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Andrew Korybko

Il est prématuré de spéculer sur les détails de leurs discussions, mais les nouvelles partagées dans cette analyse indiquent qu’elles pourraient concerner la reprise des pourparlers de paix et les voies possibles pour y parvenir, y compris celles qui contournent Zelensky ou même se débarrassent de lui s’il reste un obstacle.

Les relations russo-américaines ont atteint leur point le plus bas depuis la crise des missiles de Cuba en raison de la guerre par procuration menée par l’OTAN contre la Russie par l’intermédiaire de l’Ukraine, mais les derniers rapports suggèrent que des pourparlers secrets ont lieu entre les deux parties. Le 4 novembre, la chaîne NBC a rapporté que l’Occident faisait pression sur l’Ukraine pour qu’elle reprenne les pourparlers de paix avec la Russie, soit presque exactement quatre mois après avoir rapporté, le 6 juillet, que « d’anciens responsables américains ont tenu des discussions secrètes sur l’Ukraine avec d’éminents Russes ».

Cette dernière information datant du début de l’été faisait suite aux trois apparitions du président Poutine le mois précédent, à la mi-juin, au cours desquelles il avait fortement suggéré qu’une solution politique à ce conflit était encore possible, dont les détails ont été documentés et analysés ici à l’époque. Entre cette date et le dernier rapport de NBC, Zelensky a accordé une interview à The Economist dans laquelle il s’est montré excessivement défensif. Cette interview a été analysée ici, l’idée étant que cela est dû au fait que l’Occident est susceptible de parler davantage avec la Russie.

Le jour même de la publication du rapport, le New York Times a attiré l’attention sur la rivalité croissante entre Zelensky et Zaluzhny, dont les détails ont été analysés ici, ainsi que les rapports de presse associés. Cet élément est pertinent pour l’argument concernant l’existence de négociations secrètes entre les États-Unis et la Russie, puisqu’elles pourraient servir à geler le conflit dans le meilleur des cas, avant que le pire des cas, à savoir une mutinerie semblable à celle de Prigojine, ne se produise. Les rapports ultérieurs qui vont maintenant être évoqués ajoutent encore plus de crédibilité à cette affaire.

Zelensky a admis dans une interview accordée à NBC que ses protecteurs occidentaux discutaient probablement avec la Russie. Il a également déclaré que ce n’était pas le moment d’organiser des élections et a ensuite supplié les États-Unis de lui accorder un prêt qu’il a promis de rembourser après la fin du conflit. Le jour même de la diffusion de son interview, le Washington Post a publié un article sur la façon dont « les partisans de l’Ukraine doivent repenser leur théorie de la victoire », qui comprenait le conseil suivant :

« La contre-offensive de l’Ukraine était censée soutenir le soutien politique à Kiev en prouvant qu’elle pouvait reconquérir les territoires perdus. Aujourd’hui, les partisans de l’Ukraine pourraient être amenés à présenter l’argument inverse : L’Ukraine ne reconquiert pas de territoire substantiel et l’aide est nécessaire indéfiniment pour éviter une défaite dévastatrice ».

On est loin des déclarations de victoire prétendument imminente sur la Russie qui faisaient la une des journaux, ce qui montre à quel point le discours officiel sur ce conflit a changé depuis l’échec de la contre-offensive surmédiatisée et ultra-coûteuse de Kiev. Le lendemain, le ministre ukrainien des affaires étrangères a averti que son pays ne pouvait plus compter uniquement sur les États-Unis, probablement en réponse à l’interview de Zelensky et en particulier à l’aveu qu’il y fait que les États-Unis discutent probablement avec la Russie.

Une série de déclarations de responsables russes a suivi entre dimanche et mardi. Le porte-parole du Kremlin, M. Peskov, le ministre des affaires étrangères, M. Lavrov, et l’ambassadeur de Russie en Amérique, M. Antonov, ont tous déclaré que le dialogue avec les États-Unis était possible sous certaines conditions, à savoir qu’ils respectent les intérêts de la Russie. Les États-Unis ont ensuite confirmé qu’ils invitaient la Russie à participer au sommet de l’APEC qui se tiendra ce mois-ci à San Francisco, ce qui a surpris de nombreuses personnes qui pensaient qu’ils snoberaient ce membre pour des raisons politiques évidentes.

Le lecteur doit également être conscient des propos tenus par le président Poutine la semaine dernière lors de sa rencontre avec les membres de la Chambre civique, au cours de laquelle il a révélé que « [les Américains] prévoient désormais un changement d’élites – tant économiques que politiques ». Il a également noté que l’Occident avait changé d’avis sur la défaite de la Russie sur le champ de bataille, mais il a précisé que « cela ne signifie pas que nous devrions nous comporter de manière agressive », ce qui implique qu’il reste fermement convaincu que le conflit actuel peut être résolu par des moyens politiques.

La rivalité croissante entre Zelensky et Zaluzhny et le refus du premier d’organiser des élections donnent du crédit à l’évaluation du dirigeant russe selon laquelle les États-Unis préparent un changement des élites politiques ukrainiennes après s’être lassés de Zelensky, qui risque imprudemment une mutinerie semblable à celle de Prigozhin et refuse d’envisager des pourparlers de paix. Le chef du Conseil national de sécurité russe, M. Patrushev, a laissé entendre peu après, le jour même de l’interview de M. Zelensky sur la chaîne NBC, que des « acteurs rationnels » attendaient de prendre le pouvoir à Kiev dès que l’occasion se présenterait.

On ne sait pas s’il faisait référence à Zaluzhny, à l’ancien conseiller principal de Zelensky, Arestovich, qui a sauvagement critiqué son ancien patron pour les détails accablants révélés à son sujet dans le récent article de couverture de Time Magazine avant d’annoncer sa propre candidature à la présidence, et/ou à quelqu’un d’autre. Quoi qu’il en soit, le fait est que M. Patrushev s’est senti suffisamment à l’aise, dans le contexte susmentionné, pour parler publiquement d’un changement de régime en Ukraine, alors que des informations crédibles faisaient état de négociations secrètes entre les États-Unis et la Russie.

Il est prématuré de spéculer sur les détails de ces discussions, mais les informations présentées dans cette analyse indiquent qu’elles pourraient concerner la reprise des pourparlers de paix et les voies possibles pour y parvenir, y compris celles qui permettent de contourner Zelensky ou même de s’en débarrasser s’il reste un obstacle. Pour être clair, aucune prédiction n’est faite quant à son avenir politique ou au calendrier de reprise des pourparlers de paix russo-ukrainiens, mais il ferait bien de surveiller ses arrières s’il refuse d’obéir aux ordres de ses mécènes.

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