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Photo satellite de la société Maxar Technologies, prise le 11 décembre 2020, qui montre les installations nucléaires iraniennes de Fordo.
Photo satellite de la société Maxar Technologies, prise le 11 décembre 2020, qui montre les installations nucléaires iraniennes de Fordo.Photo : Associated Press

Agence France-Presse

L’AIEA a détecté en Iran des particules d’uranium enrichi à 83,7 %, soit juste en deçà des 90 % nécessaires pour produire une bombe atomique. L’organisation onusienne ne peut toutefois pas dire à ce stade si ce seuil a été atteint accidentellement ou volontairement.

Ces particules ont été découvertes à la suite de la collecte d’échantillons effectuée en janvier dans l’usine souterraine de Fordo, a précisé l’instance onusienne dans un rapport consulté mardi par l’AFP, qui confirme ainsi des informations données par des sources diplomatiques.

L’Agence internationale de l’énergie atomique a demandé des clarifications et les discussions sont toujours en cours pour déterminer l’origine de ces particules, ajoute le texte, qui sera présenté la semaine prochaine lors du Conseil des gouverneurs à Vienne.

L’Iran, qui nie vouloir se doter de l’arme atomique, a de son côté fait état de fluctuations involontaires au cours du processus d’enrichissement dans une lettre citée par l’AIEA.

La semaine dernière, Téhéran avait affirmé n’avoir pas fait de tentative pour enrichir au-delà de 60 %. La présence de particules au-delà de 60 % ne signifie pas qu’il y ait un enrichissement [d’uranium] à plus de 60 %, avait réagi le porte-parole de l’Organisation de l’énergie nucléaire iranienne, Behrouz Kamalvandi.

Le patron de l’AIEA se rendra à Téhéran

Ces informations surviennent alors que le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, est attendu en Iran au cours des prochains jours dans un contexte de détérioration des relations.

En représailles du retrait américain de l’accord conclu en 2015 pour limiter les activités atomiques de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales, la République islamique a fortement limité les inspections et débranché des caméras de surveillance l’an dernier, plongeant ainsi l’AIEA dans le flou, et ce, alors même que les négociations destinées à ranimer cet accord sont au point mort depuis l’été 2022.

Elles avaient débuté en avril 2021 à Vienne entre Téhéran et les grandes puissances, mais elles sont bloquées depuis août 2022 dans un contexte de tensions croissantes.

Cet accord, connu sous l’acronyme JCPOA, est moribond depuis le retrait des États-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump.Dans la foulée, la République islamique s’est progressivement affranchie de ses engagements.

Augmentation significative du stock d’uranium

Le stock total d’uranium enrichi de l’Iran s’élevait ainsi à 3760,8 kg en date du 12 février (contre 3673,7 kg en octobre), soit plus de 18 fois la limite autorisée par le JCPOA, d’après les calculs de l’AIEA.

Surtout, l’Iran enrichit toujours davantage à des niveaux élevés, loin de la limite fixée à 3,67 %. Il dispose ainsi de 434,7 kg à 20 % (contre 386,4 kg auparavant) et de 87,5 kg à 60 % (contre 62,3 kg).

Quant au taux de 83,7 % détecté, même si c’est accidentel, cela n’en est pas moins préoccupant, estime Kelsey Davenport, experte de l’Arms Control Association.

Cela devrait être un coup de semonce pour la communauté internationale, a-t-elle dit estimer lors d’une récente séance d’information en ligne, appelant les États-Unis et l’Iran à définir une nouvelle stratégie pour désamorcer la crise.

Washington s’alarme de la coopération irano-russe

Le chef de la CIA, William Burns, s’est dit inquiet dimanche de l’avancée fulgurante du programme nucléaire des Iraniens, jugeant qu’il leur suffirait de quelques semaines pour atteindre les 90 % s’ils décidaient de franchir cette ligne.

Il y a cependant d’autres paliers à atteindre et les États-Unis ne pensent pas que le leader suprême en Iran ait pris la décision de reprendre la militarisation du programme suspendu ou terminé fin 2003.

Dans cette même entrevue diffusée sur la chaîne CBS, le patron du renseignement américain s’était aussi alarmé d’une dangereuse escalade dans la coopération militaire entre Téhéran et Moscou.