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Par Elijah J. Magnier 

Les actions continues d’Israël à Gaza, que certains considèrent comme équivalentes à un nettoyage ethnique et contraires au droit international, suscitent de vives inquiétudes. Le contenu que partagent les soldats israéliens sur les médias sociaux, comme l’exécution de prisonniers et la destruction de plus de 50 bâtiments à l’aide d’explosifs, est considéré comme des preuves de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, ce qui rend la situation encore plus préoccupante. Pour leur part, les alliés de la Résistance palestinienne continuent à harceler Israël pour qu’il cesse ses opérations militaires à Gaza, qui en sont à leur 78e jour.

En cherchant des moyens de mettre fin à la campagne militaire d’Israël à Gaza et à ses plans non déclarés, la Résistance palestinienne et ses alliés ont mené des dizaines d’attaques, sans toutefois persuader les Israéliens et leurs alliés américains d’arrêter la guerre. Les amis de la Résistance palestinienne devront envisager une approche différente pour faire cesser cette guerre ou forcer les USA à intervenir positivement en faveur des enfants et des femmes de Gaza, même si cela peut être contre-productif pour la prochaine campagne présidentielle américaine. Il est difficile pour les membres de la résistance d’éviter de détourner l’attention du monde de la cause palestinienne et de maintenir le centre d’intérêt sur Gaza.

Il semble que le Hamas n’a pas pleinement prévu l’ampleur de la réaction israélienne à son attaque du 7 octobre, qui a entraîné la dévastation de Gaza et tué ou blessé plus de 70 000 Palestiniens, principalement des enfants et des femmes. Si la cause palestinienne a effectivement repris de l’importance sur la scène internationale et bénéficie d’un large soutien populaire, cela n’a pas dissuadé Israël de poursuivre ses objectifs militaires non déclarés de destruction de la bande de Gaza. Le gouvernement israélien, apparemment indifférent à l’opinion mondiale, poursuit ses opérations sans atteindre ses objectifs déclarés de libérer tous les prisonniers et de vaincre le Hamas.

Cette situation est considérée comme un problème qui met le gouvernement israélien extrémiste du premier ministre Benjamin Netanyahou et l’armée israélienne dans une position difficile. C’est un coup porté à l’image d’invincibilité de Tsahal, souvent décrite comme « l’armée la plus puissante du Moyen-Orient ». L’approche adoptée comprend des actions militaires belliqueuses dans les zones palestiniennes, sans distinction apparente entre les différents segments de la population, qu’il s’agisse d’enfants, de femmes, de personnes âgées, de professionnels de la santé, d’éducateurs, de journalistes ou de civils. De même, l’armée israélienne lance de lourdes attaques en utilisant des munitions puissantes et moins précises, qui causent des destructions massives sans précédent lors des guerres menées dans les zones civiles ces dernières décennies. Cette stratégie semble être une tentative de l’armée israélienne de réaffirmer sa force et de restaurer sa réputation, sauf qu’elle soulève d’importantes préoccupations internationales quant aux implications éthiques et juridiques des tactiques employées.

La dynamique de l’élection présidentielle américaine n’a apparemment pas réussi à dissuader le premier ministre israélien de poursuivre ce qui est perçu comme des efforts pour assurer son avenir politique. Les USA se retrouvent donc dans une position où ils se sentent obligés de soutenir Israël dans son génocide, même au risque de ternir leur réputation internationale et leur leadership mondial, en particulier en ce qui concerne la défense des droits de la personne, le respect du droit international et le soutien aux groupes opprimés, comme ils l’évoquent pour l’Ukraine.

La position américaine, y compris ses critiques à l’égard du président russe Vladimir Poutine pour des crimes de guerre présumés et sa position à l’égard de la Chine, n’a pas exercé un effet de levier suffisant pour influencer la stratégie militaire d’Israël. Mettre fin au conflit sans atteindre les objectifs déclarés d’Israël, à savoir la libération des prisonniers et le démantèlement du Hamas, est considéré comme potentiellement préjudiciable à la carrière politique de Netanyahou et à celle de son équipe ministérielle, qui comprend des personnalités extrémistes comme le ministre de la Sécurité Itamar Ben Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich. Ces ministres considèrent Netanyahou comme leur seul espoir de concrétiser leur rêve de détruire Gaza et, plus tard, la Cisjordanie, quel qu’en soit le coût humain. De plus, accusé de corruption et critiqué pour ses actions le 7 octobre (la soi-disant Nakba), Netanyahou est perçu comme ayant un intérêt personnel à poursuivre le conflit afin d’éviter les mesures juridiques et les accusations de corruption.

