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Israël a prévenu que la guerre s’étendrait à l’ensemble de la bande de Gaza. Cela pourrait obliger d’autres nations à intervenir.

Par Zoran Kusovac
La trêve est terminée. Des négociations éprouvantes se sont poursuivies au Qatar jeudi, après qu’une maigre prolongation de la pause humanitaire, d’à peine 24 heures, a été obtenue quelques minutes avant l’expiration de la période précédemment convenue.
Mais vendredi matin, les combats ont repris, alors que la date limite de la pause expirait. L’armée israélienne a publié un communiqué indiquant qu’elle avait repris les combats contre le Hamas dans la bande de Gaza, accusant le groupe armé palestinien d’avoir violé les termes de la trêve en tirant sur le territoire israélien. Des explosions et des tirs ont été signalés dans le nord de la bande de Gaza.
L’armée israélienne préconise depuis longtemps la poursuite de la guerre. Mercredi, j’ai expliqué le raisonnement de l’état-major de l’armée : à moins qu’on ne leur dise que la guerre est terminée, ils supposent qu’elle ne l’est pas. Ils préfèrent donc la poursuivre le plus vite possible, en finir le plus vite possible, de préférence sans arrêts qui créent l’indécision et affaiblissent le moral.
Dès la décision de faire suivre les attentats du 7 octobre d’une riposte armée musclée, l’approche militaire a été défendue de la manière la plus agressive par le ministre de la défense Yoav Gallant. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a maintenu une position de faucon tout au long de la crise, mais il a préféré apparaître comme le leader général, laissant les affaires strictement militaires entre les mains de l’ancien militaire de carrière.
M. Gallant, qui était jusqu’à récemment un général d’active ayant commencé sa carrière comme commando de marine et dirigé l’invasion israélienne de Gaza en 2010, n’a pas l’habitude de mâcher ses mots. Au début de l’année, il a averti le Hezbollah qu’Israël « ramènerait le Liban à l’âge de pierre » en cas d’attaque.
Au début des opérations contre Gaza, il a qualifié les ennemis d’Israël d' »animaux humains ». Les membres de l’armée, des généraux au dernier réserviste, ne doutent guère que les propos de M. Gallant reflètent la politique officielle.
Lundi, le dernier jour de la pause initiale de quatre jours et avant l’annonce de sa première prolongation de deux jours, il a clairement exprimé ses désirs et ses intentions en déclarant à un groupe d’officiers et de soldats que la trêve ne durerait plus très longtemps : « Vous avez quelques jours. Lorsque nous reprendrons le combat, nous appliquerons la même force et plus encore, et nous nous battrons sur l’ensemble de la bande de Gaza ».
On peut supposer que M. Gallant représente et exprime la politique du cabinet israélien à l’égard de Gaza avec beaucoup plus d’exactitude et de précision que son Premier ministre, qui est en proie à des difficultés et à des difficultés et qui, de plus en plus, essaie simplement d’assurer sa survie politique.
M. Gallant veut poursuivre la guerre parce qu’il pense que l’armée sera d’autant plus efficace que les combats reprendront rapidement. Mais il est possible qu’il ait d’autres chats à fouetter : Malgré la tradition politique israélienne qui consiste à ne pas remettre en question le leadership national pendant une guerre en cours, M. Netanyahou est de plus en plus souvent interrogé par ses anciens associés, et pas seulement par ses adversaires politiques.
Il est désormais clair qu’en dépit de son obstination politique notoire, M. Netanyahou devra assumer la responsabilité non seulement de l’incapacité à empêcher l’humiliation des services de renseignement et la catastrophe sécuritaire du 7 octobre, mais aussi de son obstination à vouloir à tout prix des réformes judiciaires politiquement conflictuelles, malgré les avertissements indiquant qu’elles nuiraient au pays. Il est clair qu’Israël se débarrassera de Netanyahou dès la fin de la guerre.
En tant que membre de haut rang du Likoud, qui dirige la coalition actuelle, M. Gallant doit savoir qu’après la chute politique de M. Netanyahou, le parti aura besoin d’un nouveau chef. Les Israéliens privilégient souvent les anciens officiers, surtout s’ils ont un palmarès de réussite, et M. Gallant pourrait donc vouloir se placer en pole position pour cette course, le plus tôt étant le mieux.
Bien qu’il n’ait pas été personnellement impliqué dans les négociations, en tant que membre du cercle restreint des décideurs, il était certainement conscient de toutes les difficultés liées à la négociation d’un répit supplémentaire dans les combats.
Lundi, le ministre de la défense semblait tellement convaincu que la trêve ne durerait pas longtemps qu’il a même précisé comment se dérouleraient les nouvelles attaques : « Ils rencontreront d’abord les bombes de l’armée de l’air, puis les obus des chars et de l’artillerie et les pattes des D9 [bulldozers blindés], et enfin les tirs des combattants de l’infanterie ».
Il a également annoncé une nouvelle étape dans les combats, en déclarant qu’Israël se battrait « dans toute la bande ».
L’extension de l’invasion terrestre au sud de l’actuelle ligne d’encerclement de la ville de Gaza signifierait une dangereuse escalade. Au moins 1,8 million de personnes sur les 2,3 millions d’habitants de Gaza ont été déplacées par les bombardements israéliens, la majorité d’entre elles s’étant déplacées vers le sud.
Cela signifie que le sud est désormais tellement surpeuplé qu’il existe un risque qu’un assaut terrestre généralisé d’Israël ne laisse aux habitants de Gaza d’autre choix que d’essayer de franchir la barrière frontalière pour se rendre en Égypte.
Depuis le début du conflit, l’Égypte a prévenu qu’elle n’accepterait aucun réfugié, craignant une déstabilisation politique et des risques pour la sécurité. Si elle est confrontée à cette réalité, elle pourrait se retrouver dans le pire des scénarios et devoir recourir à la force.
Une telle intensification entraînerait presque certainement dans la guerre de nombreux groupes armés et des États qui ont jusqu’à présent fait preuve de patience, espérant une issue rationnelle.
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