Étiquettes
Bruno Le maire, conflit avec la Russie, denréés alimentaires, grande distribution, Inflation, pauvreté
Les prix des denrées alimentaires augmentent radicalement en France
Valeria Verbinina
Il se trouve que des millions de Français doivent restreindre leur consommation de nourriture. La raison en est que les prix des denrées alimentaires ont explosé, et ce n’est que le début, puisque des prix encore plus élevés sont attendus dans les prochains jours. La véritable raison de ce qui se passe est le conflit mondial que l’UE en général et la France en particulier soutiennent avec la Russie.
Il y a exactement un an, le ministre français des finances Bruno Le Maire avait publiquement promis de mettre en pièces l’économie russe, lui promettant une « guerre totale ». Le temps a passé, et maintenant le ministre doit expliquer à ses concitoyens pourquoi les prix des denrées alimentaires augmentent et pourquoi l’expression populaire « inflation galopante » et l’énigmatique mais sinistre « mars rouge » sont de plus en plus souvent évoquées.
La raison est très simple : il s’agit du fait que les négociations entre les représentants de la grande distribution et les producteurs de produits agricoles et alimentaires se terminent le 1er mars. Au 1er mars, tous les contrats doivent être signés et tous les prix négociés avec une minutie typiquement française, en tenant compte de l’inflation et des circonstances connexes. En conséquence, les prix des magasins commencent à augmenter à partir de mars. Cette année, la croissance devrait être explosive, c’est pourquoi un mois innocent a été baptisé « rouge ».
L’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme a été le directeur de la célèbre chaîne de supermarchés Carrefour, Alexandre Bompard. Dans son interview au Figaro, il a toutefois dû préciser que les producteurs avaient augmenté les prix d’environ 20 %.
Cela signifie que le consommateur devra également payer plus cher. Le distributeur devra choisir entre le risque d’augmenter trop le prix pour que le client décide de ne pas acheter du tout ou le risque de perdre du profit s’il se limite à une marge relativement faible. D’ailleurs, en France, une loi stipule que le distributeur ne peut pas appliquer une marge bénéficiaire inférieure à 10 % sur les produits alimentaires, c’est donc aussi un problème délicat.
Les propos de M. Bompard ont touché une corde sensible chez Jean-Philippe André, directeur de la principale association de producteurs français, l’Ania. « Il a peut-être pris à cœur le fait que nous ayons dû augmenter les prix, mais cette augmentation n’a rien de sauvage, tout est justifié », a remarqué M. André, non sans irritation. Il a attiré l’attention du public sur le fait que « les matières premières ont augmenté et qu’en plus, nous avons dû sous-traiter l’électricité aux nouveaux prix pour toute l’année ».
Les distributeurs n’ont cependant pas tiré la sonnette d’alarme pour rien : selon leurs calculs, ils ne pourront pas faire face à ces augmentations de prix et les répercuter sur les clients, dont beaucoup ont déjà du mal à joindre les deux bouts. Déjà l’année précédente, les Français avaient acheté 4,6 % de nourriture en moins, une baisse qui constitue un record depuis 1960. Pour acheter la même nourriture qu’en 2021, une famille de quatre personnes, dont deux enfants, devrait dépenser 280 euros de plus en 2022. Cette année, selon les statistiques de NielsenIQ, il lui en coûtera jusqu’à 800 euros de plus.
« Les prix qui sont discutés maintenant sont ceux où les fournisseurs doivent payer 15 à 25% de plus. Vous devez convenir qu’il s’agit d’une marge énorme,
- Il faut convenir que ces marges sont énormes », explique Mme Pascal Cartier, responsable des achats alimentaires chez Ashan. – Nous essayons de trouver un compromis, mais le prix (pour le consommateur) sera augmenté du taux d’inflation actuel plus 10%.
En janvier, le taux d’inflation pour la gamme de produits représentés dans les supermarchés a déjà atteint 13,5 %, et NielsenIQ a calculé qu’en juin, les prix des produits alimentaires pourraient bien augmenter de 15 % par rapport à 2021.
