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Régis de CASTELNAU

Entre son soutien aux dérives les plus criantes du wokisme, son autoritarisme mal placé, ses postures de vassal zélé vis-à-vis des États-Unis ou son blanc-seing accordé récemment à un SS ukrainien, le Premier ministre canadien Justin Trudeau n’en finit plus de faire parler de lui. Ce qu’en pense Régis de Castelnau.

Qu’est-il arrivé à Justin Trudeau ? Les médias français, en général paresseux, nous l’ont présenté lors de son arrivée au pouvoir en novembre 2015, comme un politicien benêt, suscitant la moquerie pour ses déguisements puérils et son wokisme extrémiste. À l’étranger, pas grand monde ne le prenait au sérieux.

La première surprise survint lors du renouvellement législatif de 2019 à l’occasion duquel, malgré divers scandales de corruption, il parvint à sauver son poste, se révélant alors être un politicien habile, mais surtout désireux d’être le meilleur élève de la folie wokiste en en justifiant les dérives les plus inquiétantes. Notamment dans la gestion des conséquences de la pandémie de covid, où il n’eut aucune hésitation à faire appliquer des mesures liberticides violentes contre les réfractaires à sa politique. Il se révèle également comme un ferme soutien de toutes les initiatives américaines en matière de politique étrangère.

Militant acharné de « l’ordre international selon les règles »

Justin Trudeau reprend à son compte toutes les orientations de son grand voisin, allant jusqu’à accepter d’exécuter certaines basses besognes. Ce fut le cas lorsque le Canada fit arrêter une dirigeante du mastodonte numérique chinois Huawei, par ailleurs fille du fondateur.

Les États-Unis utilisant le principe d’extraterritorialité de leur droit demandaient son extradition pour une soi-disant violation de leur régime de sanctions. Les Chinois répondirent à leur façon, en arrêtant quelques citoyens canadiens se trouvant en Chine et en les faisant condamner à la réclusion perpétuelle. Le message fut reçu, et l’échange d’otages réalisé.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le Canada s’est signalé par un soutien sans faille à la position américaine, en participant activement au financement du régime de Kiev, à la fourniture d’armes et à l’entraînement des troupes de l’armée ukrainienne. On sait la responsabilité de l’ex-Premier ministre britannique Boris Johnson dans l’échec des négociations et de la mise en œuvre de l’accord intervenu au mois de mars 2022. Après le départ de celui-ci, on a pu avoir l’impression que Justin Trudeau voulait prendre sa place comme dirigeant le plus belliciste de l’Occident.

Le vernis de calme et de tranquillité a disparu au profit d’une parole publique étonnamment vindicative, dès lors qu’il s’agissait du conflit russo-ukrainien. Combinée avec l’alignement millimétré sur Joe Biden et le gouvernement américain, le premier ministre canadien est devenu un acteur diplomatique fébrile des différents sommets internationaux et notamment ceux du G7 au Japon et du G20 en Inde.

Au point d’enclencher une crise diplomatique sur les objectifs de laquelle on peut légitimement se poser quelques questions.

Maudire Narenda Modi

Au sein du groupe fondateur des BRICS, et même après l’élargissement, l’Inde est considérée souvent dans la presse internationale comme le « maillon faible » de l’hostilité déclarée à l’hégémon américain. Preuve en était les manœuvres de la diplomatie occidentale multipliant les attentions vis-à-vis de Narendra Modī, le Premier ministre indien.

Rappelons par exemple qu’il était l’invité d’honneur d’Emmanuel Macron pour le défilé du 14 juillet dernier.

Mais voilà qu’après le sommet des BRICS à Johannesbourg, le sommet du G20 qui se déroulait en Inde ne s’est pas passé exactement comme le souhaitaient les États-Unis. En effet, Washington espérait que l’absence de Xi Jiping, qui refusait de s’y rendre pour éviter de rencontrer Joe Biden, et celle de Vladimir Poutine, empêché par le mandat d’arrêt de la CPI, allaient leur fournir l’occasion d’avancer leurs pions. Malgré tous leurs efforts et grâce à la passivité de Modi, le communiqué final, tout en appelant à la paix, se gardait bien de condamner l’intervention russe. Chassez le naturel il revient au galop avec la politique du gros bâton. Le Premier ministre indien, de partenaire à courtiser, devint immédiatement autocrate à qui il convenait de donner une leçon en lui rappelant au passage que dans le monde rêvé de l’Occident, un « regime change » est vite arrivé.

