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En conférence de presse, Gianni Infantino a défendu le Qatar en rappelant que le pays, contrairement à l’Europe, permet à des milliers d’hommes et de femmes de gagner leur vie et de subvenir aux besoins de leurs familles

« Nous, en Europe, on ferme nos frontières et nous n’autorisons pratiquement aucun travailleur de ces pays aux revenus très bas, à venir travailler légalement », a souligné le patron de la FIFA (AFP/Gabriel Bouys)
« Nous, en Europe, on ferme nos frontières et nous n’autorisons pratiquement aucun travailleur de ces pays aux revenus très bas, à venir travailler légalement », a souligné le patron de la FIFA (AFP/Gabriel Bouys)

Par Nazim Bessol

Après avoir verrouillé sa candidature pour un troisième mandat à la tête de l’instance internationale du football, la FIFA, Gianni Infantino, 52 ans, seul candidat à sa propre succession, a décidé de répliquer aux attaques et à la virulente campagne de presse contre l’organisation du Mondial 2022 au Qatar.

« Nous ne réagissons pas à la pression, on agit quand on décide d’agir », a expliqué le patron du football mondial en conférence de presse, hier à partir du Qatar National Convention Centre (QNCC), où il a tenu une conférence de presse à la veille match d’ouverture Qatar-Équateur.

Et ce qui devait être « des remarques d’ouverture » de la conférence de presse s’est rapidement transformé en une attaque en règle, d’une heure, contre les donneurs de leçons et les « hypocrites ».

« Critiquez-moi. Vous pouvez me crucifier ici », a lancé Infantino aux journalistes présents en écartant les bras sur les côtés. « Mais ne critiquez pas le Qatar, ne critiquez pas le football. »

L’anaphore « aujourd’hui, je me sens Qatari, aujourd’hui je me sens Arabe, aujourd’hui je me sens Africain, aujourd’hui je me sens gay, aujourd’hui je me sens handicapé, aujourd’hui je me sens travailleur migrant » a capté l’attention du monde et restera sans doute à jamais associée à la Coupe du monde 2022.

« En Europe, on ferme nos frontières »

Mais les critiques contre les politiques migratoires européennes et occidentales ainsi que le parallèle fait avec celle du Qatar, sont, au final, passées presque inaperçues.

Le président de la FIFA a choisi de s’appuyer sur un rapport de Human Right Watch (HRW) qui estime qu’« à cause des politiques migratoires européennes, 25 000 migrants sont morts depuis 2014, et 1 200 juste cette année », a indiqué d’un ton grave l’Italo-Suisse en s’interrogeant sur les raisons qui font que personne n’exige des compensations pour ces décès.

Il a aussi tenu à rappeler que le Qatar, contrairement à l’Europe et aux pays occidentaux, offrait la possibilité à des milliers d’hommes et de femmes de gagner leur vie et de subvenir aux besoins de leurs familles.

« Le Qatar offre actuellement cette opportunité, des centaines de milliers de travailleurs de pays développés viennent ici et gagnent plus que ce qu’ils percevaient dans leur pays, ils aident leurs familles à survivre. Ils le font légalement. Nous, en Europe, on ferme nos frontières et nous n’autorisons pratiquement aucun travailleur de ces pays aux revenus très bas, à venir travailler légalement », a-t-il insisté.

« Nous savons tous qu’il y a beaucoup de travailleurs illégaux dans nos pays en Europe. Ils vivent dans des conditions qui ne sont pas non plus les meilleures », a-t-il rappelé en invitant ceux qui se soucient du bien-être et des droits des jeunes « à faire comme le Qatar et à créer des canaux, des canaux légaux, pour l’arrivé d’une partie de cette jeunesse. »

Le successeur de Sepp Blatter a tenu aussi à dénoncer l’hypocrisie des grosses multinationales et de certains pays qui brassent des milliards au Qatar sans jamais se soucier des conditions de travail, quand la FIFA, elle, le fait.

« Parmi les grandes entreprises qui gagnent des milliards au Qatar, combien ont réglé la question du sort des travailleurs migrants ? Aucune, parce qu’un changement de législation veut dire moins de profits. Mais nous, nous l’avons fait », a-t-il lancé, avant de s’interroger : « Pourquoi personne ne reconnaît ces progrès ? ».

Tout comme il tenu à rappeler que lors de la dernière prise de Kaboul par les talibans, le seul pays qui a accepté de recueillir des joueuses de football est l’Albanie.

Plusieurs pays s’étaient pourtant engagés à le faire, a souligné le président de la FIFA, et ont fini par les refuser.

MEE