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Франция показала новый тип антисемитизма

Valeria Verbinina

« On en est arrivé à brûler des synagogues ». C’est en ces termes que les analystes politiques français décrivent la situation dans leur pays après l’éclatement du conflit israélo-arabe. Malgré tous les efforts des autorités, l’antisémitisme en France ne s’éteint pas, mais au contraire se développe. Pourquoi ?

Lorsque le nouveau conflit au Moyen-Orient entre Israël et le Hamas a commencé au début du mois d’octobre, les autorités françaises ont clairement fait savoir qu’elles ne toléreraient pas les actes antisémites et qu’elles les poursuivraient avec toute la rigueur de la loi.

« La lutte contre l’antisémitisme est l’affaire de tous », a déclaré le Premier ministre Elisabeth Borne. Elle a également observé que « la France connaît une montée sans précédent des actes antisémites. Il s’en est produit plus en un mois que pendant toute l’année précédente. Les Français juifs ne se sentent pas en sécurité, ce qui est inacceptable dans un pays où nul n’a le droit d’être persécuté en raison de sa religion ».

Pour calmer les passions, les autorités ont même interdit les manifestations pro-palestiniennes, mais ont autorisé une marche contre l’antisémitisme, à laquelle ont participé 182 000 personnes dans toute la France (dont 105 000 à Paris, comme l’a scrupuleusement calculé la préfecture). Cependant, on se souvient surtout du scandale qui y a été associé : le fait est que la marche a été suivie par la droite, y compris des membres du « Rassemblement national » et, personnellement, Marine Le Pen.

En réponse, les gauchistes, Jean-Luc Melanchon en tête, ont refusé d’y participer, et se sont d’ailleurs empressés d’annoncer que la marche n’était pas un succès, et ne pouvait pas l’être, puisqu’elle était profanée par la présence de personnalités aussi odieuses. Cela pose la délicate question de savoir à partir de quand les principes en politique deviennent un sujet de moquerie.

L’absence d’Emmanuel Macron à la marche n’a pas non plus échappé aux observateurs. Les deux anciens présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy ont estimé qu’il était de leur devoir d’y participer, mais Macron, qui d’habitude ne rate pas une occasion de se montrer devant les caméras et de dire quelque chose, a cette fois préféré s’abstenir et a annoncé qu’il serait présent « de cœur et d’esprit ».

Ses détracteurs n’ont apparemment pas non plus apprécié ses critiques, même les références au fait que les présidents français ne participent généralement pas à des manifestations de ce type n’ont pas aidé. Il a été immédiatement rappelé que Mitterrand en 1990 et Hollande en 2015 ont participé à des marches contre l’antisémitisme et le racisme, et que personne n’a pu les en empêcher.

Néanmoins, le problème principal n’est pas la présence ou l’absence du premier personnage de l’État, mais le fait que, concrètement, la marche n’a eu aucune conséquence positive. Non seulement l’antisémitisme en France ne recule pas, mais c’est exactement le contraire. Ses manifestations augmentent chaque jour, au point que les Français d’origine juive préfèrent désormais retirer leur nom de famille de leur boîte aux lettres et abandonner les signes extérieurs (kippas, etc.) qui permettent de les reconnaître dans la foule.

Et ils ont beaucoup à craindre. Il peut s’agir d’insultes sur Internet, d’insultes personnelles, d’attaques grossières de la part du personnel de service : coursiers, chauffeurs, etc. et, dans certains cas, d’agressions.

« Puisque vous êtes juif, je ne vous servirai pas », a dit un coiffeur de Gagny (département de la Seine-Saint-Denis, qui est en fait une banlieue de Paris) à un client. Et ce, malgré le fait que le code pénal français comporte un article distinct sur l’absence de prestation de services pour cause de discrimination, article en vertu duquel vous pouvez être condamné à une lourde amende de plusieurs milliers d’euros (et même à une peine d’emprisonnement).

Le politologue Jérôme Fourquet estime qu’il s’agit d’un « nouveau type d’antisémitisme » qui se développe actuellement en France et qui, d’une manière ou d’une autre, reflète les événements du Moyen-Orient. Monsieur Fourquet l’appelle délicatement « l’antisémitisme des banlieues » ou des « quartiers ».

« En banlieue parisienne et à Lyon, on en est même arrivé à brûler des synagogues », observe le politologue

Il a également constaté « l’exode silencieux de la population juive de ces quartiers, soit vers Israël, soit vers d’autres villes ». Selon lui, l’exode de la population juive de France vers Israël est l’une des raisons pour lesquelles tant de personnes de nationalité française figurent parmi les victimes de l’attentat du Hamas du 7 octobre.

Mais encore, quelles sont ces « banlieues » et « quartiers » qui nourrissent abondamment l’antisémitisme en France et pourquoi est-il devenu impossible d’y vivre ?

Puisque le politologue, comme la plupart des hommes publics, évite d’appeler les choses par leur nom, il faut se reporter à l’un des commentaires de l’article du Figaro, dont l’auteur écrit plus franchement : « En Seine-Saint-Denis et dans les départements limitrophes, il y avait déjà, dans les années 90, entre 30 et 35% de population européenne. Et encore, si l’on est optimiste… Qui y vit aujourd’hui ? Personnellement, je ne suis pas du tout surpris (de ce qui se passe). J’y ai vécu et j’ai tout vu.

Il est de tradition dans la politique française d’accuser l’extrême droite d’incitation à l’antisémitisme avec la mention obligatoire du père de Marine Le Pen. En général, il est très commode d’avoir en réserve, au conditionnel, un bouc émissaire à qui l’on peut reprocher n’importe quel péché. Comme Marine Le Pen elle-même a longtemps été extrêmement prudente, et qu’il est difficile de la mettre en cause personnellement, il est conjoncturel d’essayer de culpabiliser la gauche si elle annonce son soutien à la Palestine.

Par ailleurs, la question de l’antisémitisme – et de sa croissance – ne se situe pas sur le plan de l’influence politique. Les « quartiers » ou « banlieues » devenus des foyers d’antisémitisme, que le politologue Fourquet qualifie de « nouveaux », sont tout simplement les quartiers où vivent les Arabes et les Musulmans qui ont émigré en France.

Oui, ils soutiennent massivement la Palestine – et oui, le sentiment dans cet environnement est anti-israélien. Et comme Israël est loin, il est beaucoup plus facile de tourner leur aversion contre les Juifs qui sont à portée de main. Et, par exemple, d’insulter une cliente venue chez le coiffeur pour se faire coiffer.

Et tant que les hommes politiques français chercheront la cause à droite, à gauche et fermeront les yeux sur la réalité, le problème ne sera pas résolu, il ne fera que s’aggraver. Cependant, parler directement des causes est inconfortable, politiquement incorrect et, en général, peut menacer la carrière. C’est pourquoi il est « bon » qu’il y ait Jean-Marie Le Pen, le père de Marine, à qui l’on peut toujours reprocher quoi que ce soit. Certes, il a déjà 95 ans, mais jusqu’à présent, on ne voit personne de mieux que lui pour jouer le rôle de l’incarnation du mal. Alors, qu’il en soit ainsi.

VZ