Edouard Husson -Libres Propos,

« Israël organise, sur les territoires qu’il a pris, l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre lui une résistance, qu’à son tour, il qualifie de terrorisme » (Charles de Gaulle, 27.11.1967).

Beaucoup d’événements depuis notre dernier point, il y a trois jours. Voici l’essentiel à retenir, en une petite dizaine de posts,que je vais publier tout au long de la soirée.

Israël et le droit international

• Les audiences suite à la requête sud-africaine devant la Cour Internationale de Justice feront l’objet d’un post spécifique. On regardera juste la vidéo mise en ligne par « Nouvelles de Palestine » : « Nous devrions encourager la migration volontaire et les contraindre jusqu’à ce qu’ils disent qu’ils le souhaitent. »
  Le ministre israélien de la Communication, Shlomo Karhi, a déclaré qu’Israël devrait continuer à faire pression sur les Palestiniens autochtones par la guerre et la famine jusqu’à ce qu’ils soient déplacés de force.
  Cette déclaration, démontrant une intention génocidaire, intervient seulement un jour avant les audiences de l’affaire de génocide de l’Afrique du Sud contre Israël à La Haye ».
• La Cour suprême d’Israël rejette un appel des organisations médiatiques internationales visant à permettre aux journalistes un accès indépendant à la bande de Gaza frappée par le génocide. On rappellera que plus de 100 journalistes ont été victimes de tirs israéliens intentionnels dans le territoire de Gaza depuis le début du conflit.

– Tant de morts Palestiniens pour un échec stratégique israélien !
Au 99è jour de guerre, le décompte officiel du gouvernement de Gaza est de 24 000 tués et 60 000 blessés parmi les Palestiniens de Gaza.
Face à ce terrible bilan, il vaut la peine de lire le long article d’opinion publié par Haaretz sous la plume d’Amos Harel. Je ne traduis que le début :
»Près de 100 jours après le début de la guerre contre le Hamas – la date officielle est dimanche prochain – il est clair qu’Israël est encore loin d’avoir atteint ses objectifs déclarés dans cette campagne.
L’attaque terroriste meurtrière du 7 octobre, avec les terribles échecs qu’elle a révélés dans la communauté du renseignement, le concept défensif des Forces de défense israéliennes et la lenteur avec laquelle l’armée est venue en aide aux communautés situées de l’autre côté de la bande de Gaza, a gravement secoué le pays. Il en est résulté la formation d’un consensus exceptionnellement large sur la nécessité de porter un coup fatal au Hamas.
La conquête de la partie nord de la bande de Gaza et l’extension de l’opération à ses parties centrale et méridionale ont certes infligé des dommages considérables au Hamas – et entraîné des souffrances humaines extrêmes pour l’ensemble de la population de la bande de Gaza – mais Israël n’est pas près de remporter une victoire décisive, et il lui sera également difficile d’y parvenir à l’avenir dans les circonstances qui ont été créées ».

Malgré les pressions israéliennes et américaines, les pourparlers avec l’Egypte sur la mise en place de caméras de surveillance le long du « couloir de Philadelphie » (qui sépare l’Egypte de la bande de Gaza) sont au point mort.

Violences israéliennes contre la population de Gaza :

• La tenue des audiences à La Haye n’a pas dissuadé l’armée israélienne de continuer ses massacres à Gaza. Les décès et les blessures graves parmi les civils se sont comptés encore, ces jours-ci, par centaines. (plus de cent morts et plus de 300 blessés ce 12 janvier)
• L’hôpital Al Aqsa de Deir Al Balah, au centre de la bande de Gaza, est complètement privé d’électricité en raison du manque de carburant nécessaire au fonctionnement des générateurs. En réalité, aucun hôpital de la bande de Gaza ne peut fonctionner correctement.
• Mercredi 10 janvier : Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé la mort de six personnes, dont quatre de ses secouristes, dans une frappe sur une ambulance dans le centre de la bande de Gaza qu’il a attribuée à l’armée israélienne.
• 10 enfants ont été tués par les bombardements d’Israël à Rafah, jeudi 11 janvier, au sud de la bande de Gaza, zone frontalière avec l’Égypte que Tel-Aviv prétendait être une zone sûre. La veille, un bombardement israélien a fait 40 morts dans une maison à proximité de l’hôpital Al Aqsa classée comme « sûre » sur la carte de l’armée israélienne. Les ONG et les services sanitaires sont de plus en inquiets sur les risques de famine. Il entre chaque jour à Gaza quelques centaines de camions là où il en faudrait au minimum 1300.

