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L’usage de cette arme incendiaire contre les civils est proscrit par le Protocole III de la Convention sur les armes classiques.

Par Salah Hijazi

Qu'est-ce que le phosphore blanc, qu'Israël utilise au Liban et à Gaza ?
De la fumée provenant d’un tir suspecté de phosphore blanc au-dessus de Gaza, le 11 octobre 2023. © 2023 Mohammed Adeb/AFP

Tant au Liban qu’à Gaza, Israël viole le droit international en employant des munitions au phosphore blanc. C’est ce que confirme Human rights watch (HRW), pour qui le recours à ces armes « expose les civils à des risques de blessures graves et à long terme ». L’organisation new-yorkaise en a constaté l’usage en recueillant des témoignages et analysant des vidéos datant du 10 et du 11 octobre, montrant des « explosions aériennes de phosphore blanc provenant de tirs d’artillerie au-dessus du port de Gaza et de deux zones rurales le long de la frontière libano-israélienne ». 

Qu’est-ce-que le phosphore blanc ?

Le phosphore blanc est une substance inflammable. Son exposition à l’oxygène crée une chaleur extrêmement élevée (jusqu’a 815 degré celsius), de la lumière et une épaisse fumée blanche. Dans le domaine militaire, il est utilisé pour générer un écran de fumée afin de dissimuler les déplacements visuels des troupes. De plus, il perturbe les dispositifs d’optique infrarouge et les systèmes de suivi des armes, offrant ainsi une protection contre les armes guidées telles que les missiles antichar aux forces militaires. Toutefois, il peut également être utilisé comme une arme incendiaire. Tout contact avec la peau peut engendrer d’horribles brûlures  Les armes au phosphore blanc peuvent également provoquer des incendies pouvant détruire du matériel et des bâtiments. De son propre aveu, Tel-Aviv a déjà employé les armes au phosphore à Gaza et au Liban dans des guerres précédentes. 

Que dit le droit international ? 

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les munitions et bombes au phosphore blanc ne sont pas considérées comme des armes chimiques, puisqu’elles opèrent principalement par la chaleur qu’elles génère et non leur toxicité. Toutefois, cela ne signifie pas que leur usage est toujours légal aux yeux du droit international. « L’usage des armes incendiaires sont régies par le Protocole III à la Convention sur les armes classiques, ratifié par la Palestine et le Liban mais pas par Israël », affirme à L’Orient-Le Jour Lama Fakih, directrice de HRW au Moyen-Orient. « Le Protocole III interdit l’utilisation d’armes incendiaires larguées par voie aérienne dans des zones civiles », rajoute-t-elle. L’ État hébreu profite cependant d’une ambiguïté dans la convention internationale, en lançant les attaques depuis le sol. « Cela ne signifie cependant pas que cette action est légale, puisqu’elle ne fait aucune distinction entre cibles civiles et militaires comme le réclame sans ambiguïté la loi internationale. D’autant que des zones rurales au Liban-Sud et le port de Gaza ont été frappés », remarque Mme. Fakih. Malgré cela, la communauté internationale ferme les yeux.

OLJ