Selon le droit international humanitaire, les établissements de santé doivent être protégés, mais leur utilisation à des fins nuisibles à l’ennemi peut les transformer en cibles militaires.

Ximena Sampson
Le plus grand hôpital de la bande de Gaza, l’hôpital Al-Shifa, est au cœur des combats entre Israël et le Hamas. Les soldats israéliens encerclent le complexe, qui se trouve au centre de la ville de Gaza, depuis plusieurs jours.
Depuis que le générateur électrique de secours est tombé en panne, samedi, 40 patients, dont trois bébés, sont morts, a déclaré le ministère de la Santé de Gaza. Trente-six autres bébés risquent de mourir parce qu’il n’y a pas d’électricité pour les incubateurs. L’hôpital a été transformé en cimetière
, a affirmé son directeur dans un communiqué.
Israël affirme, sans fournir de preuve visuelle, que le Hamas a construit un vaste centre de commandement sous l’hôpital. L’armée israélienne a publié une carte illustrée de l’hôpital Al-Shifa indiquant les emplacements où se trouveraient les installations souterraines.
Une déclaration appuyée par la Maison-Blanche, dont un porte-parole a soutenu mardi détenir des informations selon lesquelles le Hamas et d’autres militants palestiniens utiliseraient Al-Shifa et d’autres hôpitaux et tunnels souterrains pour se cacher et appuyer leurs opérations militaires.
Le Hamas et le directeur de l’établissement, Mohammed Abu Selmia, soutiennent que ces allégations sont fausses.

L’hôpital Al-Shifa est devenu un lieu de refuge pour les personnes déplacées par les bombardements israéliens, qui s’ajoutent aux patients et au personnel médical. Des milliers de personnes y sont ainsi coincées, alors que l’eau se fait rare et qu’il n’y a plus d’électricité.
Selon le droit international humanitaire, les établissements de santé, tout comme les blessés, les malades, le personnel de santé et les ambulances, doivent être protégés.
Uniquement les objectifs militaires peuvent être pris pour cible dans les conflits armés
, confirme Julia Grignon, professeure agrégée à la Faculté de droit de l’Université Laval. En revanche, un hôpital qui est utilisé pour commettre des actes nuisibles à l’ennemi perd sa protection et peut devenir un objectif militaire.
C’est le cas lorsqu’il est employé comme base de lancement d’une attaque, comme dépôt d’armes ou comme poste d’observation, entre autres. Se servir du réseau d’électricité des hôpitaux pour alimenter son propre quartier général ou ses forces est également un acte nuisible, explique Mme Grignon.
Depuis le début de la guerre, Israël publie des photos et des séquences vidéo montrant ce qu’il soutient être des armes et d’autres installations militaires à l’intérieur ou à proximité de mosquées, d’écoles et d’hôpitaux.
Lundi, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, a diffusé des images de ce qu’il a présenté comme une cache d’armes du Hamas trouvée dans le sous-sol de l’hôpital pour enfants Rantisi de Gaza, évacué avant d’être occupé par les troupes israéliennes.

Il a montré une autre zone qui, selon lui, pourrait avoir été utilisée pour détenir des otages.
Ce n’est pas le seul hôpital comme celui-ci à Gaza, et le monde devrait le savoir
, a déclaré M. Hagari.
Le Hamas utilise les hôpitaux comme instrument de guerre.Une citation de Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne
Israël affirme qu’il poursuivra les combattants du Hamas partout où ils se trouvent, tout en essayant d’épargner des vies civiles. Si nous voyons des terroristes du Hamas tirer depuis les hôpitaux, nous ferons ce que nous devons faire
, a soutenu le porte-parole de l’armée israélienne, le lieutenant-colonel Richard Hecht.
Le mouvement islamiste, qui nie utiliser les civils comme boucliers, accuse Israël de s’être livré à une mauvaise mise en scène
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Radio Canada