Les États-Unis doivent cesser de jeter de l’huile sur le feu alors que de plus en plus de personnes souffrent du froid de l’hiver.

Par Liu Xin et Xu Yelu

Neuf mois exactement après l’éclatement du conflit russo-ukrainien le 24 février, la Russie et l’Ukraine ne sont pas les seules victimes de la crise, l’Europe et les États-Unis, qui la soutiennent, sont également profondément embourbés. Alors que le conflit continue de s’enliser dans une impasse, il suscite de plus en plus d’inquiétudes au sein de la communauté internationale, notamment après les dernières frappes aériennes sur les villes ukrainiennes, qui ont provoqué des coupures d’électricité et d’eau. Selon les médias, il s’agit de la plus importante frappe lancée par la Russie contre les infrastructures en Ukraine depuis le 15 novembre.

Kiev, la capitale de l’Ukraine, la ville de Lviv, à l’ouest, et la ville de Mykolaiv, au sud, figurent parmi les nombreuses zones qui ont signalé des frappes de missiles. 

Le Conseil de sécurité des Nations unies a convoqué une réunion d’urgence sur l’Ukraine mercredi, au cours de laquelle l’ambassadeur chinois Geng Shuang a déclaré que le conflit en cours en Ukraine a conduit à des attaques constantes contre des installations civiles et à l’augmentation constante du nombre de victimes civiles et de personnes déplacées, ce qui est une évolution très inquiétante. Il n’y a pas de gagnant dans les conflits et les guerres.

M. Geng a noté que la communauté internationale devrait travailler ensemble pour soutenir tous les efforts en vue d’une résolution pacifique de la crise en Ukraine, éviter l’escalade du conflit et prévenir l’émergence d’une crise nucléaire.

L’expert militaire chinois Song Zhongping a déclaré que le conflit Russie-Ukraine est actuellement dans l’impasse alors que les tensions se sont accumulées depuis 2014. Les frappes aériennes de la Russie contre des cibles stratégiques en Ukraine visent à affaiblir davantage le potentiel militaire de l’Ukraine, à la pousser à adopter une position réaliste lors des pourparlers et à s’octroyer davantage de leviers dans les négociations avec les États-Unis, a déclaré au Global Times un expert en sécurité internationale qui a requis l’anonymat.

Pas de point de basculement

La réunion de l’ONU de mercredi s’est également transformée en un autre champ de bataille, le président ukrainien Volodymyr Zelensky ayant appelé l’ONU par liaison vidéo à prendre des mesures pour mettre fin aux frappes aériennes russes. L’ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a accusé la Russie de « militariser l’hiver », tandis que le diplomate russe Vasily Nebenzya a déclaré à la réunion de l’ONU que les remarques de Zelensky et de ses alliés ne pouvaient être interprétées comme « une volonté de paix, mais qu’il s’agissait plutôt d’un langage de menaces et d’ultimatums irréfléchis ». 

Le conflit russo-ukrainien est encore loin d’avoir atteint son point de basculement car ni les États-Unis, ni l’UE, ni le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’ont apporté de changements politiques significatifs, a déclaré l’expert anonyme. Au contraire, les États-Unis continuent d’attiser les flammes et l’UE est contrainte d’avaler la pilule amère sans pouvoir rien changer. Il a noté qu’il n’est pas non plus facile de promouvoir les pourparlers entre la Russie et l’Ukraine, car l’administration Biden considère la situation actuelle comme un succès et tente de la prolonger pour gagner plus de capital politique. 

Mercredi, l’administration Biden a annoncé une aide militaire supplémentaire de 400 millions de dollars pour l’Ukraine. Parmi les armes expédiées figurent 150 mitrailleuses lourdes équipées de viseurs spéciaux à imagerie thermique pour aider à abattre les drones autodestructeurs, ainsi que des munitions pour un système de défense aérienne, ont indiqué les médias américains citant des responsables du Pentagone. 

Song, l’expert militaire, a déclaré au Global Times qu’actuellement, les équipements militaires que les États-Unis et certains pays occidentaux ont envoyés à l’Ukraine sont principalement des armes légères et moyennes, les plus lourdes étant les véhicules blindés, les HIMARS M142 et les obusiers M777. Les armes et équipements lourds et de grande taille ne sont pas fournis. 

Les batailles militaires deviendront probablement plus intenses si les États-Unis et l’OTAN envoient des forces mercenaires supplémentaires équipées d’armes lourdes pour soutenir l’Ukraine – ce sera le point central à observer dans les futurs affrontements en Ukraine et cela signifiera également plus de tragédies pour l’Europe, a déclaré Song. 

En déclenchant le conflit russo-ukrainien, les États-Unis ont fait une grande fortune en fournissant de l’énergie à l’UE, en réalisant leur objectif de contenir la Russie et de renforcer le partenariat transatlantique, tandis que la Russie a grandement consommé sa force nationale et exposé certains problèmes intérieurs et que l’Ukraine, qui est restée au cœur du champ de bataille, a sapé son économie, sa stabilité sociale et le bien-être de la population, a déclaré jeudi au Global Times Cui Heng, chercheur adjoint au Centre d’études russes de l’Université normale de Chine orientale.

Les pertes de l’Europe ne sont pas moindres que celles de la Russie, car l’Europe continue de souffrir d’une inflation élevée et paie un prix énorme pour sa sécurité énergétique, a déclaré M. Cui.

Mardi, l’Ukraine a également reçu une nouvelle tranche de soutien financier de 2,5 milliards d’euros de la part de l’UE, selon Reuters. À la suite de la réunion du Conseil européen d’octobre 2022, la Commission de l’UE avait également proposé une aide sans précédent à l’Ukraine, pouvant atteindre 18 milliards d’euros pour 2023, selon un communiqué de la Commission. 

Toutefois, les voix qui préconisent de dépenser plus d’argent pour résoudre des problèmes étroitement liés aux moyens de subsistance des populations s’élèvent au sein du bloc, alors que les pays européens sont confrontés à l’un des hivers probablement les plus difficiles avec une flambée des prix de l’énergie et une inflation sévère, selon les analystes.

La population a payé un lourd tribut aux conflits entre la Russie et l’Ukraine et elle souffrira davantage si les conflits se poursuivent ou s’aggravent. Les gouvernements des pays concernés devraient prendre des mesures concrètes pour protéger leur propre population et leurs intérêts nationaux au lieu de servir uniquement les intérêts géopolitiques des États-Unis, ont déclaré les analystes. 

M. Cui a également noté que la tension entre la Russie et l’Ukraine a atteint un tel niveau qu’il est nécessaire que d’autres pays se distinguent par leur médiation et la promotion du dialogue, par exemple la Chine, la Turquie et l’Inde.  

De plus en plus de pays appellent les parties concernées par la crise ukrainienne à faire preuve de retenue, compte tenu des problèmes humanitaires causés par les conflits et de leurs retombées sur l’économie et la stabilité mondiales. Mercredi, l’ambassadeur chinois Geng a déclaré lors de la réunion de l’ONU que la situation humanitaire en Ukraine sous le conflit est désastreuse et que le froid aggravera considérablement le sort de la population. Il a appelé toutes les parties concernées à agir avec prudence, à garantir la sécurité des installations nucléaires et à éviter de provoquer des accidents nucléaires d’origine humaine. 

Global Times