peut-être oui, peut-être non
par Stephen Bryen
Selon les médias russes, notamment Tass, RT et Sputnik News, deux drones ont attaqué le logement du président Vladimir Poutine au Kremlin. Ce dernier n’était pas chez lui le soir du 3 mai, de sorte que l’attaque, si elle a été lancée, n’a pas pu atteindre son objectif, à savoir tuer Poutine.
En l’état actuel des choses, le Kremlin a produit deux vidéos, dont l’une montre ce qui ressemble à un drone qui explose à une cinquantaine de mètres du sol. Cette vidéo montre aussi, curieusement, deux individus – certains ont dit qu’il s’agissait de soldats – en train d’escalader l’un des bâtiments, dont la structure en forme de dôme est identifiée comme étant le dôme du Palais du Sénat. Ils montent pendant que le drone descend.
Si la vidéo est authentique, nous ne savons pas ce qu’ils faisaient là au milieu de la nuit.
Portaient-ils un MANPADS, une roquette antiaérienne tirée à l’épaule, au sommet pour intercepter les drones en approche ? Aucune vidéo ne prouve qu’ils transportaient quoi que ce soit.
S’agissait-il d’observateurs à qui l’on aurait demandé d’avoir une vue dégagée du ciel autour du Kremlin ? C’est possible, si l’attaque a été annoncée à l’avance. Quoi qu’il en soit, ils sont arrivés en retard à la fête. Et comme la vidéo se termine après l’explosion, nous ne savons pas ce qu’il est advenu de ces hommes.
Moscou dispose désormais de l’un des systèmes de défense aérienne et antimissile les plus élaborés au monde, rivalisant peut-être avec les défenses aériennes à plusieurs niveaux d’Israël. Il ne serait pas surprenant que les Russes aient copié ce que font les Israéliens, mais avec des équipements sensiblement différents. Un réseau intégré de défense aérienne aurait dû être en mesure d’intercepter toute attaque de drone bien avant qu’elle ne se rapproche de l’enclave du Kremlin.
Une histoire circule dans la blogosphère selon laquelle l’attaque contre le Kremlin était une sorte de coup monté de l’intérieur, dans lequel une équipe de mercenaires ukrainiens a lancé les drones très près des murs du Kremlin. Dans ce cas, les défenses aériennes élaborées autour de la ville de Moscou auraient été efficacement contournées et la détection précoce d’une attaque de drones n’aurait pas été possible.
Les Russes affirment que les drones ont (enfin) été arrêtés par des moyens électroniques. Cela suggère que non seulement l’électronique des drones a été brouillée mais que, au moins dans le cas de celui qui a explosé, les Russes ont pu provoquer l’explosion de la charge utile du drone. Est-ce possible ? La réponse est affirmative, car les Russes disposent non seulement de brouilleurs, mais aussi de brouilleurs très puissants, peut-être assez puissants pour déclencher l’explosion d’un drone.
Les rapports russes indiquent également que les drones détruits sont tombés au sol en milliers de morceaux. En d’autres termes, il n’y a pas de preuves tangibles que l’attaque a eu lieu.
Le gouvernement ukrainien a nié toute implication dans une attaque de drone contre le Kremlin visant Poutine. Comme par hasard, M. Zelensky est en Finlande pour une visite d’État. Sagement, ou peut-être prudemment, il a reporté son retour en Ukraine. On peut supposer qu’il ne veut pas être là lorsque les bombes tomberont sur son bunker souterrain.
Mais une autre façon de voir la décision de Zelensky de prolonger sa visite en Finlande est qu’il voulait laisser le temps à une opération spéciale contre Poutine de se dérouler. Si elle réussissait, il pourrait rentrer chez lui en héros. En cas d’échec, il pourrait trouver d’autres occupations.
De même, Washington a dit deux choses : si une attaque de drone a eu lieu, Washington n’a pas été prévenu à l’avance par l’Ukraine. C’est une façon commode d’éviter toute responsabilité, au moins jusqu’à ce qu’il y ait des preuves contraires. Mais Washington dit qu’il n’y a probablement pas eu d’attaque.
Les Russes affirment qu’ils répondront à l’attaque du Kremlin au moment et à l’endroit de leur choix. Cette annonce ajoute en fait un soupçon de crédibilité aux affirmations de la Russie selon lesquelles l’attaque a eu lieu. Si les Russes pouvaient retrouver l’équipe qui a lancé les drones, ce serait vraiment quelque chose – mais ne retenez pas votre souffle.