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Agence France-Presse
Un territoire entier vidé de sa population : après la victoire militaire de l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh au terme de 30 ans de conflit et le départ de la quasi-totalité des Arméniens qui y vivaient, Bakou prépare sa reprise en main de l’enclave.
« Réintégration »
« La réintégration s’effectue sur la base de la Constitution, des lois et des obligations internationales de la République d’Azerbaïdjan et dans le cadre de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la République d’Azerbaïdjan », a proclamé la présidence le 3 octobre dans un communiqué présentant son objectif de réinstaurer sa souveraineté sur la région.
La présidence affirme garantir « à tous, une égalité de droits et liberté, de sécurité, quelle que soit leur ethnie, religion ou affiliation linguistique » et promet des opportunités pour « l’usage de la langue arménienne ».
Mais dans la réalité, la quasi-totalité des 120 000 Arméniens du Haut-Karabakh a quitté la région depuis que le gouvernement de la république autoproclamée a annoncé sa dissolution au 1er janvier prochain. Dans les localités précédemment reprises par Bakou en 2020, quasiment aucun résident arménien n’est resté ou revenu.
En outre, l’Azerbaïdjan a promis « un grand retour » aux quelque 750 000 Azerbaïdjanais qui avaient fui la région, ses territoires adjacents et l’Arménie à l’issue de la victoire arménienne lors de la première guerre du Karabakh dans les années 1990.
Désarmer 30 ans de guerre
Les séparatistes du Haut-Karabakh se sont opposés pendant plus de trois décennies à Bakou, notamment lors de deux guerres entre 1988 et 1994 et à l’automne 2020. La communauté internationale n’a jamais reconnu la république autoproclamée.
Après la reddition le 24 septembre des séparatistes, le gros des combats a cessé, mais des incidents épars ont lieu. Bakou évoque aussi un risque d’actions de guérilla dans certains secteurs.
Mais de facto, l’Azerbaïdjan contrôle la région, même si son armée n’est pas encore entrée dans les grandes villes.
« Il n’y a [plus] de forces armées arméniennes illégales dans les avant-postes de combat. De même, de nombreuses bases, des bases militaires, sont déjà libérées », a indiqué à l’Agence France-Presse le colonel Anar Eyvazov, porte-parole de l’armée azerbaïdjanaise.
L’Azerbaïdjan indique que le « désarmement est achevé ». Un arsenal de plus de 2000 fusils et de 22 blindés a entre autres été saisi, selon un bilan provisoire.
La menace principale reste cependant celle des mines présentes dans la région, et aucun plan de déminage n’a pour le moment été annoncé.
Les estimations varient grandement, faute d’une cartographie précise : l’Azerbaïdjan faisant état de « millions » de ces mines, quand d’autres sources en évoquent au moins 100 000.
Enfin, peu de doutes subsistent sur le départ de la force d’interposition russe — un contingent de 2000 soldats déployé depuis 2020 entre les belligérants — qui fera « l’objet de discussions avec Bakou », selon le Kremlin.
Mise à niveau des infrastructures
Les Arméniens ont laissé derrière eux leurs biens, leurs maisons, mais aussi des moyens de production : usines, champs, élevage.
À qui reviendront-ils ? « Les questions de propriétés seront régulées en accord avec la loi », explique la présidence azerbaïdjanaise, sans détailler.
Bakou prévoit de porter les « infrastructures sociales et matérielles au niveau du reste du pays » et d’y faire circuler sa monnaie.
L’enclave va être raccordée aux services nationaux. Les compagnies d’eau, d’électricité et de télécommunications de Bakou ont été parmi les premières à s’installer dans le territoire.