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Le socialiste avait été un des premiers soutiens à Emmanuel Macron. Il avait été nommé ministre de l’Intérieur avant de quitter le gouvernement, en pleine affaire Benalla

Gérard Collomb à Paris, 19 septembre 2018. — © LUDOVIC MARIN / AFP
© LUDOVIC MARIN / AFP

Baron socialiste de Lyon devenu soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, Gérard Collomb, 76 ans, a longtemps bataillé dans l’opposition avant d’incarner sa ville pendant près de vingt ans, puis de connaître une fin de parcours délicate marquée par sa défaite aux municipales de 2020. Il est décédé entouré des siens ce samedi 25 novembre.

Officiellement, c’est pour reprendre son fief que celui qui fut longtemps décrit comme un des «fidèles parmi les fidèles» du président Macron avait abandonné en septembre 2018 son poste au Ministère de l’intérieur, en pleine tempête politique autour de l’affaire Benalla. En froid avec la Macronie dont il dénonce le «manque d’humilité», critiqué à gauche où on l’accuse de dérive droitière pour sa loi antiterroriste et son projet de loi asile/immigration, il se voit finalement repoussé sur les bancs de l’opposition municipale par les Verts, qui remportent à la fois la mairie et la métropole, le véritable siège du pouvoir lyonnais.

Quelques décennies plus tôt, cet ancien prof à moustache et à grosses lunettes, élu député au moment de la vague rose portée par François Mitterrand en 1981, a longtemps bataillé avant de mettre la main sur la capitale des Gaules. «N’en déplaise à ce pauvre Gérard Collomb, il ne sera jamais maire», lui lance Michel Noir lors d’un débat télévisé en 1983. L’intéressé fulmine: «Ça va venir.» Battu cette année-là, puis en 1989 et 1995, il parvient à ses fins six ans plus tard, lorsque le centriste Raymond Barre lui apporte son soutien pour contrer le très droitier Charles Millon.

Né le 20 juin 1947 à Chalon-sur-Saône, d’une mère femme de ménage et d’un père ouvrier métallurgiste, cet agrégé de lettres classiques, fan d’Eddy Mitchell, entame la transformation de Lyon en métropole moderne. Les parkings des berges du Rhône se muent en promenade; les Vélo’v roulent avant les Véli’b parisiens; un vaste chantier de rénovation urbaine démarre à La Duchère; l’écoquartier Confluence pousse au bout de la Presqu’île et les entreprises accourent. Aux élections de 2008 comme en 2014, Collomb triomphe. Trop selon certains, qui le jugent efficace mais autocrate, parfois chaleureux mais souvent cassant. Toujours plus à droite, aussi, raillent ses détracteurs. Lui se dit alors «social-réformiste».

«Collomb a toujours eu le souci de la trace qu’il laissera dans l’Histoire, de la transmission», souligne un ancien proche. Le baron ne pouvait pas battre le record d’Edouard Herriot, son modèle qui régna sur Lyon près d’un demi-siècle. Mais intermède ministériel mis à part, il aura égalé la longévité de Louis Pradel, le maire bâtisseur du quartier de La Part-Dieu, en continuant d’y édifier des tours.

Gérard Collomb est à l’initiative du développement de la fondation Jean Jaurès pour laquelle il assure la fonction de secrétaire général depuis sa création, en 1992. Par ailleurs, il n’a jamais caché son appartenance à la franc-maçonnerie et demeure membre de la plus ancienne obédience maçonnique, le Grand Orient de France. Divorcé de Geneviève Bateau, Gérard Collomb a ensuite eu un fils avec sa compagne Meriem Nouri, puis deux filles après un remariage avec Caroline Rougé.