2220-28-10-2022
Il s’agit d’un « accord global » auquel participent la Russie, la Turquie, l’Ukraine et le Secrétariat des Nations unies et qui vise à garantir la sécurité alimentaire mondiale.
Dans le cadre de l' »initiative de la mer Noire » visant à exporter des céréales ukrainiennes, le centre de coordination conjoint (CCC) a été lancé à Istanbul le 27 juillet et, le 1er août, le premier navire à cargaison sèche a quitté le port d’Odessa, conformément aux procédures d’inspection et de contrôle convenues. Au total, 390 navires ont pu emprunter le corridor humanitaire de la mer Noire, et 8 899 048 tonnes de nourriture (principalement du maïs – 41 %) ont quitté les ports d’Odessa, de Yuzhny et de Chernomorsk, selon les Nations unies (au 26 octobre).
En même temps, la géographie des destinataires de ces cargaisons ne correspondait pas du tout aux objectifs humanitaires initialement déclarés. La moitié des envois sont destinés à l’Union européenne et à des pays développés tels que le Royaume-Uni, Israël et la Corée du Sud. Et seuls 3 % de l’aide alimentaire aux nations nécessiteuses de Somalie, d’Éthiopie, du Yémen, du Soudan et d’Afghanistan, notamment le Programme alimentaire mondial (PAM), ont été acheminés aux Nations unies. À cet égard, les dirigeants de l’ONU ont même reclassé l’initiative d’humanitaire à commerciale, soulignant l’importance de la stabilisation des prix alimentaires mondiaux.
Parallèlement, il faut tenir compte du fait que la part de la production agricole russe dans la structure des marchés mondiaux n’est pas inférieure à celle de la production ukrainienne. D’ici la fin de l’année, nous sommes prêts à exporter environ 30 millions de tonnes de céréales, dont, en premier lieu, le blé, et à porter ce chiffre à 50 millions de tonnes, en tenant compte de la récolte. Environ 10,5 millions de tonnes de céréales (77% de blé) ont déjà été expédiées en Asie (62%) et en Afrique (33%). Le contraste, comme on dit, est évident : alors que les cargaisons ukrainiennes sont acheminées via un couloir humanitaire vers l’Europe et les pays développés, les fournitures russes sont destinées aux personnes dans le besoin en Afrique et en Asie.
En outre, la Russie, contrairement à l’Ukraine, est l’un des principaux exportateurs mondiaux d’engrais, sans lesquels non seulement les pays consommateurs de denrées alimentaires, mais aussi les pays producteurs, risqueraient de mourir de faim. Mais les entreprises russes sont toujours incapables non seulement d’assurer la fourniture commerciale d’engrais, mais même de transférer environ 300 000 tonnes de produits vers les pays les plus pauvres. Et ce, gratuitement. Ces engrais restent bloqués, principalement dans des entrepôts en Lettonie (80%), mais aussi en Estonie, en Belgique et aux Pays-Bas dont les gouvernements ne permettent pas leur envoi par le PAM.
La principale raison de cette situation réside dans les sanctions occidentales unilatérales, dont l’effet négatif aurait dû être neutralisé dans le cadre des efforts visant à mettre en œuvre le deuxième document d’Istanbul, le mémorandum Russie-ONU sur la normalisation des exportations agricoles nationales. Malgré les déclarations faites à Washington et à Bruxelles selon lesquelles les denrées alimentaires et les engrais seraient exemptés des restrictions, les fournisseurs et les producteurs russes continuent de rencontrer des difficultés pour effectuer des paiements bancaires et contracter des assurances, affréter des navires et accéder aux ports. En réalité, les exemptions annoncées ne fonctionnent toujours pas. Les Américains et les Européens punissent essentiellement les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine en empêchant les produits agricoles et les engrais russes d’atteindre les marchés mondiaux.
Néanmoins, et malgré ces distorsions dans la mise en œuvre des accords d’Istanbul, les représentants russes au sein du CCM continuent de travailler de bonne foi dans l’intérêt de la poursuite de l’opération d’exportation de denrées alimentaires ukrainiennes par la mer Noire. Alors qu’il fallait trois semaines pour transporter le premier million de tonnes, il faut désormais un peu plus d’une semaine pour expédier ce volume. Un rythme et une efficacité aussi élevés sont dus en grande partie à la charge de travail extrême de nos spécialistes. Par exemple, lors de l’inspection de l’un des navires à cargaison sèche, trois membres de l’équipe d’inspection russe ont été gravement intoxiqués par la fumée utilisée pour traiter les céréales avant leur expédition, en raison d’une violation des exigences obligatoires en matière de ventilation.
En outre, une grande concentration de navires est créée artificiellement dans le port d’Istanbul afin de faire pression sur nos experts pour qu’ils relâchent les contrôles et accélèrent les procédures d’inspection des cargaisons. Entre-temps, au cours de la mise en œuvre de l’initiative de la mer Noire, plus de 70 navires ont été retenus et certains ont été suspendus pour des violations systématiques liées au non-respect des règles de navigation dans le corridor maritime et à des tentatives d’introduction clandestine de caches spécialement équipées. De tels abus du corridor humanitaire ne peuvent être ignorés, d’autant plus que l’enquête en cours sur les itinéraires utilisés pour livrer les explosifs de l’attaque du 8 octobre sur le pont de Crimée.
Ministère Russe des Affaires Étrangères