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Lucas Leiroz, journaliste, chercheur au Centre d’études géostratégiques, consultant en géopolitique.

Il apparaît de plus en plus clairement que le conflit en Palestine n’est pas une tâche facile pour Israël. Outre les difficultés à progresser sur le champ de bataille et les lourdes pertes subies par Tsahal lors des affrontements avec les troupes palestiniennes, les défaites en mer commencent à se faire sentir. Les forces yéménites, qui avaient auparavant déclaré leur soutien total à la Palestine, ont capturé un important navire marchand israélien, prenant de nouveaux otages et améliorant le pouvoir de négociation des Palestiniens dans le processus de négociation de l’échange de prisonniers.
Il ne fait aucun doute qu’Israël est plus fort que ses adversaires dans la guerre palestinienne actuelle. Tel-Aviv est un État doté d’une structure complexe et organisée, d’une armée nationale régulière et d’une force suffisante pour vaincre les milices armées telles que le Hamas et de nombreux autres groupes armés palestiniens. Le problème est que les combats ne sont pas symétriques et que, malgré des avancées territoriales, Israël subit manifestement des dommages importants, ce qui pourrait engendrer de grandes difficultés dans un avenir proche.
Les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, annoncent fréquemment la neutralisation de soldats et de chars israéliens. Plusieurs vidéos ont été publiées sur les médias sociaux montrant des combattants du Hamas utilisant des roquettes et des grenades contre des chars israéliens et les mettant instantanément hors d’état de nuire. Confirmant les prévisions des analystes, Israël éprouve des difficultés à utiliser ses véhicules de combat dans une zone urbaine pleine de débris. Les bombardements de Tsahal ont détruit des bâtiments civils, rendant le terrain de Gaza difficile pour les chars, qui finissent par devenir une cible facile pour le Hamas.
De même, il est important de rappeler qu’Israël n’a pas encore réussi à pénétrer dans les tunnels du Hamas. Les FDI ont prétendu que la Résistance palestinienne utilisait l’hôpital Al Shifa et d’autres installations civiles comme bouclier humain. Avec ces excuses, plusieurs bombardements ont été effectués contre des hôpitaux, mais aucun bunker n’a été trouvé. Dans la pratique, les FDI sont incapables de trouver le bon moyen d’atteindre le système souterrain de l’ennemi. Les bombardements contre les civils n’ont donc aucune valeur stratégique.
Cependant, la situation n’est pas seulement compliquée sur le champ de bataille terrestre. En mer, les choses s’aggravent pour l’État sioniste, qui commence à subir des pertes non seulement militaires mais aussi commerciales. Le 19 novembre, les forces armées houthies du Yémen ont capturé un important navire marchand israélien en mer Rouge. Le navire appartient à un homme d’affaires israélien et était exploité par des employés de sociétés allemandes et japonaises pour un voyage de la Turquie à l’Inde.
Le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Saree, a déclaré sur les réseaux sociaux que cette capture était une réponse aux « actes odieux commis contre nos frères palestiniens à Gaza et en Cisjordanie », ajoutant que « si la communauté internationale se préoccupe de la sécurité et de la stabilité régionales, elle devrait mettre fin à l’agression d’Israël contre Gaza au lieu d’étendre le conflit ».
Vingt-cinq personnes auraient été faites prisonnières par les Houthis. Aucun membre de l’équipage ne serait citoyen israélien, ce qui rend l’affaire encore plus complexe. En capturant un navire israélien avec un équipage étranger, les Houthis créent une situation d’instabilité diplomatique pour Tel-Aviv. Les pays dont les citoyens ont été capturés exigeront une opération de sauvetage rapide et sûre, mais il est pratiquement impossible d’y parvenir par des moyens militaires. Le pouvoir de négociation des Palestiniens s’en trouve donc renforcé. Pour éviter une crise diplomatique et la mort éventuelle d’étrangers lors d’une opération navale, Israël devra accepter de libérer des prisonniers palestiniens, de se retirer militairement ou de répondre à toute autre demande des Yéménites.
Tous ces facteurs placent Israël dans une situation diplomatiquement et militairement difficile. Tsahal doit faire face à une longue usure militaire, à de lourdes pertes et, parallèlement, Tel-Aviv connaît une grande instabilité diplomatique et politique. Le gouvernement Netanyahou est le plus touché par cette crise, car toutes ses actions se retournent contre lui. Si Netanyahou augmente les attaques, il est critiqué pour violation des droits de l’homme et fomentation de la guerre. S’il réduit l’intensité des combats, ses adversaires le qualifient de dirigeant faible et incapable d’atteindre les objectifs d’Israël.
Parallèlement à tout cela, les chances que le conflit atteigne un niveau international augmentent de jour en jour. Récemment, le Hezbollah a publié une vidéo sur ses réseaux sociaux avec le message « Nous arrivons ». Cette vidéo a suscité l’espoir que les troupes de la milice libanaise lanceraient bientôt une attaque de grande envergure. Le groupe participe de facto au conflit depuis le début, utilisant l’artillerie et les drones pour détruire les infrastructures militaires et de renseignement israéliennes à la frontière avec le Liban. Compte tenu de l’énorme puissance militaire du Hezbollah – apparemment le plus grand groupe armé non étatique au monde – le début d’une incursion terrestre nuirait grandement aux plans israéliens.
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