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Conseil de sécurité, Etats-Unis, frames américaines, mer Rouge, prolifération des risques, Yémen

Des avions de combat américains et britanniques ont lancé des frappes contre de multiples cibles dans la capitale du Yémen, Sanaa, la ville d’Al Hudaydah sur la mer Rouge et la province de Saada dans le nord du pays, vendredi 12 janvier, heure locale. La situation en mer Rouge a connu un nouveau cycle de tensions accrues et risque de s’aggraver encore.
Les frappes aériennes ont eu lieu exactement un jour après que le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution concernant la situation en mer Rouge, donnant l’impression que la résolution des Nations unies donnait le feu vert aux actions des États-Unis et du Royaume-Uni. Il convient de souligner qu’il s’agit d’une illusion. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont peut-être délibérément créé et renforcé cette illusion, mais elle est loin de la vérité. La résolution a été proposée par les États-Unis et le Japon et a été adoptée par 11 voix pour, aucune voix contre et quatre abstentions. Elle exige « que les Houthis cessent immédiatement toutes ces attaques, qui entravent le commerce mondial et portent atteinte aux droits et libertés de navigation ainsi qu’à la paix et à la sécurité régionales ». La Russie, la Chine, l’Algérie et le Mozambique se sont abstenus lors du vote.
La mer Rouge est un important canal commercial international pour les marchandises et l’énergie, et sa stabilité est liée aux intérêts communs de la communauté internationale. La Chine a souligné qu' »aucun pays ne devrait mal interpréter ou abuser des dispositions pertinentes de cette résolution pour créer de nouvelles tensions en mer Rouge ». De manière inattendue, les craintes de la Chine se sont concrétisées le lendemain. Après l’attaque, certains alliés des États-Unis au Moyen-Orient, dont la Jordanie et Oman, ont exprimé leur inquiétude quant à la possibilité que la situation devienne incontrôlable. L’Arabie saoudite, voisine du Yémen, a également appelé à éviter une escalade de la situation. L’opposition est également très forte aux États-Unis. Nabeel Khoury, ancien chef de mission adjoint à l’ambassade des États-Unis au Yémen, a déclaré sur X (anciennement Twitter) : « La campagne de bombardement des États-Unis et du Royaume-Uni au Yémen est un nouvel échec de la diplomatie de M. Biden. »
La situation actuelle dans la région est désastreuse. Le cessez-le-feu entre la Palestine et Israël n’a pas encore été conclu, et le conflit en mer Rouge ne cesse de s’aggraver et de s’étendre. Le Comité politique suprême des forces armées houthies du Yémen a déclaré que tous les « intérêts » des États-Unis et de la Grande-Bretagne étaient désormais des « cibles légitimes ». Les représailles et le harcèlement à l’encontre des États-Unis et du Royaume-Uni déclencheront un nouveau cycle d’attaques, et de multiples conflits pourraient en découler. En bref, la possibilité d’une détérioration de la situation s’est accrue et approfondie, et toutes les parties doivent faire de leur mieux pour l’éviter.
Il convient de préciser que l’évolution de la situation à ce stade est à la fois accidentelle et inévitable. Ce sont les États-Unis qui ont poussé la situation jusqu’au stade actuel, étape par étape, selon leur propre style et leur propre logique comportementale. La position biaisée des États-Unis dans le conflit israélo-palestinien a entraîné la prolongation du conflit et ses retombées. Lorsqu’ils traitent des questions relatives au Moyen-Orient, qui sont entremêlées de contradictions et présentent des latitudes historiques complexes, la stratégie des États-Unis est irréfléchie, voire grossière.
Les moyens militaires restent la méthode la plus familière, la plus préférée et la plus pratique pour les États-Unis. Elle a été utilisée en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie et maintenant contre les forces armées houthies au Yémen. Les États-Unis en sont devenus très dépendants. De nombreuses leçons sanglantes nous ont appris que la force en tant que moyen principal ne peut pas résoudre le problème, mais qu’elle ne fait qu’aggraver et compliquer la situation. En fin de compte, nous devons revenir à la voie du règlement politique. Il en va de même pour le conflit israélo-palestinien. La Chine a souligné à plusieurs reprises l’urgence de parvenir à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, et c’est la condition sine qua non pour tout le reste et une priorité absolue pour les efforts diplomatiques internationaux.
Qu’il s’agisse de la crise actuelle de la mer Rouge ou du conflit prolongé à Gaza, la véritable solution au problème a toujours été claire, à savoir la mise en œuvre immédiate d’un cessez-le-feu à Gaza. Mais pour cette exigence fondamentale, les États-Unis n’ont actuellement pas le courage de prendre des mesures de soutien. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a effectué quatre voyages au Moyen-Orient en trois mois. Il a fait tant de voyages, mais il n’est même pas capable de prononcer le mot « cessez-le-feu instantané ». Si Washington continue sur sa lancée, il ne résoudra pas le problème du Moyen-Orient, mais deviendra un promoteur actif de la prolifération des risques.
Les responsables américains de la défense ont déclaré que la frappe avait pour but d’enfiler l’aiguille, c’est-à-dire de faire pression sur les Houthis pour qu’ils cessent leurs attaques sans déclencher d’autres conflits dans cette région instable. Enfiler l’aiguille peut être considéré comme un progrès dans l’esprit des États-Unis, mais peuvent-ils y parvenir par la force ? Cela peut-il rétablir la paix dans la mer Rouge ? La réponse est évidemment non.
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