– Combats à Gaza

En ce qui concerne les combats contre la Résistance Palestinienne à Gaza, Tsahal continue à essuyer des pertes dans le nord du territoire de Gaza (plusieurs dizaines de tués/blessés par jour) même si les combats ont baissé d’intensité dans cette partie de la Bande.
Visiblement, l’armée israélienne fait porter, depuis mercredi 10 janvier l’essentiel de son effort sur Khan Yunis. Les dirigeants israéliens sont convaincus que « le commandement du Hamas » s’y trouve. Les affrontements entre soldats israéliens et combattants palestiniens sont très durs.
L’armée israélienne communique sporadiquement sur des entrées de tunnels découvertes, des arsenaux de la Résistance palestinienne confisqués. Mais on constate que les tirs palestiniens de roquettes depuis la bande de Gaza continuent quotidiennement.

-Jérusalem
Jeudi 11 janvier des Juifs israéliens ont, comme le gouvernement israélien l’encourage chaque semaine depuis des mois, envahi l’esplanade des mosquées. Pas grand monde en France ne veut voir que les provocations sur l’esplanade des mosquées vis-à-vis des fidèles musulmans ont été un facteur essentiel du déclenchement de la guerre du 7 octobre. Depuis le début de la guerre on a relevé de nombreux graffitis/tags de soldats israéliens annonçant sur les ruines de Gaza que l’objectif ultime était la reconstruction du Temple à son emplacement ancien – donc la destruction de la mosquée El-Aqsa et du Dôme du Rocher. L’armée israélienne a déjà détruit 90 mosquées à Gaza.
Ce vendredi 12 janvier, l’accès à l’esplanade des mosquées a été de nouveau rendu quasi-impossible pour les Palestiniens musulmans de Jérusalem. Comme les vendredis précédents, la police et l’armée israélienne ont procédé violemment contre les récalcitrants. C’est l’occasion de rappeler qu’il n’y aura pas de paix en Israël sans libre accès à tous les lieux saints pour les chrétiens et les musulmans.
Le harcèlement des habitants arabes de Jérusalem, chrétiens ou musulmans, continue. Les forces israéliennes ont pris d’assaut, mercredi 10 janvier au soir plusieurs maisons du quartier de Ras al-Amoud et du quartier de Shiyah dans la localité de Silwan, au sud de la mosquée Al-Aqsa.

– La guerre a lieu aussi en Cisjordanie même si les médias subventionnés français n’en parlent pas :

Je donne en exemple la nuit de mercredi 10 à jeudi 11 janvier :

+Les forces israéliennes ont pris d’assaut El-Bireh près de Ramallah, avec au moins un blessé palestinien grave.
+Tubas (nord de Naplouse). L’armée israélienne a pris d’assaut le camp d’Al-Faraa.

• Les forces d’occupation israéliennes ont arrêté un prisonnier libéré après avoir pris d’assaut son domicile dans la ville d’Anabta, à l’est de Tulkarem.
• A Qalqilya, il y a eu des affrontements entre résistants et forces d’occupation dans la ville.
• C’est à Jénine qu’ont eu lieu les confrontations les plus dures. L’armée israélienne a attaqué plusieurs maisons. Elle a arrêté deux jeunes hommes soupçonnés d’être des « terroristes » après avoir pris d’assaut leur domicile dans le quartier d’Al-Sharqiya.
  Des bulldozers ont opéré des destructions des infrastructures du quartier oriental de Jénine.
  A l’aube du 11 janvier, des résistants ont fait exploser une bombe sur un véhicule militaire israélien. Les forces d’occupation se sont ensuite retirées de Jénine après avoir procédé à six arrestations.
• A Bethléem, l’armée israélienne a arrêté arbitrairement un jeune homme du camp de Dheisheh.
  ° A Jericho, des forces spéciales israéliennes ont pénétré dans le camp d’Aqaba Jabr.

Mentionnons aussi que, dans la soirée du jeudi 11 janvier, des combats particulièrement violents ont eu lieu à Tulkarem et dans les environs entre Tsahal et la Résistance Palestinienne.
Vendredi 12 janvier Un groupe armé a infiltré la colonie « Adora », à l’ouest d’Hébron, obligeant les habitants à se barricader dans leurs maisons durant plusieurs heures.

