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Biden F16 ou des B52
Biden jette Zelensky dans la gueule du loup. D. R.

Une contribution d’Ali Akika – Depuis le 24 février 2022, la liste du catalogue à la Prévert ne cesse de s’allonger sans rassasier le président ukrainien. En vérité, ce n’est pas les armes, fussent-elles des F16 ou des B52, qui assurent avec certitude la victoire. Le sort des armes est soumis à d’autres facteurs et notamment le Temps. Ce dernier n’est pas prêt de mettre fin à la curiosité de l’homme qui court vainement derrière lui…

Depuis que la guerre existe, les hommes ont théorisé les éléments constitutifs de l’art de la guerre, le temps et l’espace (la géographie). Mais l’Occident oubliant ce qu’écrivait Spinoza (grand philosophe hollandais), «l’homme peut maîtriser l’espace mais reste impuissant devant le temps», le même Occident s’abandonnant à la fascination de la technique, finit par décréter la primauté de celle-ci sur l’homme. C’est pourquoi on assiste sur l’Ukraine à la démission devant les exigences de Monsieur Plus, Zelensky qui réclame toujours plus d’armement, condition sine qua non, selon lui, pour gagner la guerre. Il est vrai que cette croyance en la primauté de la technique habite les esprits de certaines idéologies et on sait identifier de nos jours les sources philosophiques de cette croyance. Heureusement que ce type de philosophie n’est pas partagé par tout le monde, car la guerre, phénomène sérieux, obéit aux leçons de l’histoire. Et dans notre présent, deux visions de l’histoire et du monde se font face à face.

Il se trouve que deux pays sont dans la ligne de mire des Etats-Unis qui veut affaiblir la Russie en ce moment, et passer ensuite à la Chine, forteresse militaire et rival économique dont il faut bloquer la puissance. Il se trouve aussi que ces deux pays amis, outre leur puissance, notamment en armes sophistiquées, ont un autre rapport à l’histoire et donc à la guerre. Et dans leur rapport philosophique à la guerre, on y trouve l’esprit du jeu d’échec et le Go chinois où ces pays excellent (1). Tout ça pour dire qu’à l’occasion de la fourniture de nouvelles armes à l’Ukraine, on découvre que l’oubli ou l’ignorance de l’art de la guerre réserve de mauvaises surprises. Et sur les plateaux des médias où l’on se pâmait des victoires de l’armée ukrainienne, on découvre que la guerre sera longue et que la guerre des tranchées et de mouvements s’est imposée. Et l’oubli des leçons de la guerre et le culte de la «modernité» ont poussé l’Occident à vendre leurs chars et leurs canons anciens à la ferraille pour privilégier l’aviation, arme idéale d’attaque et, par extension, d’agression.

Résultat, aujourd’hui, tous ces pays sont équipés de chars et de canons qui se comptent sur les doigts des deux mains, leurs stocks des obus ne peuvent alimenter le front au-delà de quelques semaines. Evidemment, personne ne dit les raisons de la situation des armées qui se veulent les plus modernes. La raison, c’est l’ex-Premier ministre français Laurent Fabius qui la donne. L’URSS disparue, dit-il tout heureux, à nous les dividendes de la paix, à nous la fête. A cette vision étriquée et mensongère, il faut ajouter que la nature économique du système met au rebut le «vieux» matériel pour que les marchands d’armes renouvellent les armes et gagnent le Jack Pot en suscitant des guerres. C’est cette vision étriquée des choses conjuguée avec l’ignorance de l’art de la guerre qui ont précipité les «experts» à raconter un récit sur la guerre en Ukraine pour défendre, disent-ils, les valeurs de la civilisation.

Ainsi, ils restent admiratifs devant la «vaillante armée» ukrainienne avançant au nord-est de l’Ukraine après le retrait des Russes, et au sud après leur entrée «victorieuse» dans Kherson, sans tirer un coup de feu, attendant que les Russes évacuent la ville tranquillement. Aujourd’hui, il apparaît que ces deux épisodes «victorieux» sont plutôt le point de départ des déboires des Ukrainiens. Par ignorance des faits ou pour ne pas se dédire, ces «experts» ne veulent pas reconnaître que les Russes apprennent de leurs erreurs et s’adaptent aux réalités du terrain. En clair, les Russes ont manœuvré en fonction du terrain et ont leurré ou poussé à la faute leur ennemi. Ils ont attiré les Ukrainiens aux frontières de la région de Donetsk pour allonger les lignes de front et épuiser les forces ukrainiennes. Aujourd’hui, l’âme triste et la rage dans le cœur, les petits soldats de la désinformation ont ravalé leurs sarcasmes et leurs préjugés frisant le racisme. Souvenons-nous de leur médisance sur une armée russe mal «vêtue», mal «équipée», «démoralisée» et subissant des pertes «insupportables». Ces «tares», c’est bien connu, leurs généraux en sont les responsables car ils ne donnent aucune valeur à la vie humaine. Nos «experts,» hier disaient tranquillement ces insanités de la pire espèce mais aujourd’hui ils recouvrent de leur silence leur couardise. Ainsi, il a fallu que le chef de l’armée américaine cite le chiffre de 100 000 morts et blessés ukrainiens pour qu’on murmure ce chiffre dans les médias. Il a fallu que le Pentagone conseille/ordonne l’évacuation de Bakhmout pour entendre parler de la défaite à Soledar pour préparer l’opinion à la débâcle non seulement de Bakhmout mais l’ouverture de la route en direction de Kramatorsk, siège de l’état-major ukrainien, signant ainsi la conquête totale du Donbass.

