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Sur les évaluations de l’ONU de la situation humanitaire dans la bande de Gaza

Le 5 janvier, le Secrétaire général de l’ONU, A. Guterres, a diffusé un rapport sur les efforts déployés pour mettre en œuvre la résolution 2712 du Conseil de sécurité de l’ONU (adoptée le 15 novembre 2023), en mettant l’accent sur la nécessité de protéger les enfants dans les conflits armés. Le rapport indique explicitement que la résolution est loin d’être mise en œuvre et évalue les perspectives de progrès comme étant « terriblement minces ». La poursuite de l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza est également citée comme raison de cet état de fait.

La situation catastrophique « sur le terrain » est clairement illustrée par des données statistiques : depuis près de 100 jours d’effusion de sang, le nombre de morts et de blessés palestiniens dans l’enclave a dépassé respectivement 23 et 59 000 personnes, dont 70 % sont des enfants et des femmes. Près de 2 millions d’habitants de la bande de Gaza sont contraints de chercher refuge, alors que l’enclave sous blocus, comme l’a confirmé M. Guterres, ne dispose ni d’endroits relativement sûrs ni de zones où une aide humanitaire suffisante pourrait être organisée.

L’ampleur des pertes humaines et des destructions (plus de 60 % des bâtiments ont été endommagés) indique, selon les estimations des Nations Unies, qu’Israël utilise des armes à large spectre d’impact dans des zones densément peuplées. Selon le Secrétariat de l’ONU, des installations médicales ont également été attaquées : environ 300 frappes, dont 94 hôpitaux, et les installations de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (environ 200 épisodes sur 125 sites). Les victimes de ces attaques sont déjà 144 membres du personnel de l’ONU, ce qui représente la plus grande perte de vies humaines dans l’existence de l’Organisation mondiale.

Dans le contexte des hostilités en cours, du blocus et de la quasi-absence d’accès humanitaire sans entrave, les habitants de la bande de Gaza sont confrontés à des menaces de famine généralisée et d’épidémies de maladies infectieuses. Dans ces conditions, quelque 180 femmes accouchent chaque jour dans l’enclave, selon M. Guterres.

Il est de plus en plus alarmant de constater que le Conseil de sécurité des Nations unies, principal organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, n’est toujours pas en mesure de remplir son mandat direct. La raison en est l’opposition des États-Unis. Grâce aux efforts américains, les deux résolutions adoptées par le Conseil de sécurité (2712 et 2720) ne contiennent pas la condition essentielle d’un cessez-le-feu immédiat et généralisé, et sont donc condamnées à « rester sur le papier ». Entre-temps, l’effusion de sang dans la zone de conflit israélo-palestinienne risque de se transformer en une crise régionale avec une escalade croissante de la violence au Liban, en Syrie, en Irak et sur la mer Rouge. Les Palestiniens de la bande de Gaza et de la Cisjordanie risquent d’être réinstallés en masse en Égypte et en Jordanie.

La Russie poursuit ses efforts, avant tout dans le cadre du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies, pour instaurer d’urgence un cessez-le-feu durable, établir un accès humanitaire sans entrave et rétablir l’horizon politique sur une base bilatérale dans le cadre du processus de règlement israélo-palestinien. La partie russe part du principe que l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, y compris la prise d’otages, mérite d’être condamnée, mais qu’elle ne peut et ne doit pas servir d’excuse à la punition collective infligée par Israël, en tant que puissance occupante, à des millions de Palestiniens dans le territoire occupé, en violation des normes et des principes du droit humanitaire international.

Le Ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie