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Andrew Korybko

L’accord de Kiev sur les céréales pour le Sud n’était qu’une ruse pour manipuler les perceptions sur la Russie tout en augmentant les stocks alimentaires déjà énormes de l’Occident. Les pays en développement se sont vu promettre des produits agricoles que ni l’Ukraine ni ses protecteurs n’ont jamais eu l’intention de leur donner.
Les affirmations de la Russie selon lesquelles les céréales ukrainiennes ont été détournées vers les États occidentaux au lieu d’être envoyées à leurs destinataires dans le Sud ont été rejetées par les médias dominants comme de la « propagande », mais aujourd’hui, c’est le prestigieux journal français Le Figaro qui vient d’y ajouter foi. Dans leur rapport intitulé « Les agriculteurs d’Europe de l’Est victimes de l’afflux du blé ukrainien ».
Les agriculteurs polonais, roumains et bulgares ont été les plus touchés par cette évolution, qui les a contraints à vendre leur blé avec une décote d’environ 33 % pour rester compétitifs. En réponse, le rapport mentionne que la Commission européenne a annoncé le mois dernier son intention de fournir une aide financière à ces agriculteurs, mais le fait est qu’elle n’aurait pas à le faire si les céréales ukrainiennes étaient acheminées vers les pays du Sud comme le prévoyait l’accord connexe visant à faciliter leurs exportations.
L’afflux de céréales ukrainiennes sur le marché de l’Europe de l’Est met en évidence la fausseté de l’accord susmentionné, qui a vu l’Occident détourner délibérément les produits agricoles de Kiev vers les États de sa « sphère d’influence ». Le directeur de la Croix-Rouge pour l’Afrique a confirmé en décembre dernier que « la plupart des céréales exportées des ports ukrainiens dans le cadre de l’accord sur les céréales n’ont pas encore atteint l’Afrique » et a contesté l’hypothèse selon laquelle la guerre par procuration entre l’OTAN et la Russie était à l’origine de cette crise.
Tout en reconnaissant que les sanctions unilatérales de l’Occident contre la Russie ont exacerbé les problèmes des pays en développement pour obtenir suffisamment de produits agricoles pour répondre à leurs besoins, ce fonctionnaire a indiqué que le COVID, les crises africaines préexistantes et le changement climatique étaient des facteurs contribuant plus directement à la crise. Son point de vue et celui qui a été révélé dans le dernier rapport du Figaro sont essentiels à garder à l’esprit, car ils discréditent les fausses affirmations de la guerre de l’information selon lesquelles la Russie est la seule responsable de cette situation.
En réalité, Moscou ne prend pas en otage les exportations de céréales africaines de l’Ukraine, comme le prétendent les médias depuis un an, puisque c’est Kiev et ses protecteurs occidentaux qui sont responsables du fait qu’elles ne parviennent pas à ces pays. Ils préfèrent que les produits agricoles de cette ancienne république soviétique viennent renforcer l’offre alimentaire déjà énorme de l’UE aux dépens des agriculteurs locaux plutôt que d’atténuer la crise alimentaire en Afrique, dont les causes profondes précèdent la guerre par procuration entre l’OTAN et la Russie, même si elles sont exacerbées par cette dernière.
On peut donc conclure que l’accord de Kiev sur les céréales pour le Sud n’était qu’une ruse pour manipuler les perceptions sur la Russie tout en augmentant les réserves alimentaires de l’Occident. Les pays en développement se sont vu promettre des produits agricoles que ni l’Ukraine ni ses mécènes n’ont jamais eu l’intention de leur donner. Cela révèle que leur coup d’éclat était raciste au plus haut point puisqu’il profitait de la souffrance des Africains pour créer une couverture permettant à Kiev d’exporter secrètement la majorité de ses denrées alimentaires vers l’UE en échange de son soutien.