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La semaine dernière avait comme un goût de Gilets Jaunes, avec le très fort rebond de la mobilisation contre la réforme des retraites, pourtant adoptée temporairement avec l’article 49-3. Trois violences se font front : la violence sociale d’un exécutif arrogant et sourd aux revendications, la violence destructrice de casseurs bien organisés, et la violence excessive d’une partie des forces de l’ordre.

Vers l’embrasement ?

Bien sûr, la fonction du maintien de l’ordre est difficile, la reconnaissance et la considération par la société ne sont probablement pas à la hauteur, avec des amalgames injustes. Certains risquent leur vie pour leur métier face à des délinquants au comportement flirtant avec la criminalité. Et une immense majorité des forces de l’ordre se comporte de manière pleinement républicaine, y compris dans des circonstances extrêmement difficiles, comme cela a pu être le cas la semaine dernière. Dans le moment actuel, il est critique de ne pas réduire le comportement des forces de l’ordre aux monstrueux dérapages de quelques individus, qui ne sont pas représentatifs de la grande majorité. En revanche, se pose quand même la question des BRAV-M mis en place lors des Gilets Jaunes, où la proportion de dérapages semble malheureusement être un peu trop élevée pour ne pas refléter d’une manière la doctrine venue du haut.

Nous sommes quand même dans une situation où Emmanuel Todd a fini par reconnaître la bonne gestion des forces de l’ordre par Nicolas Sarkozy lors des émeutes de banlieue de 2005 par rapport à la gestion des manifestations des Gilets Jaunes par Emmanuel Macron, Gérald Darmanin et Didier Lallement. La gestion de l’ordre public par l’exécutif ne cesse d’attirer les critiques d’observateurs comme Amnesty International ou Reporters Sans Frontière, qui a dénoncé les violences commises contre des journalistes. Une tolérance à l’égard de violences commises par certains éléments des forces de l’ordre semble avoir été institutionnalisée, de l’IGPN au Ministère de la justice, en passant par certains médias au parti-pris marqué. Trop de gestes violents, arbitraires et sans la moindre justification semblent avoir été commis par des membres de force de l’ordre dans les derniers jours, même dans un contexte difficile.

Bien sûr, les forces de l’ordre affrontent aussi des individus aux comportement quasi-criminels, mais certaines « réponses » ne semblent adressées qu’à de simples passants, et non aux personnes vraiment dangereuses. Et cela pourrait nourrir un cercle vicieux en radicalisant des personnes pleinement respectueuses des autres, tant du côté des manifestants que des forces de l’ordre. Et ici, difficile de ne pas se demander si l’exécutif ne joue pas le jeu du pourrissement en espérant en tirer profit. En effet, la violence peut doublement jouer en faveur de Macron : disqualifier l’opposition venue de la gauche, et provoquer un réflexe légitimiste d’une partie de l’électorat, notamment les personnes âgées et les classes supérieures. C’est un peu ce qui s’était passé lors des Gilets Jaunes, même si la popularité de Macron avait aussi sombré. Enfin, cela permet d’assimiler abusivement les opposants aux personnes violentes, tout en dissuadant les Français de manifester puisque cela devient dangereux et interdit toute participation familiale.

Mais 2023 n’est pas 2019 et le réflexe légitimiste semble se réduire à peau de chagrin. La crispation qui s’est créé dans notre pays pourrait aussi renforcer la mobilisation contre la réforme des retraites, par tous les moyens possibles, jusqu’à son retrait. Et face à la violence sociale, et parfois policière du pouvoir, on peut se demander si cela ne pourrait pas mener à un véritable embrasement.

Gaulliste Libre