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Les logos de Crédit suisse et de la banque UBS.
Un accord pourrait être conclu dès samedi soir.Photo : Reuters / DADO RUVIC

Agence France-Presse

La plus grande banque de Suisse, UBS, poussée par les autorités, doit absolument finaliser ce dimanche le rachat de sa rivale Crédit Suisse pour espérer éviter une débâcle et une vague de panique contagieuse sur les marchés lundi.

UBS va racheter Crédit Suisse et l’accord sera scellé dimanche au cours d’une réunion extraordinaire du gouvernement et des dirigeants des deux géants bancaires à Berne, a affirmé samedi le tabloïd Blick, généralement bien informé.

Un rapprochement des deux plus grandes banques du pays, dont l’une suscite la méfiance grandissante des investisseurs est une affaire complexe qui normalement pourrait prendre des mois. UBS aura eu quelques jours.

Mais les autorités suisses n’ont pas d’autres choix que de pousser UBS à surmonter ses réticences, en raison de l’énorme pression exercée par les grands partenaires économiques et financiers de la Suisse qui craignent pour leur propre place financière, affirme Blick.

Le Trésor américain avait aussi indiqué qu’il suivait l’affaire de près.

Le marché suisse doit ouvrir à 8 h lundi et une solution viable doit être trouvée d’ici là pour cette banque perçue comme un maillon faible du secteur, au risque sinon de connaître une journée encore plus noire que le mercredi 15 mars.

À la clôture de la Bourse, Crédit suisse valait alors à peine 7 milliards de francs suisses (à peu près autant d’euros, soit 10,45 milliards $ CA), une misère pour une banque qui fait partie – tout comme UBS – des 30 établissements dans le monde considérés comme étant trop importants pour les laisser faire faillite.

Mais selon le Financial Times et Blick, les clients de la banque ont retiré 10 milliards de francs suisses de dépôts en une seule journée en fin de semaine dernière. Un signe tangible de la méfiance à l’égard de l’établissement.

Compte tenu des risques pour le système financier, le monde entier a les yeux fixés sur Zurich, où se déroulent les négociations.

« Nous attendons maintenant une solution définitive et structurelle aux problèmes de cette banque. »— Une citation de  Bruno Le Maire, ministre de l’Économie de la France, en entrevue avec le quotidien LeParisien

Les discussions accrochent sur la banque d’investissement

Selon l’agence Bloomberg, qui cite des sources anonymes, UBS exige que les pouvoirs publics prennent en charge des frais juridiques et des pertes potentielles.

Les discussions butent sur la banque d’investissement, indique l’agence financière, un des scénarios à l’étude étant une reprise uniquement de la gestion d’actifs et de fortune avec une cession de la banque d’investissement.

Les discussions portent aussi sur le sort à réserver à la division helvétique de Crédit suisse, un des pans profitables du groupe, qui a perdu 7,3 milliards de francs suisses l’année dernière et qui prévoit des pertes substantielles en 2023.

Cette division rassemble la banque de détail et les crédits aux PME

. Une des pistes envisagées par les analystes est celle d’une introduction en Bourse, qui éviterait aussi des licenciements massifs en Suisse en raison des doublons avec les activités d’UBS.

Mercredi, la défiance des investisseurs et des partenaires a poussé la Banque centrale helvétique à prêter 50 milliards de francs suisses pour redonner de l’oxygène à Crédit suisse et pour rassurer les marchés. Le répit n’a pourtant été que de courte durée.

Acheter la banque ne serait aujourd’hui pas cher, mais une acquisition de cette taille est d’une complexité redoutable, qui plus est quand elle se fait dans l’urgence.

Crédit suisse vient de connaître deux années marquées par plusieurs scandales qui ont révélé, de l’aveu même de la direction, des faiblesses substantielles dans son contrôle interne. L’autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) lui avait reproché d’avoir gravement manqué à ses obligations prudentielles dans la faillite de la société financière Greensill, qui a marqué le début de ses déboires.

En revanche, UBS, qui a passé plusieurs années à se redresser après le choc de la crise financière de 2008, commence à récolter les fruits de ses efforts.

La Commission de la concurrence pourrait également sourciller selon la configuration du rachat.

À la fin d’octobre dernier, Crédit suisse avait dévoilé un vaste plan de restructuration qui prévoyait la suppression de 9000 postes d’ici 2025, soit plus de 17 % de ses effectifs.

La banque, qui employait 52 000 personnes à ce moment, envisage de séparer la banque d’affaires du reste de ses activités pour se recentrer sur ses pans les plus stables, dont la gestion de fortune.

Toutefois, les analystes de Morningstar jugent la restructuration trop complexe et pas assez poussée.

Les analystes de la banque américaine J.P. Morgan envisagent une option radicale : que Crédit suisse ferme complètement son activité de banque d’investissement.