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Une femme âgée pose devant sa maison détruite par un obus.
Les bombardements incessants sur Bakhmout et ses environs ont fait de la région un champ de ruines.Photo : afp via getty images / DIMITAR DILKOFF

Agence France-Presse

L’armée ukrainienne a fait état mardi d’une situation « extrêmement tendue » autour de Bakhmout, à l’épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine, où les troupes russes tentent d’encercler cette ville.

En Russie, l’armée a de son côté rapporté avoir abattu plusieurs drones ukrainiens qui visaient des infrastructures civiles, sans faire de dégâts. Pour la première fois, l’un d’entre eux s’est écrasé dans la région de la capitale, Moscou.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a lui affirmé que les pays membres de l’Alliance étaient d’accord pour que l’Ukraine en devienne membre, comme elle le réclame, mais que cet objectif serait atteint à long terme.

Dans la soirée de mardi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lors de son allocution quotidienne, a déclaré que les plus grandes difficultés, comme auparavant, sont à Bakhmout (…) La Russie ne compte pas du tout ses hommes, les envoyant constamment à l’assaut de nos positions. L’intensité des combats ne fait qu’augmenter.

Malgré une importance stratégique contestée par les experts, Bakhmout est devenue un symbole de la lutte pour le contrôle de la région industrielle du Donbass. M. Zelensky, qui s’était rendu sur place en décembre, avait juré de défendre cette ville-forteresse aussi longtemps que possible.

La situation aux alentours de Bakhmout est extrêmement tendue, a constaté mardi le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, cité par le centre de presse officiel de l’armée.

Les Russes intensifient la pression

 Images de Bakhmout, ville fantôme.
Les forces russes tentent sans relâche d’enfoncer les lignes de défense ukrainiennes autour de la ville stratégique de Bakhmout.Photo : AP

Selon lui, le groupe paramilitaire russe Wagner, en première ligne dans cette bataille, tente de percer la défense de nos troupes et d’encercler la ville.

Le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, a revendiqué tour à tour ces dernières semaines la prise de localités autour de Bakhmout. Soledar est tombée en janvier, puis Krasna Gora en février, et samedi Laguidné, situé aux portes de la ville.

Conséquence de cette lente poussée russe, trois des quatre routes permettant aux Ukrainiens d’approvisionner Bakhmout ont été coupées, ne laissant plus comme voie de sortie que celle menant à l’ouest vers Tchassiv Iar, au sud de laquelle les Russes essaient également de progresser.

Bakhmout, qui comptait 70 000 habitants avant la guerre, a été en grande partie détruite par les combats qui ont provoqué de lourdes pertes dans les deux camps. Quelque 4000 civils y demeurent malgré le danger, se réfugiant dans des sous-sols et des abris, selon Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général de l’ONU.

« Très peu d’organisations humanitaires et de volontaires sont (actuellement) dans la région, et la plupart des habitants de la ville dépendent donc principalement des provisions issues des distributions humanitaires précédentes. »— Une citation de  Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général de l’ONU

M. Zelensky avait reconnu lundi soir que la situation aux alentours de Bakhmout devenait de plus en plus compliquée pour les soldats ukrainiens, qui ont décrit des scènes rappelant celles de la Première Guerre mondiale.

Les militaires ukrainiens interrogés par l’AFP à Bakhmout lundi ont affirmé garder le moral.

Nous ne pouvons pas connaître toute la situation opérationnelle, mais nous sommes ici, nous ne nous sommes pas enfuis, a déclaré un soldat de 44 ans dont le nom de guerre est Kaï.

Non seulement Bakhmout, mais la Crimée et tout le reste : nous allons tout récupérer, a renchéri Died, 45 ans, en tirant sur une cigarette.

Fox, 40 ans, est plus pessimiste : Je comprends contre quel pays nous nous battons […] Ils ont des gens intelligents là-bas, des gens qui savent comment se battre. Ils pensent, ils apprennent, de la même façon que nous.

Je pense que Bakhmout va probablement tomber, a-t-il lâché, évoquant un manque de munitions et d’effectifs côté ukrainien.

Des drones ukrainiens abattus en Russie

La Russie a de son côté affirmé mardi qu’un drone ukrainien s’était écrasé à une centaine de kilomètres de Moscou, non loin d’une station de compression de gaz. Trois autres ont été abattus ailleurs dans le pays, sans faire de dégâts.

Plusieurs incidents ayant impliqué des drones se sont produits ces derniers mois sur le territoire russe, parfois très loin du front en Ukraine, mais c’est la première fois que la présence d’un drone est signalée près de la capitale.

Ces affrontements se déroulent après que la guerre en Ukraine est entrée la semaine dernière dans sa deuxième année.

Pékin se rapproche des belligérants

Sur le front diplomatique, le président bélarusse Alexandre Loukachenko, allié de Moscou qui s’est refusé jusqu’à présent à un engagement direct dans le conflit autrement qu’en laissant les forces russes opérer depuis son territoire, est arrivé mardi à Pékin.

La Chine, partenaire de Moscou sur la scène internationale, a proposé la semaine dernière un document en 12 points dans lequel elle exhorte Russes et Ukrainiens au dialogue, mais elle insiste aussi sur le respect de l’intégrité territoriale et s’oppose à tout recours à l’arme nucléaire.

Si les Occidentaux ont globalement accueilli cette intervention diplomatique chinoise avec scepticisme – le président français Emmanuel Macron a, lui, annoncé ce week-end se rendre à Pékin en avril – le président Zelensky s’est dit prêt à travailler avec Pékin et a annoncé son intention de rencontrer lui aussi son homologue Xi Jinping.