Comment comprendre autrement la crise diplomatique déclenchée par Trudeau à peine rentré de New Delhi ? Il se trouve qu’au mois de juin 2023, un indépendantiste de la minorité Sikh installé au Canada (il en avait obtenu la nationalité), était assassiné. Brusquement, trois mois plus tard, le gouvernement d’Ottawa accusait directement le gouvernement indien de l’avoir organisé par l’intermédiaire de ses services secrets. On imagine la réaction indienne, à laquelle Trudeau répondit par la surenchère, à base d’expulsion de diplomates à laquelle Delhi répondait par la réciproque. Modi n’avait pas été assez docile pour imposer au G20 un communiqué anti-russe, on allait rappeler au chef de la puissance industrielle la plus peuplée du monde qu’il fallait savoir obéir. Justin Trudeau fit savoir que c’étaient des informations fournies par les services américains qui avaient forgé sa conviction. Coincé par le zèle de son fidèle relais, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken fut contraint de confirmer officiellement, réduisant à néant les efforts déployés pour amadouer Narenda Modi, dont on imagine qu’il a bien reçu le message.

Quand le Parlement canadien réécrit l’histoire

Zelensky devait se rendre au Canada en visite officielle après sa visite aux États-Unis à l’occasion de l’assemblée générale des Nations unies, où l’accueil tiède – et parfois glacial – qu’il a reçu fait que le succès de ce nouveau téléthon américain a été pour le moins contrasté. Il fallait par conséquent, pour sa visite au Canada, faire un triomphe au président ukrainien.

Dans un savant mélange de duplicité, d’ignorance et de bêtise, Trudeau a organisé au profit de Jaroslav Hunka, un SS ukrainien survivant de la Division Galicie, ancien membre des pires unités chargées des massacres de juifs et de Polonais en Ukraine, un véritable triomphe romain au Parlement.

Au cours de cette scène ahurissante, on vit l’ensemble des députés se lever pour acclamer un criminel de guerre non repenti. Le président de cette triste instance indiquant que Hunka était honoré pour sa lutte menée contre les Russes pendant la Deuxième Guerre mondiale ! Donc contre les soldats canadiens qui étaient leurs alliés ? Était-il possible de faire pire ?

La vidéo de la longue ovation a fait le tour du monde, avec le visage extatique de Volodymyr Zelensky devant son compatriote, dont personne ne peut croire qu’il ne savait pas de qui il s’agissait. Avec l’attitude radieuse de Christya Freeland, vice-premier ministre qui n’en est pas à son coup d’essai en matière de proximité avec des mouvements néonazis ukrainiens, peut-être ravie du bon coup qu’elle venait de jouer et s’imaginant qu’il allait contribuer à sa nomination à la tête de l’OTAN en remplacement du calamiteux  Jens Stoltenberg ?

Puis devant l’incendie médiatique, ce furent les excuses pitoyables du président du Parlement, revendiquant son inculture et son incompétence. Trudeau refusant de s’excuser, niant la réalité pour une fois de plus mettre la catastrophe sur le compte de la « propagande russe ». Chez nous, les réactions des soutiens militants des USA furent finalement du même acabit.

On ne citera que le journal Le Monde qualifiant l’horrible séquence « d’événement malencontreux ». On notera également le pieux silence de toutes ces belles âmes qui portent à leur revers un antifascisme de pacotille comme signe extérieur de richesse. Nommer Geoffroy Lejeune à la tête du JDD, c’est la preuve que la France marche vers le fascisme, acclamer un criminel nazi génocidaire dans un parlement occidental, c’est au pire « malencontreux ».

On ne procédera pas ici à une analyse approfondie du phénomène néonazi ukrainien et de son rôle dans la survenance et la gestion actuelle de la guerre. On ne peut pas bien sûr pas réduire la résistance de l’armée ukrainienne à cette motivation, ce ne serait pas sérieux. Simplement, il faut admettre que celui-ci joue depuis février 2014 et le coup d’état du Maïdan le rôle d’un caillou dans la chaussure occidentale. Comme le démontre un Arno Klarsfeld favorable à l’Ukraine mais conséquent dans sa critique de certaines dérives.

Il y a au moins un endroit où ce spectacle a dû être apprécié, c’est probablement le ministère des Affaires étrangères russes. Possible qu’on y ait bu du champagne de Crimée pour fêter la façon dont Justin Trudeau venait de pulvériser un mythe occidental patiemment construit : « il n’y a pas de nazis en Ukraine ». Jusqu’en février 2022, des gouvernements, des institutions, des O.N.G. et la presse avaient souligné en Occident l’existence en Ukraine d’un courant néonazi multi-facettes. Il était assez facile de retrouver articles, photos, vidéos jusqu’à des rapports du Parlement français ou du Congrès américain qui pointaient cette situation. Vladimir Poutine ayant avancé l’objectif de « dénazification » de son opération militaire en Ukraine, le dispositif de propagande occidentale a pris un virage à 180° et les néonazis ont disparu. Ou quand il n’était pas possible de nier le réel, tout était fait pour l’atténuer et présenter ce qui est un courant ancien dans l’Ouest ukrainien sous les traits d’un folklore inoffensif.

Eh bien si, il y a des nazis en Ukraine, et d’ailleurs pas seulement en Ukraine.

Cette réalité vient d’être à nouveau dévoilée par les excès de zèle d’un vassal qui se révèle être un politicien de seconde zone.

Vu de Droit