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Il n’y a aucune chance que la guerre prenne fin militairement, estime le général Waldemar Skrzypczak, ancien commandant des forces terrestres.

Photo : tv.rp.pl

Jacek Nizinkiewicz

Pourquoi Volodymyr Zelenski vient-il en Pologne ?

Une année de guerre s’est écoulée et il semble qu’elle doive se terminer d’une manière ou d’une autre. Nous ne verrons certainement pas de sitôt une fin militaire au conflit. Le voyage de M. Zelenski à Varsovie est le premier d’une série de visites visant à mettre en place une coalition de pays qui le soutiendront lorsqu’il s’agira de discuter de l’avenir de l’Ukraine. Il est très important, du point de vue de Zelenski, qu’il ne s’agisse pas d’une visite secrète sous le couvert de l’obscurité, mais d’une visite officielle. Il doit commencer à créer une atmosphère de soutien politique autour de lui. Il bénéficie déjà d’une aide militaire, mais une fois la guerre terminée, il a besoin d’un soutien diplomatique.
L’arrivée du président ukrainien est l’événement politique le plus important avant Pâques. Elle dominera le débat public. Mais dans de nouvelles conditions.

Et pourquoi ne vient-il en Pologne que maintenant ? Il s’est déjà rendu à Washington, Londres, Paris et Bruxelles.

Dès le début, nous avons déclaré notre soutien à l’Ukraine. Je ne pense pas que Zelenski nous mette dans une sorte de file d’attente. Nous sommes l’un des partenaires les plus importants pour lui, juste après les États-Unis. Je ne classerais pas ces visites en termes d’ordre. Le moment est venu pour le président ukrainien d’entamer une série de visites dans les capitales européennes afin de former une coalition. Il commence sa nouvelle ouverture politique par Varsovie car il sait qu’il peut compter sur les politiciens polonais.

A quoi ressemblerait la fin de la guerre ?

Il n’y a aucune chance d’y mettre fin militairement. Aucune des deux parties n’a l’avantage – il y a une impasse stratégique. Les Russes n’ont pas assez de forces pour lancer une offensive et prendre le Donbas. La défense ukrainienne est superbement organisée et ne permet pas aux Russes de procéder à une telle opération. Ils passent donc à une opération stratégique défensive dans le nord et le sud, car ils craignent une contre-offensive ukrainienne. Or, les Ukrainiens ne sont pas encore prêts. L’équipement nécessaire à l’offensive vient à peine de leur parvenir. Le processus de préparation des formations de combat prend plus de deux à trois semaines. Jusqu’à présent, les médias disaient que les Russes envoyaient leurs soldats au front après deux mois d’entraînement. C’est pourquoi tout le monde criait qu’ils étaient transformés en chair à canon. Les Ukrainiens devraient-ils faire de même ? Leurs soldats ont besoin d’être entraînés avec l’équipement qu’ils ont reçu de l’Occident. Pousser les Ukrainiens à passer à l’offensive est injustifié pour le moment, car ils ne sont pas prêts. L’heure est maintenant aux politiciens.

Faut-il entamer des négociations ?
Un compromis doit être trouvé entre les attentes des Ukrainiens et les souhaits de Poutine. L’attitude de l’Occident est un élément clé. Une campagne électorale débute dans de nombreux pays, comme les États-Unis, et l’attitude à l’égard de la guerre est appelée à jouer un rôle important dans les élections. L’Occident se lasse peu à peu de la guerre et l’électorat qui soutenait l’aide à l’Ukraine est aujourd’hui moins nombreux qu’auparavant. Il est donc nécessaire de construire un front de soutien à l’Ukraine afin qu’elle ait une voix forte dans les futurs pourparlers.