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Par Benjamin Fox

Les principales objections à l’encontre de Mme Scott Morton, également ancienne professeure de l’Université de Yale et fonctionnaire de l’administration de l’ancien président américain Barack Obama, semblent résider dans ses rôles précédents de consultante pour de grandes entreprises technologiques et dans sa citoyenneté américaine. [Shutterstock/Andrey_Kuzmin]

Le Parlement européen s’est immiscé dans la controverse sur la nomination de l’ancienne lobbyiste américaine du secteur technologique, Fiona Scott Morton, au poste d’économiste en cheffe de la puissante direction générale de la concurrence (DG COMP) de la Commission européenne, en demandant à l’exécutif européen de rouvrir le processus.

Dans une lettre publiée vendredi (14 juillet) et adressée à la vice-présidente exécutive de la Commission européenne, Margrethe Vestager, les présidents de quatre des principaux groupes politiques du Parlement ont exhorté l’exécutif européen à revenir sur sa décision du 11 juillet.

Les principales objections à l’encontre de Mme Scott Morton, également ancienne professeure de l’Université de Yale et fonctionnaire de l’administration de l’ancien président américain Barack Obama, semblent résider dans ses rôles précédents de consultante pour de grandes entreprises technologiques et dans sa citoyenneté américaine.

Elle devrait prendre ses fonctions en septembre.

Il s’agit de l’un des postes de fonctionnaire les plus hauts de l’exécutif européen. Le rôle de l’économiste en chef consiste à conseiller le commissaire à la Concurrence sur les aides d’État, les fusions et les acquisitions ainsi que sur la politique économique au sens large.

« À une époque où nos institutions font l’objet d’un examen minutieux en ce qui concerne l’ingérence étrangère, nous ne comprenons pas que des candidats non européens soient pris en considération pour un poste aussi élevé et stratégique », peut-on lire dans la lettre. Le document a été cosigné par Manfred Weber, président du Parti populaire européen, Iratxe García Pérez, présidente de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates, Stéphane Séjourné, président de Renew Europe, et Philippe Lamberts, co-président du groupe du Groupe des Verts/Alliance libre européenne.

La prise de décision de la Commission sur les nominations internes « ne peut entrer en contradiction avec les principes généraux, les intérêts et les objectifs de notre Union », ont-ils ajouté.

Les présidents de groupe ont également souligné la mise en œuvre du règlement sur les marchés numériques (Digital Markets Act, DMA), qui est entré en vigueur en mai et qui dominera les travaux de la DG COMP dans les mois et les années à venir. Ils se sont montrés « très inquiets des opinions opposées qu’elle [Mme Scott Morton] a publiquement exprimées et du potentiel conflit d’intérêts entre son nouveau rôle et ses fonctions antérieures auprès de grandes entreprises technologiques américaines ».

« À l’heure de la concurrence économique mondiale, nous restons très attachés à une politique industrielle indépendante ainsi qu’à la souveraineté numérique de notre continent », conclut la lettre.

Ce dernier point est un clin d’œil à la campagne, menée par le président français Emmanuel Macron, pour que l’UE développe une « autonomie stratégique » dans des secteurs clés tels que l’industrie, la défense et le numérique et réduise considérablement sa dépendance à l’égard des États-Unis et de la Chine.

La nomination à la DG COMP a provoqué la colère de la part de responsables politiques français, a rapporté EURACTIV France : la ministre de l’Europe Catherine Colonna s’est dite « étonnée » par cette nomination.

La réaction de la France et du Parlement européen reflète également une joute plus large pour les hauts postes de l’UE dans les capitales européennes.

Euractiv