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Le Conseil de sécurité de l'ONU réunit à New York.
Les 15 membres du Conseil de sécurité de l’ONU condamnent unanimement la légalisation de neuf colonies israéliennes en Cisjordanie occupée.Photo : Reuters / Mike Segar

Agence France-Presse

Le Conseil de sécurité de l’ONU a dénoncé lundi, pour la première fois depuis six ans, les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens, dans une déclaration moins forte qu’envisagé, qui a provoqué la colère d’Israël.

La poursuite des activités de colonisation d’Israël met en péril la viabilité de la solution à deux États, estime le Conseil dans cette déclaration de la présidence, approuvée par consensus par l’ensemble des 15 membres, mais qui n’a pas la portée contraignante d’une résolution.

Le Conseil s’oppose fermement à toutes les mesures unilatérales entravant la paix, y compris, entre autres, la construction et l’expansion de colonies israéliennes, la confiscation des terres de Palestiniens, et la légalisation de colonies, la démolition de logements palestiniens et le déplacement de civils palestiniens.

Et il exprime sa profonde inquiétude et sa consternation concernant l’annonce israélienne de la légalisation des neuf colonies et de la construction de nouveaux logements dans les colonies existantes.

Le bureau du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a dénoncé une déclaration unilatérale niant le droit des Juifs à vivre dans leur patrie historique, ignorant les attentats terroristes palestiniens à Jérusalem au cours desquels 10 citoyens israéliens ont été assassinés ces dernières semaines.

Les États-Unis n’auraient jamais dû se rallier à ce texte, a-t-il ajouté.

Un projet de résolution abandonné

Après l’annonce sur les neuf colonies, les Émirats arabes unis avaient préparé la semaine dernière un projet de résolution du Conseil de sécurité.

Le projet visait notamment à ce que le Conseil condamne toutes les tentatives d’annexion, y compris les décisions et mesures d’Israël concernant les colonies et appelait à leur retrait immédiat. Un terme de condamnation qui n’est pas dans la déclaration publiée lundi.

L’initiative avait provoqué le mécontentement des États-Unis qui ont le droit de veto au Conseil. Le département d’État avait ainsi dénoncé une résolution peu utile au regard du soutien nécessaire aux négociations sur la solution des deux États, tout en dénonçant l’annonce israélienne sur les neuf colonies.

Le projet de résolution a été retiré après des discussions, notamment, entre Palestiniens et Américains, a indiqué une source diplomatique.

Les Émirats ont travaillé dur avec différentes parties, avec les Palestiniens et d’autres, avec les États-Unis qui ont fait un immense travail diplomatique, pour parvenir à l’unité du Conseil, a commenté leur ambassadrice Lana Zaki Nusseibeh.

C’est la première décision [du Conseil] sur ce dossier depuis plus de six ans, a-t-elle souligné. Depuis une résolution de décembre 2016 où, pour la première fois depuis 1979, le Conseil de sécurité avait demandé à Israël de cesser la colonisation dans les territoires palestiniens.

À quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, cette adoption avait été permise par la décision des États-Unis de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu’ils avaient toujours soutenu Israël jusqu’alors sur ce dossier sensible et qu’ils ont continué ensuite.

Bien qu’« utile », la déclaration d’aujourd’hui, édulcorée sous la pression des États-Unis et d’Israël, est loin d’être une retentissante condamnation que la grave situation mérite, a regretté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

Interrogé sur son éventuelle déception, l’ambassadeur palestinien à l’ONU, Riyad Mansour, a souligné que l’important était d’avoir une position unie du Conseil.

Isoler une partie est un pas dans la bonne direction, a-t-il déclaré à la presse. Ce message doit être transmis et traduit en un plan d’action avec un calendrier pour des efforts de l’ONU et de ses États membres pour nous mettre sur un chemin différent vers la liberté, la justice et la paix, a-t-il déclaré aux membres du Conseil, alors qu’aujourd’hui nous approchons rapidement d’un point de rupture.