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Les pays hostiles à l’influence occidentale cherchent à redessiner la carte géopolitique, tandis que les nations européennes reposent sur leurs lauriers

Dix-huit mois après que Vladimir Poutine a lancé son invasion de l’Ukraine, le conflit continue de confondre ceux qui prédisent avec confiance son issue probable. La contre-offensive ukrainienne progresse, mais les forces russes s’opposent fermement. Le Kremlin semble s’être débarrassé d’un rival avec la mort rapportée d’Evigement Prigozhin, le dirigeant de Wagner, mais les analystes ne savent pas très bien s’il laisse le président russe dans une position plus forte ou plus faible.
Au milieu du brouillard de la guerre, cependant, il y a eu au moins une constante. L’approche collective de l’invasion a été stratégiquement inepte. Alors que les États baltes, la Pologne et quelques autres pays ont fait preuve d’une force louable, l’Allemagne et la France ont été faibles dès le départ. Berlin a dû être entraînée dans la fourniture d’armes. Paris a flirté avec une solution négociée prématurée. Leurs archives ne sont pas toutes mauvaises, mais leurs actions n’ont pas toujours été à la hauteur de leur rhétorique. C’est la menace la plus grave pour la sécurité européenne depuis des décennies, et l’Europe n’a pas réussi à prendre l’initiative de la résoudre.
C’est pourquoi le résultat de la prochaine élection présidentielle américaine a pris plus d’importance qu’elle ne devrait avoir pour la guerre en Ukraine. Plusieurs candidats à la nomination du Parti républicain ont clairement indiqué qu’ils ne continueraient pas à augmenter l’offre d’armes et d’argent. On a même proposé un accord de terre contre la paix avec la Russie qui permettrait aux États-Unis de se concentrer sur la Chine. Poutine semble certainement être en train de jouer sur Washington, ce qui réduit son soutien à la cause ukrainienne. Si c’est le cas, et les nations européennes ne prennent pas le relais, il n’est pas certain que Kiev puisse gagner.
Les pays hostiles à la puissance occidentale cherchent à redessiner la carte géopolitique. Le groupe Brics, dont beaucoup soupçonnent n’est plus qu’un front pour Pékin, prévoit d’admettre une série de nouveaux membres, dont certains étaient autrefois des alliés de l’Occident. D’autres sont assis sur la touche, attendant de voir où jeter leur lot. L’Occident a permis à Prigojine, le chef de gangster d’une force mercenaire, de s’emparer d’une influence sur une partie des pays africains.
Les dirigeants américains ont peut-être fait défaut ces dernières années, mais une grande partie de l’Europe semble avoir renoncé à jouer un rôle international au-delà de la possibilité de donner des conférences aux autres pays sur leurs « valeurs ». Comme Gérard Araud, un ancien ambassadeur français aux États-Unis, l’a écrit sur ces pages cette semaine, les tendances démographiques suggèrent que l’influence de l’Europe s’estompera encore plus longtemps dans les années à venir.
Est-ce inévitable ? C’est certainement indésirable. Si l’Europe est vraiment sérieuse au sujet de sa propre sécurité, elle doit chercher les moyens d’y parvenir. Cela vaut également le Royaume-Uni.