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Les membres du parlement sud-africain rassemblés avant un débat.
Les membres du parlement sud-africain rassemblés avant un débat sur la possibilité de lancer des procédures pour destituer le président sud-africain Cyril Ramaphosa, lors d’une séance parlementaire à Le Cap le 13 décembre 2022.Photo : afp via getty images / GIANLUIGI GUERCIA

    Agence France-Presse

    Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, embourbé dans un scandale depuis des mois, a échappé mardi à l’ouverture d’une procédure de destitution, le Parlement s’y étant largement opposé à l’issue d’un débat houleux.

    L’assemblée a voté contre à 214 voix, pour à 148 voix et deux abstentions. Chacun des députés présents a énoncé clairement son choix, s’exprimant dans les onze langues officielles du pays.

    Lors du débat, soutenu, la présidente a appelé au calme, usant parfois du zoulou Thula! Thula (taisez-vous). Si plus de 50 % d’entre eux avaient jugé suffisamment grave l’affaire de cambriolage qui gêne le président, une procédure aurait été lancée pour examiner l’affaire en détail.

    Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa.
    Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa.Photo : Getty Images / SUMAYA HISHAM

    Un cambriolage camouflé

    M. Ramaphosa, 70 ans, qui a fait fortune dans les affaires avant d’accéder à la fonction suprême, est accusé d’avoir caché à la police et au fisc un cambriolage dans sa propriété de Phala Phala, où il élève des bovins rares.

    En février 2020, des intrus étaient repartis avec 580 000 dollars dénichés sous les coussins d’un canapé. Le fruit de la vente de vingt buffles, selon le président. De l’argent sale, selon la plainte déposée en juin par un opposant politique.

    M. Ramaphosa, qui a passé mardi la journée entre Pretoria et Johannesburg, n’est pas inculpé, l’enquête de police se poursuivant.

    En soirée, dans une brève déclaration à l’AFP , son porte-parole a déclaré que le président Ramaphosa a toujours affirmé son engagement en faveur de l’application de la loi.

    Le Parlement se prononce

    Un rapport parlementaire, rédigé par trois juristes, avait conclu fin novembre que M. Ramaphosa a pu commettre des actes contraires à la loi. C’est sur cette base que le Parlement devait se prononcer.

    Nous ne votons pas pour déclarer le président innocent ou coupable, avait tenté lors du débat le chef du principal parti d’opposition (DA), John Steenhuisen, mais pour que le Parlement puisse aller au fond de l’affaire.

    Le chef de l'Alliance démocratique John Steenhuisen parle pendant un débat.
    Le chef de l’Alliance démocratique, John Steenhuisen, principal parti d’opposition, parle pendant un débat sur la possibilité de lancer des procédures pour destituer le président sud-africain.Photo : afp via getty images / GIANLUIGI GUERCIA

    C’est un moment décisif: Le Parlement affirmera aujourd’hui que personne n’est au-dessus de la loi ou que quelques-uns le sont, a déclaré Vuyolwethu Zungula, du petit parti d’opposition ATM à l’origine d’une motion de censure.

    Julius Malema, leader de l’EFF (gauche radicale) s’est dit déçu par le président, l’accusant même, dans son style cru, de pisser sur la Constitution.

    Le rapport place la barre trop bas pour destituer un président en exercice, a contesté le ministre de la Justice, Ronald Lamola. Il n’y a pas assez d’éléments pour le justifier, a martelé le fervent soutien du chef de l’État alors que le Congrès national africain (ANC) avait donné la consigne claire à ses élus de rejeter une telle procédure.

    Importance réunion du parti à venir

    Ce vote déterminant pour l’avenir immédiat du président, qui reste très populaire en dépit de soupçons d’évasion fiscale ou de blanchiment, intervient trois jours avant une réunion cruciale de l’ANC.