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Azeb Wolde-Giorghis
Joe Biden n’a jamais caché sa profonde affection pour l’État hébreu. Depuis 1973, le président américain a rencontré tous les premiers ministres israéliens depuis Golda Meir.
Lors de sa visite éclair à Tel-Aviv la semaine dernière, le président américain a rappelé en conférence de presse, qu’il y a 75 ans, 11 minutes après la création d’Israël, le président Harry Truman et les États-Unis étaient le premier pays dans le monde à le reconnaître.
Il relate sa première visite en 1973, juste avant la guerre du Yom Kippour, lorsqu’il était jeune sénateur de 31 ans de l’État du Delaware. Il raconte sa rencontre avec Golda Meir, la première ministre israélienne de l’époque, qui montrait à la délégation américaine avec des cartes que la situation géopolitique était terrible. Puis, elle aurait invité le jeune Biden à prendre une photo avec elle. Golda Meir lui aurait dit : Pourquoi êtes-vous inquiets? Ne soyez pas inquiets, nous, les Juifs, avons une arme secrète, nous n’avons pas d’autres endroits où aller.
Joe Biden, ardent défenseur du sionisme
Il ne faut pas nécessairement être juif pour être sioniste.
Dans la biographie The Last Politician, l’auteur Franklin Foer consacre tout un chapitre intitulé Hug Bibi tight sur la relation de Joe Biden avec Benyamin Nétanyahou, l’actuel premier ministre israélien. Les deux hommes se connaissent depuis plus de 40 ans. Ils se seraient rencontrés dans les années 80, lorsque Benyamin Nétanyahou travaillait à l’ambassade d’Israël à Washington.
L’auteur rappelle qu’en mai 2021, Israël était la cible d’attaques de roquettes du Hamas à partir de la bande de Gaza. Israël a riposté avec des bombardements sur Gaza.
Il écrit que, selon Joe Biden, la meilleure façon de tempérer le dirigeant israélien, est d’abord de l’étouffer d’amour, de lui démontrer un soutien indéfectible, puis au moment opportun, une fois la confiance établie, le sommer de mettre un terme à ses opérations militaires.
Lorsque les forces israéliennes ont détruit une tour de la ville de Gaza qui abritait les bureaux de l’Associated Press et d’Al Jazeera, Biden a appelé Nétanyahou pour lui demander de l’aider à comprendre sa stratégie, comment tout cela allait se terminer. Nétanyahou a répondu : « Une fois qu’on aura restauré la dissuasion. » Et il a finalement avoué qu’il n’avait pas d’objectif final, et a concédé « un cessez-le-feu ».
Les attentats du 7 octobre en Israël marquent un tournant dans la région. L’administration Biden est aux côtés du gouvernement israélien et montre une fois de plus son soutien indéfectible.
Après plusieurs jours de bombardements à Gaza, Washington tient le même discours : le droit et le devoir d’Israël de se défendre, c’est une question de survie. Durant son discours à la nation, le président a néanmoins averti Israël de ne pas être aveuglé par la rage, de respecter les lois de la guerre et de protéger les civils.
En coulisses, Joe Biden ferait pression sur Benyamin Nétanyahou pour reporter l’opération militaire terrestre annoncée sur Gaza.
Est-ce suffisant? Certains élus démocrates ne se reconnaissent plus en leur président.
Les Américains veulent un cessez-le-feu, président Biden, nous ne sommes pas avec vous là-dessus. Il faut vous réveiller et comprendre qu’un génocide se déroule sous nos yeux à Gaza et on reste silencieux. On va s’en souvenir.
Il faut que le Hamas libère les otages et il faut qu’il y ait un cessez-le-feu, affirme Alexandria Ocasio-Cortez. Selon elle, un crime de guerre ne peut pas en justifier un autre. Elle déplore la mort de 1700 enfants à Gaza.
Si on coupe l’eau, l’électricité et qu’on utilise du phosphore blanc sur une population, en plus des 1700 enfants qui sont morts, c’est un crime de guerre.
Dans une chronique intitulée Seuls les États-Unis peuvent être des médiateurs efficaces, le journaliste Fareed Zakaria écrit : Biden doit faire pression sur le gouvernement israélien pour une solution politique aux aspirations des Palestiniens. La diplomatie américaine doit faire ses preuves.
Après le 11 septembre 2001, au lieu de focaliser sur les responsables de l’attentat, les États-Unis sont allés en guerre contre Al-Qaïda et les talibans en Irak et en Afghanistan. Vingt ans plus tard, les talibans sont de retour, et on estime que ces guerres ont coûté aux États-Unis 8000 milliards de dollars. La meilleure riposte au terrorisme est de ne pas perdre la tête et d’être stratégique… Sans la diplomatie, cette crise risque de s’enliser et de se solder par encore plus de violence.