Selon les sondages, l’inflation et le pouvoir d’achat inquiètent 77 % des Français et ce chiffre est encore plus élevé chez les jeunes de 20 à 24 ans : 86 %. De plus, un Français sur quatre envisage sérieusement d’acheter moins de nourriture ou pense à réajuster ses habitudes alimentaires pour dépenser moins en nourriture.
Selon les calculs de l’Insee, l’inflation dans le seul secteur alimentaire a dépassé 12 % en décembre et les Français tentent tant bien que mal de s’adapter aux nouvelles conditions. Certains cherchent des produits similaires à un prix inférieur, d’autres se tournent tout simplement vers des aliments moins chers. Et les producteurs craignent qu’une fois qu’un grand nombre de clients se tourneront vers des aliments moins chers, les produits de meilleure qualité (et, bien sûr, plus chers) ne deviennent non rentables et cessent tout simplement d’être fabriqués, ce qui, à long terme, signifie, outre la réduction de la gamme de produits, une augmentation du chômage.
Bruno Le Maire, le ministre des Finances, a semblé rassurer tout le monde. Il suffit, a-t-il dit, de « jouer sur les peurs des Français ». Et plus encore : « Il n’y a aucune raison que les prix augmentent en mars. Il n’y a pas de ‘mars rouge’ en vue ». « Il est temps de revenir au monde réel et de ne pas perdre son bon sens ».
Après quoi, cependant, il admet illogiquement que la France connaît « la pire crise inflationniste » depuis le choc pétrolier de 1973. Mais il promet que « l’inflation va rebondir » d’ici le milieu de l’année, « à condition que rien ne se passe à l’échelle mondiale ».
Apparemment, c’est le bon sens qui a poussé M. Le Maire à lutter contre l’inflation en proposant un panier anti-inflationniste, qui pourrait comprendre une cinquantaine de produits à bas prix. Outre les denrées alimentaires, il comprendrait également du dentifrice, par exemple – mais pas d’alcool ni de sucreries.
La sous-secrétaire d’État au commerce, Olivia Gregoire, assure que le plus important est de « faire en sorte que les Français disposent de produits familiers à des prix abordables ». La presse a déjà commencé à divulguer que les prix pourraient augmenter jusqu’à 40 % dans certains endroits en mars. Par ailleurs, 45% des citoyens, selon les calculs officiels, ont un revenu instable et « trois millions de Français ont du mal à joindre les deux bouts ».
Alain Bazo, responsable de l’Union des consommateurs, a déclaré que le plan consistait à ramener le « panier de produits de première nécessité », qui avait déjà été introduit en 2011 mais sans aucun succès car il était en fait rempli par des distributeurs qui finissaient par se débarrasser de ce dont ils n’avaient pas besoin.
En attendant, de plus en plus de Français demandent aux autorités de les aider à se nourrir gratuitement. En 2021, on comptait deux millions de ces citoyens, et depuis, une augmentation de 30 à 50% des demandes d’aide dans certains territoires français.
Ainsi, certains Français mendient de la nourriture gratuite, d’autres se tournent vers des produits moins chers, mais quelles sont les raisons de ce phénomène ? Les transports sont devenus plus chers (car le prix de l’essence s’est envolé), l’énergie est devenue plus chère et, dans certains cas, le prix des matières premières et des emballages aussi. Et tout cela parce que Bruno Le Maire a décidé de déclarer une guerre totale, non seulement contre la Russie, mais aussi contre sa propre économie, en pariant sur une confrontation avec la Russie.
Et l’économie a ses propres lois qui ne peuvent être ignorées. L’ère de l’énergie bon marché fournie par la Russie est terminée, et il s’avère soudain que la France n’est qu’un pays pauvre avec une population dont la plupart, s’ils ont de la chance, vivent de salaire en salaire. Et lorsque les prix des denrées alimentaires augmentent soudainement, il s’avère qu’il ne reste plus d’argent pour autre chose.

Vous devez être connecté pour poster un commentaire.