
Par Elijah J. Magnier
Les forces israéliennes dans le nord de la bande de Gaza prennent un tournant stratégique, passant d’un engagement actif à une fortification de leurs positions dans le cadre des négociations en cours sur l’échange de prisonniers.
Pendant que Palestiniens et Israéliens attendent l’arrivée d’un nouveau lot de prisonniers, dont des femmes et des enfants, les troupes israéliennes dans le nord de la bande de Gaza s’éloignent des différentes lignes de front. Elles se concentrent désormais sur le renforcement de leurs fortifications, signe d’une éventuelle présence à long terme dans la région. Ce redéploiement s’inscrit dans une stratégie plus large en vue de longues négociations concernant l’échange d’otages et de prisonniers.
Au cours des cinquante premiers jours du conflit, les forces israéliennes ont avancé dans le nord de la bande de Gaza à partir de trois directions, en prenant le contrôle de la bande côtière au nord-ouest et en divisant le nord et le sud le long de la vallée de Gaza. D’autres forces sont arrivées par le nord et le nord-est. Toutefois, le cessez-le-feu en cours a entraîné un changement de tactique. L’armée israélienne se concentre désormais sur des stratégies défensives pour maintenir le contrôle sur les zones qu’elle a prises. Il s’agit notamment de déterminer les points d’entrée et de sortie essentiels, d’établir des zones de rassemblement et de construire des monticules de terre pour empêcher les forces de résistance de s’infiltrer et pour protéger les unités israéliennes stationnées sur des positions défensives clés.
Dans le cadre d’un redéploiement significatif, les forces israéliennes se sont retirées des zones clés du nord-ouest de Gaza, notamment le long de la rue Al-Rashid, du camp Al-Shati, du port de Gaza et du complexe hospitalier. Ce mouvement, qui s’inscrit dans le cadre d’une vaste opération de nettoyage après la dévastation causée lors de la phase initiale de leur incursion, marque le début d’une période plus stable dans le nord de la bande de Gaza. La construction de monticules de terre par l’armée israélienne est stratégique et vise à prévenir les attaques de snipers, à masquer la vue des lance-roquettes antichars et à garantir une mobilité plus sûre pour les soldats pendant le cessez-le-feu en cours.
Les forces israéliennes nettoient méticuleusement les secteurs de leur ligne de défense, en rasant les maisons et les tunnels qui se trouvent à l’intérieur de leur périmètre défensif. Cette action est rendue nécessaire par leur incapacité à établir un contrôle total sous des tirs constants d’une forte résistance. Les civils sont empêchés de retourner dans les zones nord où l’armée israélienne est concentrée, où elle a établi des postes de commandement et de contrôle avancés et des dépôts de munitions en préparation à une éventuelle reprise des opérations offensives. Ces fortifications font partie de la planification et des procédures militaires habituelles dans l’attente de la décision politique de poursuivre l’offensive militaire ou de se retirer en temps voulu.
Malgré le cessez-le-feu en cours, la possibilité d’une résurgence des activités de la résistance demeure, en particulier le recours à la tactique dite de « l’araignée » et à la guerre hybride, si les forces israéliennes continuent d’occuper des parties du nord de Gaza sans pacte de non-agression, ou si elles lancent de nouvelles attaques. Cependant, la décision de reprendre les combats est très complexe. Elle pose des défis importants au gouvernement du premier ministre Benjamin Netanyahou, qui subit des pressions internes pour donner la priorité à la libération des captifs et des prisonniers israéliens. La pression politique internationale en faveur d’une cessation des hostilités et d’une évolution vers une paix durable est également considérable, notamment de la part des USA et des pays européens.
Fait remarquable, pour la première fois de son histoire, l’armée israélienne a annoncé qu’elle avait limogé un commandant de bataillon et son adjoint. Cette mesure a été prise après que les officiers auraient battu en retraite à la suite d’une embuscade tendue par les Brigades Al-Qassam, l’aile militaire du Hamas, au cours d’opérations terrestres. Ce recul a été attribué à un manque de soutien aérien pour leur unité, une situation qui a conduit une proportion significative des soldats sous leur commandement à décider de ne pas reprendre le service militaire, certains refusant de se battre à Gaza. Résultat : le conflit a transformé Gaza en un champ de bataille ardu où les forces israéliennes hésitent à s’engager sans soutien aérien massif et sans nettoyage préalable de la zone. Cet incident grave constitue un moment marquant dans les opérations de l’armée israélienne, car il porte atteinte à sa réputation et fait ressortir la difficulté des opérations terrestres dans des zones de conflit complexes telles que Gaza.
Israël a récemment reconnu avoir subi d’importantes pertes dans le cadre du conflit qui l’oppose aux forces de la Résistance palestinienne. Selon les chiffres officiels, au moins 465 officiers et soldats israéliens ont été tués et 1 000 autres militaires blessés, dont 202 grièvement, 1 600 soldats étant désormais considérés comme invalides en raison des blessures subies pendant la guerre. Le conflit a également coûté la vie à quelque 5 000 civils israéliens depuis le début.
En outre, les forces d’occupation israéliennes ont signalé que des mines terrestres ont blessé récemment trois soldats pendant qu’ils effectuaient des opérations dans le nord de la bande de Gaza en cette période de trêve. Ces incidents soulignent les risques permanents et la complexité du conflit, même pendant les périodes de calme relatif. En outre, la présence de mines terrestres, qui auraient été posées par la Résistance palestinienne après le cessez-le-feu, suggère une préparation stratégique à l’éventualité d’une nouvelle agression israélienne. Cette mesure défensive indique que la Résistance est prête à réagir si les hostilités reprennent, malgré les indications actuelles selon lesquelles Israël est plus enclin à entamer des négociations prolongées. Pour Israël, l’objectif premier de ces négociations semble être d’obtenir la libération des prisonniers et des otages détenus par les factions palestiniennes.
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