Avant de cerner la cause de l’agitation autour du cirque actuel des chars, des F16 et les bruissements sur les divergences au sein de l’OTAN, il n’est pas sans intérêt de rappeler l’épisode de l’entrée de l’armée russe en Ukraine. Les troupes russes sont entrées dans ce pays le 24 février 2022, par la frontière biélorusse et, en 48 heures, elles étaient aux portes de Kiev, la capitale. Elles campèrent pendant un mois dans de petites villes et villages autour de Kiev. L’armée russe se retira en bon ordre pour se diriger vers le Donbass.

Echec, crièrent en chœur les propagandistes abreuvés par des sources de divers instituts financés par le Pentagone et la CIA. Pour faire avaler leur propagande indigeste, ils utilisèrent des mots ronflants comme Blitzkrieg (guerre éclair) et prêtèrent au président russe d’avoir planifié la conquête de Kiev en trois jours. Ces messieurs, à défaut de pouvoir lire dans la tête du président Poutine, se mirent à élaborer une version qui caresse leur nombril et rassure l’Occident. La machine du mensonge se mit en marche et les petits soldats qui squattent les médias répandirent la version de l’échec de la guerre éclair. Cette version fut chantée du simple journaliste jusqu’à des ex-généraux de l’OTAN. Ce retrait du nord de l’Ukraine comme celui, plus tard, de Kherson deviennent des «vérités» à force d’être répétées sans donner la parole à d’autres analystes. Heureusement l’existence des réseaux sociaux offre l’opportunité de contrer ces «vérités».

Laissons ce monde avec ses politiques, ses militaires, ses journalistes s’amuser et vivre par procuration les aventures que le monde moderne ne leur offre plus. En un mot comme en cent, aujourd’hui on ne peut faire gober de grossiers mensonges à l’opinion qui n’est pas uniquement composée de gens incultes ou demeurés. Que de naïveté de réduire l’issue d’une guerre à des déploiements de chars et d’avions et de vouloir faire peur à un pays qui a les moyens de sa riposte. La guerre est chose sérieuse, et nos petits soldats devraient s’imprégner de la définition de la guerre par Karl Von Clausewitz, le contraire des jeux vidéo pour adolescents… Les bouleversements en cours peuvent faire rentrer le monde dans l’œil du cyclone. Des forces destructrices aux ambitions démesurées et qui se pensent des vainqueurs par nature sont à l’œuvre. Ils s’octroient le droit d’être les détenteurs de la vérité et de la compétence. Pourtant, ces prétentions, l’histoire coloniale est là pour témoigner de leur défaite face à des Vietnamiens armés uniquement de la célèbre Kalachnikov. L’histoire nous apprend que les aventures coloniales se sont soldées par des défaites politiques, morales et militaires. Et que la vérité et la compétence ont plutôt brillé par leur absence devant des peuples déterminés sous une direction politique qui a pris soin d’étudier la mentalité et le cynisme d’un Kissinger. Les forces qui ont poussé à la guerre, organisé des sanctions et leurs propagandistes vantant la cavalerie ukrainienne qui balaie tout sur son chemin, commencent à douter de la victoire du «bien contre le mal». Ainsi, on attend toujours l’efficacité des sanctions contre la Russie, et on risque d’attendre longtemps, quand le FMI, «noyauté par des révolutionnaires», vient de «démentir» l’effondrement de l’économie russe, en annonçant un taux de croissance positif.

Rassuré par les succès de l’armée russe et la santé économique de son pays, le ministre des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, sillonnent le monde sans se soucier de ce que pensent New York, Paris ou Londres. Il consacre son temps à développer les relations avec des pays où se développe l’économie de demain qui va faciliter le commerce entre pays qui ne veulent plus subir le diktat du dollar. Cette monnaie n’inspire plus la même confiance quand les banquiers qui abritent les dollars de X et Y peuvent être confisqués. Confiscation illégale qui devient du banditisme quand lesdits capitaux sont transférés à la demande d’un président ukrainien qui culpabilise son monde.

Bref, les réponses de l’Occident à la guerre en Ukraine sont en train de faire sauter l’architecture des règles économiques et financières du capitalisme. Le plus cocasse, triste et angoissant, c’est le hors sol de ces forces politiques qui ne peuvent pas faire le lien entre ladite architecture qui est la source qui entraîne le monde au bord d’un précipice… Dans leur bunker, sourdes aux bruits de la vie, ces forces obligent le reste du monde à penser et à prévenir leurs dérapages potentiels, comme une mère ou un père qui surveille son enfant pour éviter qu’il fasse des bêtises.

1- Le Go est un jeu chinois. Grosso modo, ça consiste à pénétrer les lignes ennemies, les encercler, faire des prisonniers, grignoter le territoire et la victoire appartient à celui qui agrandit son territoire après avoir détruit les forces de l’ennemi.

Algérie Patriotique