuse, la cheffe du gouvernement, privée de majorité absolue à l’Assemblée.

« En abordant le débat budgétaire, nous connaissions les difficultés face à nous. Un budget traduit une ambition et des engagements. Ceux sur lesquels le Président de la République et la majorité se sont présentés devant les Français », a expliqué Mme Borne.

« Nous aurions alors pu renoncer à la recherche d’un compromis. Mais nous avons fait le choix du dialogue ». Mais « deux constats s’imposent: d’abord, au moment où nous parlons, au sixième jour de débat, bon nombre d’amendements sont encore à examiner. Et tout indique que nous ne tiendrons pas les délais prévus pour la discussion de cette première partie du PLF », a-t-elle poursuivi.

« Ensuite, et surtout, les oppositions ont toutes réaffirmé leur volonté de rejeter le texte », a fait valoir la Première ministre.

La Nupes dépose une motion de censure

Les députés de gauche n’ont pas attendu la fin du discours de la Première ministre pour quitter l’hémicycle. Dans la foulée, la présidente du groupe Insoumis Mathilde Panot a confirmé que les députés Nupes allaient déposer une motion de censure, dénonçant un « acte de brutalité anti-démocratique ». La motion, signée par les socialistes, communistes, écologistes et insoumis, dénonce « la fragilité politique du gouvernement » et son « mépris pour la représentation nationale ». « Le macronisme est devenu un autoritarisme », a dénoncé Mathilde Panot (LFI) devant la presse.

Le RN devrait également déposer son propre texte.

Mais ces texte n’ont quasiment aucune chance de faire tomber le gouvernement, les élus RN ayant exclu « a priori » de voter pour un texte de la Nupes, et vice versa. Tandis que les députés LR semblent exclure eux aussi de voter une censure.

Mme Borne engage pour la première fois de la législature le 49.3, qui devrait également être ultérieurement actionné pour la partie dépenses du budget, puis en deuxième lecture, puis en lecture définitive.

Il pourrait également être employé pour le projet de Budget de la Sécu, a indiqué mercredi le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.

« Une centaine d’amendements », « y compris des amendements des oppositions », ont été retenus dans le texte de Budget soumis au 49.3, a indiqué Mme Borne mercredi.

« Le texte, que je présente aujourd’hui n’est pas le décalque du projet qui vous avez été initialement soumis. Il a été nourri, complété, amendé, corrigé même, suite aux débats de ces derniers jours, en commission et dans l’hémicycle », a-t-elle dit.

Le gouvernement n’a cependant pas retenu l’amendement sur les « superdividendes » déposé par son principal allié, le président du groupe MoDem Jean-Paul Mattei, et largement adopté en séance contre l’avis du gouvernement.

Selon les termes de la Constitution, le texte présenté « est considéré comme adopté, sauf si une motion de censure, déposée dans les vingt-quatre heures qui suivent, est votée ».

Une telle motion doit être signée par un dixième au moins des membres de l’Assemblée, soit 58 députés. « Le vote ne peut avoir lieu que quarante-huit heures avant son dépôt. Seuls sont recensés les votes favorables à la motion de censure qui ne peut être adoptée qu’à la majorité des membres composant l’Assemblée », édicte la Constitution.

Le seul précédent sous la présidence Macron remonte au projet de loi sur les retraites en 2020, mais le processus législatif avait été interrompu par la pandémie de Covid.