Étiquettes

Jean-Marc FRENOVE

Malgré le revirement qu’il a tenté d’afficher après avoir fermé la centrale de Fessenheim, Emmanuel Macron reste un anti-nucléaire. Et ce pour la simple et bonne raison qu’il n’a toujours rien entrepris, malgré la faveur de l’opinion.

Macron va faire mourir notre énergie nucléaire, il a commencé et il continue

Selon un sondage Elabe sur « les Français et la politique énergétique de la France » publié le 3 novembre par Les Échos, Radio Classique et l’Institut Montaigne, les Français considèrent à 78 % que le nucléaire civil garantit l’indépendance énergétique de la France, et à 65 % qu’il s’agit d’une énergie d’avenir.

Ces résultats étaient largement prévisibles pour tous ceux qui sont familiers de la question nucléaire, et ils montrent la cassure énorme entre une immense majorité de Français clairvoyants, et les clowns intellectuels de la sphère médiatico-politique. Ces derniers n’ont pour bagage que la gauchiste Sciences Po et la bavarde littéraire ENA, et continuent à croire que le nucléaire, ça se discute.

Le bateleur de foire Jean-Luc Mélenchon, dont les précédents se plaisent à faire la propagande est totalement désavoué, mais ce qui est grave, c’est la présence à l’Élysée de son allié objectif antinucléaire.

Antinucléaire, Macron ? Hélas oui. Un an après qu’il a fermé les deux réacteurs de Fessenheim, et mis en panne notre système nucléaire en provoquant l’arrêt de sa maintenance, il s’est fendu de deux discours annonçant la relance du nucléaire, dont le premier a eu lieu le 12 octobre 2021, il y a plus d’un an. Deux discours parfaitement trompeurs du macronnage, comme disent nos amis ukrainiens, pour désigner un discours auquel il ne faut accorder aucun crédit.

Récemment, il est allé inaugurer les éoliennes de Saint-Nazaire. Il ne sait même pas que ces machines à vent produisent très peu en général, et rien du tout en cas de froid intense anticyclonique.

Mais que fait-il pour relancer l’industrie nucléaire ? Rien, absolument rien, malgré l’aggravation insensée de la crise énergétique, que les éoliennes n’arriveront jamais à conjurer, comme elles en sont incapables en Allemagne ou en Angleterre, chacun le constate.

C’est comme si un malade perdait son sang et que le médecin à son chevet actionnait un ventilateur en attendant qu’il guérisse.

L’électricité va manquer en France. RTE annonce qu’il ne pourra pas approvisionner les Français cet hiver. Par parenthèse, Mme Pannier-Runacher vient de demander à EDF de porter au maximum la production des barrages en les « débridant » (on va les vider avant la fin de la saison ?) et, tenez-vous bien, celle des éoliennes. Va-t-on décider d’augmenter la vitesse du vent ? La bêtise de cette ministre n’a décidément aucune limite, mais elle a de qui tenir, avec ses patrons qui prétendent sauver la France en mettant un col roulé.

On sait déjà où construire les futurs EPR, EDF la prudente a acquis les terrains à Penly, Gravelines, Bugey, Tricastin, proches des actuelles centrales de sorte que les raccordements seront très peu coûteux, contrairement aux dépenses pharaoniques de raccordement des éoliennes.

Alors pourquoi ayant fait son discours d’octobre 2021, Macron n’a-t-il pas placé l’industrie de la construction nucléaire en « économie de guerre » ? Que n’a-t-il pas réuni tous les gens du secteur en leur donnant les ordres qu’ils attendent : Messieurs, il nous faut aller très vite. Les pro-éolien prétendent qu’il faut 15 ans pour construire les nouveaux EPR2. Or, nos amis chinois mettent 5 ans avec des ingénieurs français. Je compte sur vous pour étudier, inventer et mettre en œuvre tous les moyens pour accélérer la construction, nous n’avons plus le temps.

Il ne l’a pas fait, il n’a donné aucune instruction, il n’a même pas pris de décision. Donc il ne se passe rien, les contrats ne sont pas établis, les financements ne sont pas prévus, les études ne sont pas lancées. On attend. Le Groupement des Industriels Français du Nucléaire (GIFEN), les gens des centrales, les nucléaristes, tous les sous-traitants attendent l’ordre du départ. Et les Français se demandent pourquoi on attend.

Il en va de même avec les petits réacteurs modulaires, qu’il appelle, tout fier, Small Modular Reactors (les fameux SMR), sans savoir que le meilleur constructeur mondial de ces petits réacteurs pilotables et très sûrs, c’est la France, qui les utilise depuis 60 ans dans ses sous-marins et son porte-avion. Jamais un accident, jamais une panne. Ces petits réacteurs pourraient être construits en grande série pour alimenter à bon marché toutes les zones insulaires, et surtout se vendre dans le monde entier. Il n’a rien fait.

Notre chef d’État, c’est Gamelin en 1939. Ex-Major de Saint-Cyr, Gamelin faisait des discours stupides que ses officiers avaient l’obligation de répéter à la troupe, du genre : « La Pologne va gagner. » Il était fier de lui, borné dans ses idées, et il ne vit rien venir. Macron est fier de lui, borné dans ses idées, et il ne voit rien venir. Pour le plus grand malheur des Français.

Front Populaire