
Agence France-Presse
Le républicain Kevin McCarthy a réussi lundi son premier test en tant que président de la Chambre des représentants américain avec l’adoption, sans difficulté, du règlement de ladite Chambre, à la tête de laquelle il a péniblement été élu avant le week-end.
Les élus de la Chambre basse, qui a basculé de justesse dans le camp républicain lors des élections de mi-mandat, ont adopté dans la soirée les règles qui encadreront leur action pendant les deux ans à venir.
Seul un élu républicain a fait défection, un résultat remarquable tant le parti s’est déchiré la semaine dernière.
Pendant quatre jours, une poignée d’élus trumpistes avaient en effet bloqué l’accession à la présidence de la Chambre de Kevin McCarthy, qui n’a finalement été élu qu’au 15e tour de vote et dans une ambiance électrique, un scénario inédit depuis plus de 160 ans.
L’élu de Californie s’est félicité sur Twitter de l’adoption de règles qui encouragent les élus à débattre, augmentent la transparence et rouvrent le Congrès au peuple
.
Mais ses confrères démocrates ont relevé que Kevin McCarthy avait accordé de larges concessions aux frondeurs pour les faire entrer dans le rang.
« Je suis inquiet des accords conclus dans les coulisses. […] Ces règles ne représentent pas une tentative sérieuse de gouverner, mais une demande de rançon adressée à l’Amérique par l’extrême droite. »
Jim McGovern, représentant démocrate de l’État du Massachusetts
Pendant le week-end, des élus républicains modérés avaient exprimé les mêmes reproches. Nous n’avons aucune idée des promesses qui ont été faites […] et cela me fait mal au coeur
, avait notamment déclaré l’élue Nancy Mace, en disant hésiter à soutenir le texte.
Le projet de règlement
Le nouveau règlement oblige les élus à être présents pour voter les textes de loi, contrairement à une mesure adoptée pendant la pandémie. Il autorise également un seul d’entre eux – contre cinq jusqu’ici – à introduire une motion de défiance contre le président.
Ensuite, il prévoit la création d’une commission d’enquête sur l’instrumentalisation
par les démocrates du département de la Justice – un moyen de décrédibiliser les enquêtes visant l’ex-président Donald Trump.
Enfin, le projet comprend des mesures pour régler notre problème de dette incontrôlable
, a expliqué l’élu Tom Cole. Il impose notamment que chaque nouvelle dépense soit financée par une coupe ailleurs dans le budget et prévoit d’annuler 72 milliards de dollars alloués aux agents du fisc.
La Maison-Blanche a fait savoir que le président Biden opposerait son veto si cette dernière proposition devait être adoptée définitivement, au motif qu’elle causerait 115 milliards de dollars américains en déficit en autorisant les riches tricheurs à échapper à l’impôt
.
Selon les médias américains, Kevin McCarthy a fait d’autres promesses pour satisfaire les dissidents. Il aurait notamment accepté de geler le montant du budget pour 10 ans et de réduire de 10 % les dépenses militaires.
Il a été proposé de couper des milliards de dollars dans le budget de la Défense; je pense que c’est une idée horrible
, a commenté dès dimanche l’élu républicain Tony Gonzales, qui a finalement joint sa voix aux démocrates lundi.
« Avec l’agression russe en Ukraine, la menace chinoise croissante dans le Pacifique […], comment allons-nous pouvoir regarder nos alliés dans les yeux pour leur demander d’augmenter leur budget militaire si l’Amérique diminue le sien? »
Tony Gonzales, représentant républicain de l’État du Texas
Des craintes pour l’aide militaire à l’Ukraine
D’autant que ces coupes pourraient peser sur les aides à Kiev.
Tout est sur la table
, a admis Jim Jordan, un lieutenant fidèle de l’ex-président Donald Trump et rallié à Kevin McCarthy. Franchement, il faut qu’on regarde l’argent envoyé en Ukraine et qu’on se demande s’il n’y a pas un meilleur moyen de protéger l’Amérique.
La portée de ces mesures est toutefois largement symbolique : les lois adoptées à la Chambre n’ont aucune chance d’être adoptées au Sénat, dont les démocrates gardent le contrôle.
Les républicains auront donc surtout un pouvoir de nuisance, par l’intermédiaire de leur pouvoir d’enquête ou de blocage des projets de loi portés par le gouvernement de Joe Biden.