En conséquence, la détermination du gouvernement israélien à poursuivre la guerre est perçue comme inébranlable et toujours plus agressive, ce qui se traduit par un nombre élevé de morts, avec plus de 20 000 martyrs déclarés et 50 000 blessés, dans un conflit qui ne montre aucun signe d’apaisement.

Malgré la présence de dizaines de milliers de soldats israéliens à Gaza, la Résistance poursuit ses attaques à la roquette contre Tel-Aviv et d’autres régions du centre et du sud d’Israël. L’armée d’invasion, qui opère désormais à proximité des zones urbaines, est confrontée à des attaques continuelles qui réduisent l’efficacité opérationnelle de ses avions, de ses navires de guerre et de son artillerie.

De plus, les amis de la Résistance palestinienne tentent de soutenir Gaza. En impliquant le Hezbollah dans le conflit sur le front libanais, Israël a réussi à attirer plus directement les USA dans la mêlée. Cette implication s’est traduite par le déploiement d’un nombre important de troupes américaines à Tel-Aviv et par l’envoi d’une grande quantité de munitions. Ce soutien militaire a permis la destruction massive des deux tiers de la région nord et d’un tiers de la partie sud de Khan Younis. Dans le même temps, les USA ont positionné leur flotte navale en Méditerranée pour dissuader une éventuelle escalade du conflit par les alliés de la Résistance palestinienne.

Cependant, l’implication du Hezbollah dans le conflit n’a pas atténué les opérations militaires d’Israël à Gaza. Au contraire, Israël a réagi sur le front libanais avec une force considérable, ce qui a semé la destruction dans les villages frontaliers libanais. Malgré la limite de cinq kilomètres de profondeur à la frontière que le Hezbollah s’est imposée et a imposée à Israël, l’étendue des dégâts a été considérable. Tout au long de cette période, le Hezbollah a mis l’accent sur le soutien à la cause palestinienne, en déclarant que ses actions et ses sacrifices ne profitaient qu’à la Palestine.

Le Hezbollah aurait renforcé ses défenses frontalières avec de nouvelles armes indétectables par les systèmes radars (armes volant à basse altitude autres que les missiles de croisière qui n’ont pas encore été introduits) qui ne peuvent être interceptées par le système de défense israélien Dôme de fer. Les nouvelles armes utilisées dans cette guerre indiquent un changement dans la dynamique militaire à la frontière libanaise, ce qui pourrait modifier l’équilibre des forces et la nature des engagements à venir dans la région.

Le Hezbollah a intensifié ses tactiques en réponse au conflit en cours à Gaza. Il a notamment utilisé des missiles antiaériens et des drones suicides Shahed 136 modifiés, dotés de charges explosives plus importantes, qui ont frappé plusieurs colonies et atteint Kiryat Shmona. En outre, pour la première fois, il a utilisé des missiles antichars à guidage laser de longue portée, capables d’atteindre des cibles situées à 8 km de distance. Cette escalade dans les armes utilisées pourrait conduire Israël à intensifier sa réponse militaire, en visant éventuellement des villages du Sud-Liban proches de la zone de conflit. Toutefois, ces actions ne modifient pas l’approche d’Israël à Gaza, où les bombardements et les destructions se poursuivent sans relâche.

En réponse à cette évolution de la situation, les USA et leurs alliés ont intensifié leur présence militaire en déployant des drones armés de pointe au-dessus du Liban, notamment le MQ-9 Reaper. Il s’agit du même modèle de drone que celui qui a été utilisé pour l’assassinat ciblé du major général Qassem Soleimani et d’Abou Mahdi Al-Mouhandis à Bagdad, en Irak, en janvier 2020, signe de l’intensité accrue et de l’implication des USA dans le soutien à la banque d’objectifs d’Israël.

En outre, les forces de résistance irakiennes ont mené plus de 100 attaques contre des bases américaines en Irak. Malgré cela, les USA n’ont pas réussi à exercer une pression significative sur Israël ou à imposer un cessez-le-feu, alors même que le front de bataille s’élargissait. Au Yémen, le groupe Ansar Allah al-Houthi a lancé des drones et des roquettes sur Israël en solidarité avec la Palestine, après avoir assuré aux pays riverains de la mer Rouge qu’ils n’étaient pas ciblés. La situation a dégénéré lorsque des navires de guerre français, américains et britanniques sont intervenus et ont abattu les drones et les missiles en soutien à Israël, qui était troublé par le fait que Ansar Allah avait pris pour cible Eilat, une ville de la mer Rouge qui a vu affluer des colons déplacés des fronts du Liban et de Gaza.

