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conflit sur les céréales, Pologne, transfert d'armement, Ukraine
AFP

Sur fond de tensions croissantes entre les deux pays, le premier ministre polonais a déclaré mercredi 20 septembre que son pays ne fournissait plus d’armement à l’Ukraine car il se concentrait sur son propre armement, dans une déclaration faite quelques heures après que Varsovie a convoqué «d’urgence» l’ambassadeur ukrainien pour protester contre les propos du président Volodymyr Zelensky à l’ONU. «Nous ne transférons plus aucun armement à l’Ukraine, car nous nous armons nous-mêmes avec les armes les plus modernes», a déclaré Mateusz Morawiecki, interrogé par la télévision privée Polsat News sur le soutien militaire et humanitaire de la Pologne à l’Ukraine malgré le conflit sur les céréales.
Le premier ministre n’a pas précisé quand la Pologne, qui est l’un des plus grands fournisseurs d’armes à l’Ukraine, avait cessé d’en fournir, ni si cela avait un lien avec le conflit sur les céréales. «Nous nous concentrons principalement sur la modernisation et l’armement rapide de l’armée polonaise, afin qu’elle devienne l’une des armées terrestres les plus puissantes d’Europe, et ce dans un délai très court», a-t-il expliqué. Il a également précisé que le hub militaire situé dans la ville de Rzeszow, dans le sud-est du pays, par lequel passe le matériel occidental à destination de l’Ukraine, fonctionnait normalement.
«Une thèse injustifiée»
Ces déclarations interviennent quelques heures après une convocation «d’urgence» par Varsovie de l’ambassadeur d’Ukraine pour protester contre les propos du président Volodymyr Zelensky à l’ONU. Mardi le président ukrainien avait dénoncé «certains pays feignent la solidarité (avec l’Ukraine, NDLR) en soutenant indirectement la Russie.» Les tensions entre Varsovie et Kiev, provoquées par le conflit sur les céréales ukrainiennes dont la Pologne a interdit les importations pour protéger les intérêts de ses agriculteurs, se sont renforcées ces derniers jours.
L’annonce par Bruxelles vendredi de la fin de l’interdiction d’importer des céréales ukrainiennes, décision prise en mai par cinq États de l’UE, a enflammé les esprits, provoquant des embargos unilatéraux auxquels Kiev a répliqué lundi en annonçant porter plainte devant l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a averti mercredi qu’il élargirait la liste des produits ukrainiens interdits d’importation si Kiev devait intensifier leur conflit sur un embargo sur les céréales. Le communiqué de la diplomatie polonaise déclare que «faire pression sur la Pologne dans les forums multilatéraux ou envoyer des plaintes aux tribunaux internationaux ne sont pas des méthodes appropriées pour résoudre les différends entre nos pays».
«Mettre l’émotion de côté»
La diplomatie ukrainienne a réagi rapidement en appelant la Pologne à «mettre l’émotion de côté» et à adopter une approche «constructive» dans la dispute sur les exportations de céréales. «Nous appelons nos amis polonais à mettre l’émotion de côté», a écrit sur Facebook le porte-parole de la diplomatie ukrainienne, Oleg Nikolenko, après l’annonce par Varsovie de la convocation de l’ambassadeur ukrainien. Ce dernier, précise le porte-parole, a rappelé la position ukrainienne «concernant le caractère inacceptable pour l’Ukraine de l’interdiction unilatérale par la Pologne des importations de céréales ukrainiennes».
«La partie ukrainienne a proposé à la Pologne une solution constructive au problème des céréales. Nous espérons que nos propositions serviront de base pour faire évoluer le dialogue dans une direction constructive», a ajouté Oleg Nikolenko. Il a également déploré «le caractère incorrect» des propos tenus par le président polonais Andrzej Duda lors d’une rencontre avec les médias à New York. Andrzej Duda a comparé l’Ukraine à un homme qui se noie et qui risque d’entraîner au fond et noyer aussi celui qui cherche à le sauver (la Pologne).
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