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Après avoir interrogé le sénateur Chris Coons sur son opposition à un cessez-le-feu à Gaza, j’ai été expulsé d’un train en partance pour Washington. Récapitulation de notre échange viral et réponse à la couverture médiatique erronée dont il a fait l’objet.
Aaron Maté

Lundi, dans un train Amtrak en direction de Washington, je me suis retrouvé assis juste en face du sénateur démocrate Chris Coons, du Delaware. M. Coons est l’un des plus proches alliés du président Biden au Sénat et un fervent partisan de l’attaque israélienne contre Gaza. Alors que le nombre de morts palestiniens sous les bombardements israéliens soutenus par les États-Unis dépasse les 11 000, dont plus de 4 600 enfants, j’ai profité de l’occasion pour demander au sénateur pourquoi il s’oppose à un cessez-le-feu.
Cela a donné lieu à un échange tendu, au cours duquel M. Coons a d’abord refusé de répondre et a menacé de me faire « jeter de ce train » pour avoir persisté à poser la question. Le sénateur a fait remarquer que nous étions assis dans le wagon silencieux et a prétendu que je violais ses règles. « Je suis sénateur, c’est une voiture silencieuse. Vous enfreignez les règles de base du fonctionnement d’Amtrak, arrêtez s’il vous plaît », a-t-il dit.
Je lui ai répondu que j’étais d’avis que les États-Unis, en armant et en soutenant la campagne de bombardement d’Israël, violaient le droit international. (Soit dit en passant, le règlement d’Amtrak autorise la « conversation » dans la voiture silencieuse, à condition que les passagers « parlent à voix basse », ce que j’ai tenté de faire). Enfin, à la demande de M. Coons, un agent de bord m’a demandé de bouger ou d’être éjecté du train. J’ai obtempéré, j’ai rassemblé mes affaires en silence et j’ai été placée sur un autre siège dans le même wagon.
Pour M. Coons, cela n’a apparemment pas suffi. Environ 45 minutes plus tard, le sénateur est passé à côté de moi. Je ne l’ai pas interpellé, mais il était clair que ma présence l’agitait. Peu de temps après, à un arrêt à Philadelphie, j’ai été abordé par trois officiers de police et expulsé du train. Ils m’ont dit que cela avait été fait à la demande du conducteur du train, ce qui, je ne peux que le supposer, a été fait à la demande du sénateur Coons.
La vidéo de l’échange, que vous pouvez visionner ci-dessous, a été largement diffusée et a fait l’objet d’une couverture médiatique dans des médias tels que le Daily Mail, le New York Post et The Hill. Le Post a affirmé que j’avais « accosté » le sénateur, un jugement que je laisse aux téléspectateurs le soin d’apprécier par eux-mêmes.
Le Post a également affirmé que The Grayzone, où je travaille, a « publié des théories marginales affirmant que le dictateur syrien Bachar el-Assad n’a pas utilisé d’armes chimiques pendant la guerre civile syrienne ». Mes reportages sur la question des armes chimiques en Syrie ont en fait porté principalement sur l’attaque au gaz présumée d’avril 2018 à Douma, où l’OIAC a supprimé ses propres preuves et impliqué sans fondement le gouvernement syrien. Mon rapport est basé sur des documents de l’OIAC ayant fait l’objet d’une fuite, qui ont été enterrés de manière orwellienne par des médias de tous horizons. Dans leur couverture de l’affaire Douma, ces médias refusent universellement de mentionner les fuites de l’OIAC ou les inspecteurs chevronnés de l’OIAC qui ont contesté la dissimulation au sein de leur organisation.
Le Post a également affirmé que The Grayzone a prétendu « que le Parti communiste chinois n’opprime pas la communauté ouïghoure dans la province du Xinjiang ». Il s’agit là encore d’une fausse affirmation : The Grayzone n’a jamais fait une telle déclaration et a en fait cité des experts qui décrivent la politique chinoise à l’égard des Ouïghours comme étant « cruelle » et « répressive ». The Grayzone a contesté l’affirmation du gouvernement américain selon laquelle la Chine commet un « génocide » au Xinjiang, et ses reportages sur le sujet n’ont jamais été réfutés. Le travail de Grayzone n’a pas été réfuté par le média Coda Story, financé par le gouvernement américain, que le Post cite à l’appui de ses fausses affirmations. Dans l’article auquel le Post renvoie, Coda Story ne conteste pas un seul fait du rapport de Grayzone.
Comme je suis d’avis que les États-Unis soutiennent une attaque génocidaire contre Gaza, j’ai décidé d’interroger le sénateur Coons à ce sujet à ce moment-là. En conséquence, il a été incommodé par un échange gênant et une vidéo virale. Quant à moi, j’ai dû quitter le train et attendre le suivant pendant une heure. La population de Gaza n’a aucune chance d’échapper à la campagne de massacres que Coons et ses collègues soutiennent.
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