Étiquettes

,

par Denis COLLIN

C’est entendu, la clique diri­geante ukrai­nienne est cor­rom­pue et traîne avec elle toutes sortes de gens peu recom­man­da­bles — à côté d’eux les pré­ten­dus « fas­cis­tes » contre les­quels on nous appelle ici à faire bar­rage sont des enfants de chœur !

C’est entendu, les diri­geants ukrai­niens sont lar­ge­ment mani­pu­lés par l’OTAN, c’est-à-dire par la Maison-Blanche qui pour­suit ainsi sa guerre contre la Russie.

Mais c’est tout autant entendu, le régime de Poutine est un régime auto­ri­taire, qui pour­suit des objec­tifs clai­re­ment annon­cés par le maître du Kremlin : réta­blir la « grande Russie », c’est-à-dire mettre en œuvre le pro­gramme… de Soljenitsyne. À cette dif­fé­rence que ce qui rele­vait de la lit­té­ra­ture chez ce grand écrivain est ici la mise en appli­ca­tion des objec­tifs de la clep­to­cra­tie russe et de ce « chau­vi­nisme grand-russe » jadis dénoncé à par Lénine. Lénine que Poutine tient pour le grand res­pon­sa­ble des mal­heurs de la Russie d’aujourd’hui.

Je repren­drais volon­tiers cette expres­sion de ma mère : « là-dedans, la lisière ne vaut pas mieux que le drap » ! Ceux qui paient le prix de ces folies guer­riè­res, ce sont les Ukrainiens et les Russes, avec des dizai­nes de mil­liers de morts de chaque côté, des villes rava­gées, des infra­struc­tu­res détrui­tes, des haines qui s’accu­mu­lent. Et s’il est un point sur lequel tout le monde devrait être d’accord, c’est la paix, main­te­nant ! Et les va-t-en guerre de chez nous qui sont prêts à faire la guerre jusqu’au der­nier Ukrainien devraient se taire.

La paix, main­te­nant, mais com­ment ? Une pre­mière chose indis­cu­ta­ble dans cette guerre est que la Crimée est russe. L’anti­que Tauride, grec­que, puis romaine, puis byzan­tine, conquise par les Ottomans, devient russe au XVIIIe siècle — c’est Catherine II qui fonde la ville de Sébastopol. La France et la Grande-Bretagne avaient pour­tant sou­tenu les Ottomans contre les Russes… On peut dis­cu­ter de la valeur du réfé­ren­dum orga­nisé par Poutine en 2014. Notons seu­le­ment que les sol­dats de l’armée ukrai­nienne, ori­gi­naire de Crimée, ont rejoint mas­si­ve­ment l’armée russe, deve­nant des déser­teurs de l’armée ukrai­nienne. La Crimée n’avait été rat­ta­chée à l’Ukraine que par une déci­sion uni­la­té­rale prise par Krouchtchev en 1954 et il n’y a aucune raison de donner raison aux char­cu­ta­ges du régime sta­li­nien.

La deuxième chose indis­cu­ta­ble est que Poutine a envahi l’Ukraine et occupé une partie de son ter­ri­toire. On me dit qu’il avait de bonnes rai­sons. Mais les fau­teurs de guerre ont tou­jours de bonnes rai­sons. Je sais qu’on va hurler « point de Godwin », mais Hitler s’en prend à la Tchécoslovaquie pour venir au secours des Allemands des Sudètes. Et si on réfute cet argu­ment, admet­tons tout de même que tous les empi­res, l’amé­ri­cain au pre­mier chef ont tou­jours invo­qué leurs « inté­rêts vitaux ». Le débar­que­ment (raté) des mari­nes sur la Baie de Cochons, était jus­ti­fié aussi par les « inté­rêts vitaux » de l’oncle Sam. On peut dire que les « Occidentaux » ont poussé Poutine à la faute. Mais Poutine n’était pas obligé de fauter.

Troisième point peu dis­cu­ta­ble : les oblasts du Donetsk sont oppo­sés au pou­voir ukrai­nien depuis 2014 et ils ont subi une répres­sion féroce. Les réfé­ren­dums orga­ni­sés par la Russie, en pleine guerre et sous contrôle mili­taire n’ont, certes, aucune valeur. Du reste, l’armée russe a perdu le contrôle d’une partie des ter­ri­toi­res de ces régions. Il fau­drait per­met­tre à ces popu­la­tions de déci­der vrai­ment, dans « le silence des pas­sions », ce qui sup­pose le retrait des armées russes et ukrai­nien­nes et l’orga­ni­sa­tion d’une consul­ta­tion popu­laire sous la pro­tec­tion d’un contin­gent de « cas­ques bleus » de l’ONU.

Quatrième point : il faut en finir avec les élargissements de l’OTAN, entre­prise amé­ri­caine qui ins­ti­tu­tion­na­lise la vas­sa­li­sa­tion des États euro­péens. Par la même occa­sion, il faut évidemment redon­ner leur pou­voir aux Parlements et aux peu­ples des dif­fé­ren­tes nations euro­péen­nes. Ce sont les peu­ples qui paient les frais de la guerre, c’est à eux de déci­der.

Dernier point : des­ti­tuer Mme von der Leyen de son poste. Qu’elle se taise. Cette « pousse-au-crime » cor­rom­pue est une honte pour l’Europe. Elle n’a aucun mandat pour diri­ger la poli­ti­que étrangère des pays d’Europe. Ce qui n’empê­che pas d’annon­cer des déci­sions plus débi­les les unes que les autres.

On me dira que je rêve. Mais si je rêve, c’est que les orga­ni­sa­tions inter­na­tio­na­les et les grands prin­ci­pes ne sont rien que des fan­to­ches, qui coû­tent cher et ne rap­por­tent rien ! Si c’est le cas, il faut le dire ouver­te­ment et reconnaî­tre que le seul prin­cipe du droit inter­na­tio­nal est « la guerre de chacun contre chacun ».

Ajoutons une dimen­sion par­ti­cu­lière : il y a deux guer­res pour le prix d’une : une guerre entre l’Ukraine et ses alliés et la Russie, mais aussi une guerre économique rava­geuse entre les États-Unis et les nations euro­péen­nes, au pre­mier chef l’Allemagne qui risque de payer le prix fort de son incons­cience et de la bêtise de ses diri­geants sociaux-démo­cra­tes — les Allemands vont regret­ter Merkel. Schröder avait enchaîné l’Allemagne au gaz russe. Scholz orga­nise main­te­nant le sui­cide alle­mand…

La Sociale