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Le chef du gouvernement français a présenté ses priorités politiques pour les prochains mois. Elles sont une offre de réconciliation à l’opposition dans le pays. Celle-ci espère une méga-manifestation le 1er mai.
Nina Belz

La Première ministre Élisabeth Borne se rend à la réunion du cabinet mercredi. Elle a ensuite annoncé le programme pour les prochains mois.Jb Autissier / Imago
Lundi soir, vers 21 h 30, une vingtaine de voitures d’intervention de la police se dirigent à toute vitesse vers la gare de Lyon à Paris. Le ministre de l’Education Pap Ndiaye revient d’un voyage officiel à Lyon – mais il ne peut pas descendre du train pour le moment. Dans le hall de la gare, quelques centaines de manifestants en colère attendent, tapant sur des casseroles et chantant des chansons de protestation de l’époque des gilets jaunes. Le quai est bouclé. Le ministre est finalement conduit par une sortie arrière de la gare jusqu’à une voiture officielle.
De nombreux représentants du gouvernement sont actuellement dans la même situation que Ndiaye. Partout où ils vont, ils sont confrontés à la colère. Ils ne sont jamais des milliers, mais toujours une foule bruyante. Parfois, il s’agit de la réforme des retraites, parfois la colère est plus fondamentale. Entre-temps, les « appareils portables produisant du son » sont interdits à court terme dans les lieux où le président se rend, ainsi que les manifestations à proximité.
Une main tendue
La période « d’apaisement et d’unité, d’ambition et d’action » promise par Emmanuel Macron il y a tout juste dix jours se fait attendre. Mais son chef de gouvernement a tenté mercredi, lors d’une conférence de presse, de donner un contenu à ce plan : Élisabeth Borne a présenté un bouquet de projets politiques qui seront abordés dans les prochains mois – et qui ont l’ambition de « changer la vie des Français ». Beaucoup d’entre eux se lisent comme une offre de paix à l’opposition politique et à la partie de la population qui reproche au gouvernement de mener une « politique néolibérale », notamment avec la réforme des retraites.
Borne a ainsi laissé entrevoir une augmentation du salaire minimum, une revalorisation des salaires des enseignants et le recrutement de personnel supplémentaire dans le secteur de la santé, chroniquement surchargé, ainsi que dans la police et la gendarmerie. Les Français devraient également continuer à bénéficier du plafonnement des prix de l’énergie et être encore mieux soutenus par l’État s’ils souhaitent améliorer l’efficacité énergétique de leur logement. Une nouvelle loi devrait en outre obliger les entreprises de plus de 11 salariés à faire participer leurs employés aux bénéfices – par exemple sous forme de primes.

Elle est confiante dans le fait qu’il sera possible de trouver des majorités en fonction des projets et que l’on restera ainsi capable de gouverner, a déclaré Borne mercredi. En revanche, elle ne veut pas aborder pour l’instant les sujets « qui pourraient diviser le pays ». Concrètement, elle parle d’un paquet de lois sur l’immigration. Le gouvernement l’a annoncé à l’automne dernier à grand renfort médiatique, mais l’a déjà repoussé deux fois depuis. Il n’y a actuellement pas de majorité pour ce projet, a déclaré Borne. Le gouvernement veut revenir sur le sujet au plus tard à l’automne. D’ici là, il veut renforcer la présence policière à la frontière avec l’Italie, où la pression migratoire s’est accrue, selon Borne.
Les yeux rivés sur le 1er mai
Emmanuel Macron s’est donné jusqu’au 14 juillet pour présenter les premiers résultats de cette nouvelle phase. Sur le fond, il n’a pas beaucoup changé ses priorités. Les mesures visent, comme l’a dit le Premier ministre, le plein emploi, la lutte contre le changement climatique et un service public plus performant. Toutefois, les petites réformes sont généreusement accompagnées d’aides publiques. Il n’est plus question de réduire les déficits ou d’alléger la bureaucratie – du moins le candidat Macron en avait-il parlé en 2017.
Inévitablement, pour de nombreux projets présentés par Borne, le chemin vers la mise en œuvre passe par le Parlement, où le parti d’Emmanuel Macron est tributaire de coalitions pour obtenir une majorité absolue. L’opposition se trouve pour l’instant en position d’attente avant le 1er mai. Cette date a été choisie, et pas seulement par les syndicats, comme jour de grande protestation anti-gouvernementale. Selon la mobilisation, il sera peut-être possible d’en tirer un capital politique – et de mettre des bâtons dans les roues du gouvernement.
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