Le Yémen, à son tour, a fait monter les enchères en fermant la mer Rouge aux navires israéliens et à ceux transportant des marchandises destinées aux ports d’Ashdod et de Haïfa. En réaction, les USA ont été contraints de venir en aide à Israël, en envoyant plusieurs navires sur place et en formant la coalition « Gardiens de la prospérité » avec 12 pays sous leur direction. Ce mouvement a été stratégiquement planifié afin d’éviter de donner l’impression de protéger Israël seul et de répartir le fardeau du soutien à l’effort de guerre d’Israël parmi les contribuables américains et européens.

Les objectifs de cette coalition restent plutôt ambigus, car les USA ne veulent pas élargir le conflit, en particulier pendant la campagne électorale présidentielle. La réaction des alliés de la Résistance palestinienne reste incertaine pour les USA, ce qui crée une ambiguïté quant à l’escalade potentielle à laquelle ils se préparent.

La déclaration de Netanyahou exprimant son rejet du « Hamasistan (Hamas) ou du Fatahistan (al-Fatah) à Gaza » pour gouverner Gaza après la guerre signale la poursuite de la campagne militaire dans la région, sans signes immédiats d’arrêt de la destruction de la bande de Gaza. En réponse, la Résistance palestinienne a adopté diverses stratégies, notamment en utilisant les négociations comme levier pour obtenir la libération de civils palestiniens et une cessation temporaire des hostilités. Elle a également cherché à faciliter l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza. Malgré la quantité limitée d’aide qui a atteint la bande assiégée, cette stratégie a atteint son objectif, surtout après qu’Israël ait initialement empêché l’entrée de nourriture, d’électricité, de médicaments, d’eau et d’aide internationale au cours des premières semaines de guerre.

La Résistance a également essayé d’utiliser la couverture médiatique pour faire ressortir les pertes militaires d’Israël. Toutefois, cette approche n’a pas permis de modifier de manière significative le cours du conflit ni d’influencer l’opinion intérieure israélienne pour qu’elle arrête la guerre en raison des lourdes pertes subies par l’armée. Elle a ensuite joué la carte de la mise en avant des prisonniers militaires, dont certains ont été tués par les bombardements israéliens pendant leur captivité, afin de faire pression sur Netanyahou. Si cette tactique a provoqué la colère intérieure contre le premier ministre israélien, elle n’a pas empêché la poursuite de l’action militaire israélienne.

Sur le plan international, l’utilisation par les USA de leur droit de veto aux Nations unies pour la deuxième fois suscite un mécontentement croissant, notamment en ce qui concerne les cessez-le-feu à Gaza. La position des USA, perçue comme intransigeante malgré leur isolement international, a conduit à s’interroger sur la diminution de leur influence dans le monde, un statut qu’ils cultivent depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle remet également en question le manque d’efficacité des Nations unies, où un seul pays, les États-Unis, s’oppose à tous les autres et permet à Israël de poursuivre ses massacres. 

Une possibilité inquiétante est la poursuite du dépeuplement de Gaza. Si les portes de la frontière avec l’Égypte sont ouvertes aux personnes de nationalité étrangère ou arabe, qui résident ou qui ont des parents à l’étranger, ou à celles qui cherchent à transiter vers d’autres pays, cela pourrait entraîner l’exode d’une proportion importante de la population de Gaza, qui pourrait facilement dépasser le million et demi. Vivre dans des conditions déplorables sous un bombardement sans précédent ne peut que pousser les civils à chercher refuge auprès de leur famille. Si cela se produit, Israël aura atteint certains de ses objectifs et sera encouragé à poursuivre les bombardements et la destruction de ce qui reste de Gaza. 

À la lumière de ces développements, il est clair que des mesures supplémentaires sont effectivement envisagées. La résistance irakienne a revendiqué l’envoi d’un drone au-dessus d’une plate-forme énergétique israélienne en Méditerranée, signe d’une escalade progressive possible qui devrait sûrement être suivie d’autres mesures à plus grande échelle.

Le soutien inconditionnel des USA à Israël incitera les alliés de la Résistance palestinienne à accroître la pression sur les forces américaines dans d’autres régions, comme en Irak, où ils contrôlent jusqu’ici le niveau de confrontation. Il pourrait s’agir d’une stratégie efficace pour forcer les USA qui, croit-on, peuvent influencer les actions d’Israël, à jouer un rôle plus actif pour mettre fin au conflit.

Même si les USA réussissent à empêcher le front de s’élargir, la possibilité de nouvelles mesures d’escalade graduelle demeurera toujours présente. La Résistance a indiqué qu’elle n’a pas épuisé toutes ses stratégies et qu’elle conserve un certain nombre d’options non divulguées prêtes à être déployées au fur et à mesure que la pression sur Gaza s’intensifiera. Il semble que des événements inattendus soient à prévoir, ce qui signale que les alliés de Gaza sont prêts à veiller à ce que la bande et ses habitants ne soient pas laissés seuls face à leur sinistre destin.

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