– Frontière nord

Les affrontements ont continué, par bombardements interposés, entre l’armée israélienne et le Hezbollah. Leur intensité a été irrégulière. Plusieurs raisons peuvent être invoquées : d’une part les destructions de la base radar de Meron ont été plus importantes qu’initialement rapporté ; d’autre part le Hezbollah démontre quotidiennement sa capacité de nuisance pour viser les colonies juives de Galilée (.Jeudi 11 janvier, le Hezbollah a visé avec de multiples roquettes la colonie israélienne de Kiryat Shmona)

L’envie est forte, pour Tel-Aviv, de basculer dans une guerre de haute intensité avec le Hezbollah (la menace de transformer Beyrouth en un »nouveau Gaza » a été entendue plusieurs fois) ; mais, c’est le point essentiel, Américains et Iraniens ont des canaux officieux pour éviter l’escalade entre leurs protégés respectifs

– Les Anglo-Américains bombardent le Yémen Libre (territoires sous la souveraineté d’Ansarallah).

Mercredi 10 janvier : Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté un projet de résolution américain condamnant les attaques des Houthis contre des navires en mer Rouge.
11 pays ont voté en faveur de la résolution du Conseil de sécurité, tandis que quatre se sont abstenus : la Russie, la Chine, l’Algérie et le Mozambique. Le point de vue russe : « Le massacre de Gaza doit cesser car il constitue la principale raison de la situation en mer Rouge.»
Comme s’ils avaient été mandatés par le vote du Conseil de Sécurité, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne (soutenus par l’Australie, le Canada, les Pays-Bas et Bahrein) ont déclenché (sans consulter leurs parlements respectifs), dans la nuit du 11 au12 janvier des frappes contre la Résistance Yéménite (Ansarallah).
(Après le début des attaques, le site du ministère néerlandais de la Défense a été la cible d’une attaque informatique).
Des centaines de milliers de Yéménites ont manifesté à Sanaa le 12 janvier dans la journée.
La Russie et la Chine ont fermement condamné l’agression anglo-américaine. L’Arabie Saoudite a appelé les USA à de la retenue.
Néanmoins Arabie Saoudite, Qatar et Emirats Arabes Unis ne se sont pas opposés à l’utilisation de leurs espaces aériens respectifs par les Etats-Unis – à la différence du sultanat d’Oman.
Une deuxième salve a eu lieu dans la nuit du 12 au 13 janvier. Et une attaque limitée dans l’après-midi du 13 janvier.
Un long article dans le Wall Street Journal fait douter de l’efficacité des frappes. D’autres sources indiquent que les USA avaient informé Ansarallah ) l’avance des cibles visées. L’Iran avait visiblement été informé à l’avance des frappes et avait retiré ses navires de Mer Rouge
En réponse aux frappes américaines, Ansarallah a annoncé interdire désormais le détroit de Bab-El-Mandeb aux bateaux commerciaux britanniques ou américains.
On parle d’un navire de guerre américain touché, d’un avion américain et un avion britannique abattus, mais sans confirmations.
Le résultat des frappes anglo-américaines est contre-productif : plusieurs compagnies maritimes ( Hafnia Shipping Company, Stena Bulk, Torm) ont annoncé ne plus vouloir emprunter la Mer Rouge .
Volvo Cars va suspendre la production de son usine de Gand , en Belgique , pendant trois jours la semaine prochaine en raison de retards causés par la situation sécuritaire en mer Rouge , a annoncé vendredi l’entreprise. Tesla a annoncé une interruption de la production sur son site allemand pendant une dizaine de jours en raison de l’allongement des délais d’acheminement.
L’Iran a arraisonné un pétrolier au large d’Oman. Peu d’informations sont connues sur l’événement.

– Irak, Syrie.
Les attaques de la Résistance irakienne contre des cibles américaines et israéliennes continuent quotidiennement.
Selon des sources d’Al-Mayadeen, la Résistance islamique en Irak a mené deux opérations contre des cibles israéliennes le 12 janvier.
Une frappe a touché un site vital de Tsahal à Eilat, le mettant hors service.
La seconde attaque visait un centre de contrôle près du « Jordan Park » (près du plateau du Golan occupé) lié à l’espionnage et à la collecte de renseignements.
Une précédente attaque de drone, à la veille du nouvel an, à Erbil, aurait tué 3 officiers du renseignement militaire israélien et en aurait blessé 4 autres. Tous les agents israéliens impliqués détenaient des passeports américains.